Le Brésil a déclaré par la voie de son ministère de la défense a déclaré le 29 novembre qu’il « a intensifié les actions défensives » le long de sa frontière nord alors qu'il surveille un différend territorial entre ses voisins, le Guyana et le Venezuela. En clair, les forces brésiliennes auraient été placées en état d’alerte en raison de mouvements militaires vénézuéliens vers la frontière avec le Guyana.

Brasilia estime que le Venezuela pourrait bientôt envahir l’ouest du petit pays sud-américain.  afin d’annexer la région « Guayana Esequiba » revendiquée depuis de très nombreuses années. Cette partie représente plus de 60% du territoire national du Guyana.

Il convient de rappeler que le Surinam a lui aussi des visée sur le sud-est du Guyana.

Les revendications du Venezuela sur le Guayana Esequiba (comme du Suriname pour le Tigri) sont historiques.

Mais depuis 2015, le Guyana a découvert d’importantes réserves de pétrole dans les régions revendiquées par le Venezuela et a offert à Exxon Mobil de les exploiter. Les raisons d’une éventuelle intervention vénézuéliennes sont donc aussi économiques et politiques.

En effet, à l’intérieur, Nicolás Maduro exploite cette affaire pour raviver le sentiment patriotique afin de faire face à son impopularité croissante et à une opposition qui se renforce de jour en jour.

Sur le plan historique, le Guayana Esquiba est un territoire forestier de 150.000 kilomètres carrés qui a appartenu au Venezuela jusqu’au XIXème siècle. Les Britanniques ont pris le contrôle de la colonie aux Néerlandais et ont décrété la naissance de la Guyane britannique en 183. Le Venezuela commençait à peine à sortir de luttes internes et était trop faible pour s’y opposer. Les Anglais ont alors encouragé le repeuplement de la région par des indigènes guyaniens.

Après des négociations infructueuses, le Venezuela et la Grande-Bretagne ont présenté le cas devant  justice internationale et le tribunal arbitral de Paris de 1899 a rendu un jugement en faveur des Anglais.

Le territoire deviendra indépendant le 26 mai 1966 et prendra le nom de République coopérative du Guyanaen 1970. Il faudra attendre la Constitution du Guyana de 1980 reformulée en 1996 pour que l’inclusion de la Guayana Esequiba au sein du territoire guyanien soit officielle.

Le Venezuela pour sa part a déclaré dans l’article 10 de sa propre constitution de 1999 que « Le territoire et les autres espaces géographiques de la République sont ceux qui correspondent à la Capitainerie Générale du Venezuela avant sa transformation politique initiée le 19 avril 1810, incluant les modifications résultant des traités et arbitrages non frappés de nullité ». Comme d’autres, il se donne donc une « légitimité historique » pour intervenir et rétablir ses « droits ».

En octobre 2023, Nicolás Maduro a lancé l’organisation au Venezuela un référendum qui doit se tenir le 3 décembre. Il vise à annexer le territoire du Guayana Esequiba revendiquant « les droits inaliénables du Venezuela et de son peuple sur le territoire  ».

Georgetown tente de s’opposer ce référendum en déposant une motion auprès de la Cour internationale de Justice de La Haye qui devrait statuer le 1erdécembre. Caracas a déjà prévenu qu’il passerait outre.

Cette décision a considérablement accru les tensions diplomatiques entre les deux États suscitant des inquiétudes quant aux conséquences militaires.

L’ambiance mondiale est actuellement déstabilisée, les conflits éclatant parfois là où on ne les attend pas car différents acteurs profitent de l’affaiblissement de l’Occident pour régler des comptes laissés en suspens pendant des années (Russie-Ukraine, Hamas-Israël, Continent africain, Azerbaïdjan-Arménie, etc.).

Le Venezuela pourrait effectivement jouer sur ce fait pour se Lancer dans une aventure militaire.

Il est évident que le Guyana, petit pays peuplé de 800.000 âmes ne fait pas le poids militairement face au Venezuela de 28 millions d’habitants doté d’une puissante armée de 230.000 militaires bien équipés.

Seul problème pour Caracas, c’est que Georgetown a deux alliés de poids : le Brésil et le Canada. De plus, le Guyana fait partie du Commonwealth. Et surtout, les États-Unis seraient obligés d’intervenir car ils ne peuvent tolérer que le régime de Maduro considéré comme « ennemi » puisse mener une telle action déstabilisatrice dans ce qu’ils considèrent comme leur « pré-carré ».

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Texte

Alain Rodier