Alors que la guerre entre dans sa quatrième année, l’Ukraine et la Russie sont toutes deux confrontées à des conditions de combat qui limitent considérablement l’emploi des chars. Selon plusieurs spécialistes de la guerre en Ukraine, et plus particulièrement du combat blindé, les forces blindées russes et ukrainiennes sont équivalentes en nombre et elles sont devenues très faibles. Il est dit que la majorité des unités de chars de combat opère avec une poignée seulement de blindés. Au lieu des 30 ou 40 chars par bataillon, qu’il soit ukrainien ou russe, on ne compterait plus que 5 ou 6 blindés aptes au combat, voire 2 ou 3 dans certaines unités !

Les commandants de chars sont donc de plus en plus prudents à les employer, les réservant uniquement pour des missions jugées comme décisives ou de dernier recours. En effet, selon les états-majors des deux belligérants, les unités blindées continuent à envoyer plusieurs chars à l’avant pour « montrer à l’infanterie qu’elle a du soutien ». Et ces chars précieux sont souvent perdus dans ce type d’action.

À cette forte attrition, il faut ajouter l’énorme menace posée par les drones. Leur emploi généralisé, tant pour la reconnaissance, le ciblage et les attaques directes, a transformé les zones de combat et les arrières en environnements à haut risque pour tout mouvement blindé. En effet, tout déploiement de chars est repérable, donc vulnérable, jusqu’à dix kilomètres en arrière de la ligne de front. Selon l’état-major ukrainien : « La saturation des drones, la surveillance persistante et la reconnaissance approfondie constituent désormais les principaux défis pour les équipages de chars. Le blindage seul ne garantit plus la survie dans un espace de combat constamment balayé depuis les airs. » D’autant que les notions de ligne de front, de zone tenue et de zone arrière n’ont plus grand sens à cause des drones.

L’Ukraine a commencé la guerre avec environ 800 chars en service et 600 autres en réserve. Selon les spécialistes, cette dernière n’a jamais eu plus de 1 500 chars opérationnels en même temps et, pire, aujourd’hui, seul un tiers — pour certains un cinquième seulement — sont prêts au combat. La Russie aurait perdu près de 4 000 chars depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022 et l’Ukraine près de 2 300. Fait nouveau, le taux de perte tend à s’équilibrer ; les Ukrainiens perdraient désormais presque autant de chars que les Russes. La faute aux drones.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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