Qu’est-il reproché à Maduro ?
Maduro est inculpé depuis 2020 par la justice américaine de « narcoterrorisme » et trafic de drogue.
Trump, dont les démêlés avec Maduro remontent à son premier mandat de président, accuse le dirigeant vénézuélien d’être un acteur clé du trafic international(1) de drogues qu’il a désigné comme une priorité absolue de son administration.
Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche interrogée sur le déploiement de forces américaines à proximité du Venezuela a déclaré : « le président Trump a été très clair et cohérent […] Il est prêt à utiliser toute la puissance américaine pour empêcher l’afflux de drogue dans notre pays et traduire les responsables en justice. Le régime Maduro n’est pas le gouvernement légitime du Venezuela. C’est un cartel narcoterroriste dirigé par Maduro. Cette administration considère qu’il n’est pas un président légitime. Il est le chef fugitif de ce cartel, inculpé aux États-Unis pour trafic de drogue. »
Dans les fait, lui et 14 autres personnes dont plusieurs de ses proches ont été inculpées au niveau fédéral nord-américain de narcoterrorisme et de compromission avec le groupe insurgé colombien des FARC en vue d’importer de la cocaïne aux États-Unis.
William P. Barr, alors procureur général des États-Unis avait affirmé : « pendant plus de 20 ans, Maduro et plusieurs de ses collègues de haut rang auraient conspiré avec les FARC, provoquant l’entrée de tonnes de cocaïne et dévastatrices dans les communautés américaines. »

À l’époque, les États-Unis avaient offert une première récompense de 15 millions de dollars pour son arrestation. Elle a ensuite été portée à 25 millions de dollars puis au début du mois d’août 2025 à 50 millions de dollars.
Dans le cadre d’une autre action contre les cartels de la drogue latino-américains, Trump a désigné en février 2025 le Tren de Aragua (Trún de Aragua) vénézuélien, le MS-13 salvadorien et six groupes basés au Mexique comme « organisations terroristes étrangères(2). En clair, les forces armées américaines peuvent être engagées dans cette guerre contre les nacotrafiquants – considérés comme des terroristes – comme elles l’ont été contre Al-Qaida puis Daech.
Les opérations militaires US : une simple démonstration de force ?

Les destroyers USS Gravely, l’USS Jason Dunham et l’USS Sampson, devraient arriver à la limite des eaux territoriales vénézuéliennes ce week-end.
Un responsable américain qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat à l’agence Reuter, a déclaré que des moyens militaires supplémentaires seraient déployés sur zone dont plusieurs avions de patrouille maritime P-8, des navires de guerre et au moins un sous-marin d’attaque. Le processus durerait plusieurs mois et qu’il était prévu que ces appareils opèrent dans l’espace aérien et les eaux internationales.
Plus inquiétant, selon la même agence, les moyens navals « peuvent être utilisés non seulement pour mener des opérations de renseignement et de surveillance, mais aussi comme rampe de lancement pour des frappes ciblées si l’ordre en est donné. »

En même temps, selon le site Task & Purpose (T&P), le groupe amphibie Iwo Jima (ARG) et la 22e unité expéditionnaire des Marines (MEU) « ont quitté la base navale de Norfolk le 14 août. La force comprend plus de 4.500 marins et Marines sur trois navires : le navire d’assaut amphibie de classe Wasp, l’USS Iwo Jima, et les navires de transport amphibie de classe San Antonio, l’USS San Antonio et l’USS Fort Lauderdale. »

L’US Navy a initialement décrit ce mouvement comme un « déploiement régulier » mais la presse a rapporté que l’Iwo Jima se dirigeait vers le sud des Caraïbes dans le cadre de la lutte anti-drogue.
Mais son déploiement a été interrompu lorsque l’ouragan Erin qui l’a contraint à retourner à Norfolk.
Sont-ce les prémices d’une intervention au Venezuela ?
En réponse, Maduro a annoncé lundi le déploiement prévu de plus de 4,5 millions de miliciens à travers le pays. Il s’agit de volontaires désignés pour renforcer la défense des forces armées contre les attaques extérieures et intérieures.
Il a déclaré : « L’empire est devenu fou et a renouvelé ses menaces contre la paix et la tranquillité du Venezuela. »

Le chiffre de 4,5 millions de mobilisés est très exagéré le pouvoir n’ayant pas les moyens de les armer correctement. Celui de 500.000 semble plus réaliste.
Ces miliciens viendraient s’ajouter aux quelques 125.000 militaires actuellement sous les drapeaux.

Le Venezuela est le pays le plus armé d’Amérique latine avec trois batteries anti-aériennes S-300VM, au moins 20 batteries Buk-M2 et Tor-M1, ainsi que des patrouilleurs et des vedettes rapides équipées de missiles antinavires, et environ 20 chasseurs Su-30MK2 et 18 F-16.




Le problème pour Maduro est qu’il pourrait subir le même sort qu’Assad car personne ne veut se battre pour lui. C’est-à-dire être chassé de l’intérieur.
En effet, si Trump augmente un peu plus la prime de 50 millions de dollars, il n’est pas impossible que son entourage ne soit tenté par la récompense.
Les pays voisin, le Brésil, la Colombie et le Guyana(3) sont plus ou moins en conflit avec lui et n’interviendront pas en sa faveur.

Si la nature de la réponse militaire américaine reste encore inconnue, le déploiement d’un ARG et de destroyers lance-missiles envoie un signal très fort à Maduro.
Si Trump en donne l’ordre, le Pentagone pourrait mener des frappes aériennes, interdire des expéditions ou même déployer un nombre limité de troupes au sol depuis les eaux internationales dans l’urgence.
Mais pour l’instant, chacun montre ses muscles…
(1) Voir : « Venezuela : relations troubles avec entre le pouvoir et le crime organisé » du 2 février 2024.
(3) Voir : « risque d’invasion du Guyana par le Venezuela » du 30 novembre 2023.