Daech via sa province de l’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP, Islamic State West Africa Province) a déclaré le17 novembre avoir capturé puis exécuté le brigadier-général nigérian M. Uba, une affirmation que l'armée nigériane a niée dans un premier temps.

Selon une déclaration de l’« agence de presse » Al Amaq, cet officier général qui commandait la 25ème task force brigade a été tué à la suite de sa capture lors d’une embuscade menée près de Wajiroko dans l’État de Borno. Deux autres militaires et deux membres de la force opérationnelle conjointe civile (CJTF) auraient été tués lors de cette opération.

Il semble que l’officier général participait à une opération de sécurisation appuyée par l’aviation dans la région quand il est tombé dans une embuscade au cours de laquelle il a été blessé à la jambe avant d’être capturé par les assaillants.
Le commandant du théâtre d’opérations de la Force opérationnelle conjointe (Nord-Est) Opération HADIN KAI (OPHK), le major-général Abdulsalam Abubakar, qui venait de recevoir des représentants d’organisations humanitaires présentes sur zone c’est redu sur place pour tenter de coordonner une opération de sauvetage qui s’est avérée vaine.

L’ISWAP, est l’une des deux branches principale de Boko Haram, un mouvement salafiste-jihadiste qui combat le pouvoir d’Abuja depuis 2009 (2015 pour l’EI.)
Cette insurrection jihadiste est une véritable guerre qui implique non seulement le Nigéria mais aussi le Cameroun, le Tchad(1) et le Niger qui a provoqué la mort d’au moins 52.000 personnes et le déplacement d’au moins de deux millions de civils. Ces chiffres sont vraisemblablement sous-évalués.

En dehors des massacres de civils – particulièrement des chrétiens -, l’ISWAP a les ressources nécessaires pour s’attaquer directement aux forces de sécurité nigérianes. Depuis le début 2025, le groupe s’en est pris des dizaines de fois à l’armée s’emparant à plusieurs reprises de postes militaires, tuant ses occupants et récupérant armes, munitions et véhicules.

Ainsi, l’ISWAP a frappé en mai des avant-postes à Gajibo, Buni Gari, Marte, Izge et Rann et lancé un assaut sur la base commune Nigeriane-Camerounaise à Wulgo et Soueram au Cameroun.
D’autres attaques cette année ont frappé Malam Fatori, Goniri, Sabon Gari, Wajiroko et Monguno, entre autres.

L’autre faction, l’Avant-garde pour la Protection des Musulmans en Afrique noire – Jama’atu Ansaril Muslimina fi Biladis Sudan – ou JAS, qui s’oppose à l’ISWAP a de plus en plus recours à l’attaque de civils accusés de collaboration avec les autorités et tire des revenus de vols et d’enlèvements avec rançon.
Les forces nigérianes sont souvent accusées de bavures dont des bombardements aériens de civils.

En dehors du fait qu’il n’y a pas de raison que ce conflit se termine à court ou moyen terme, force est de constater que les deux grandes organisations salafistes-jihadistes que sont Al-Qaïda et le groupe État Islamique continuent à progresser sur le continent africain via leurs « provinces » extérieures.
Elles profitent de la faiblesse des moyens des gouvernants, dont une partie rejette l’aide occidentale au profit d’un soutien russe qui se révèle peu à peu éphémère, de la ressource humaine croissante au sein des jeunesses locales qui n’ont aucune perspectives de débouchés sociaux et surtout par le fait que l’idéologie islamique radicale est la seule à proposer des « solutions » jugées comme « révolutionnaires ».

(1) Voir : « Tchad : attaque de jihadistes » du 29 octobre 2024