Le Commandement central américain (CENTCOM) a annoncé que deux militaires américains et un civil avaient été tués, et trois militaires blessés, lors d'un affrontement avec un tireur isolé du groupe État islamique en Syrie le 13 décembre dans la région de Palmyre, dans le gouvernorat de Homs.

L’assaillant aurait tenté de rejoindre une salle de réunion dans l’état-major dépendant de la Sureté générale (ministère de l’Intérieur) à Palmyre. Mais il se serait heurté à l’entrée à des sentinelles américaines et à un interprète. Après avoir ouvert le feu, il se serait fait exploser vraisemblablement avec une ceinture explosive.
Des hélicoptères ont évacué les blessés vers la base américaine d’al-Tanf située près des frontières jordanienne et irakienne. Des troupes américaines y sont stationnées aux côtés des forces de la 70ème division de l’armée syrienne, connue jusqu’en janvier 2025 sous le nom d’« Armée des commandos de la Révolution » (issue de l’« Armée syrienne libre »), formation appuyée par les États-Unis dans un premier temps pour lutter contre le régime de Bachar el-Assad avant de se tourner contre les groupes salafistes-jihadistes.

La zone de Palmyre est principalement sous le contrôle de la 70ème division. Malgré l’intégration de l’ASL au sein du ministère syrien de la Défense, ce groupe continue de contrôler de vastes portions du désert central de la Syrie : la Badiya.

Selon les autorités syriennes, l’assaillant aurait rejoint dès sa création en 2014 le groupe État islamique travaillant dans la sécurité de l’hôpital al-Ain à Alep. Il s’est ensuite rendu à Raqqa, puis, après sa chute en 2017 sous les coups de la coalition des Forces démocratiques syriennes appuyées par les forces spéciales US, dans la région de Homs-Badiya. Après la chute du régime, il a rejoint Idlib avec un groupe de membres de l’EI où il a intégré la Sûreté générale qui l’a affecté à Palmyre.

Après l’action terroriste, les services de renseignement syriens en collaboration avec les forces américaines ont arrêté six membres présumés de l’EI infiltrés au sein de la Sûreté générale. Ils sont suspectés avoir coordonné l’opération avec l’assaillant. Ces six personnes appartenaient à la même cellule jihadiste qui l’avait suivi à Idlib.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Noureddine al Baba, a déclaré qu’une enquête datée du 10 décembre concernant l’auteur de l’attaque indiquait qu’« il pourrait nourrir des idées extrémistes.» Il a ajouté qu’une décision devait prise contre lui le lendemain de l’attaque qui a eu lieu un jour férié.

Il y aurait de nombreux islamistes radicaux présents au sein des forces de sécurité syriennes. Le nouveau pouvoir tente de faire le tri entre les ex-activistes jihadistes forcenés et ceux qui servent loyalement le nouveau. Le président Ahmed al-Charaa n’a pas les moyens de les soumettre car il a besoin de troupes dont la majorité a mené la guerre contre l’ancien régime syrien.
Sa coopération avec le président Donald Trump rend furieux, non seulement les restes du groupe État islamique encore dans la nature, mais aussi des membres de ses propres forces de sécurité. De plus, l’adhésion récente de la Syrie à la coalition internationale anti-Daech constitue un autre facteur d’exacerbation des tensions. Sa propre sécurité est en jeu car il risque à tout moment d’être assassiné de l’intérieur.
Plus que jamais, al-Charaa a besoin d’élargir ses forces militaires aux Kurdes et à d’autres minorités comme les Druzes(1). Mais pour l’instant les négociations s’éternisent quand le ton n’est pas à l’affrontement(2).

Cette action terroriste est la première ciblant directement des Américains en Syrie depuis la chute du régime en décembre 2024. Pour eux, c’est également la première attaque meurtrière depuis 2019.
Mais ce type d’action n’est pas une nouveauté, les forces de la coalition qui combattaient en Afghanistan et en Irak ayant fréquemment eu à faire face à des attaques de membres des forces de sécurité locales. Elles étaient surnommées : « green on blue. »
Il est probable qu’il y en aura d’autres.

(1) Voir : « Accord entre Damas et les minorités Kurdes et Druzes » du 12 mars 2025.

(2) Voir : « Israël maintient sa pression sur la Syrie » du 29 août 2025.