Les Nations Unies et de nombreux pays ont immédiatement condamné cette attaque.
Le Hezbollah a aussi « condamné fermement le lâche attentat terroriste à la bombe qui a visé une foule de fidèles (…) dans l’est de Damas, et qui a fait des martyrs et des blessés ». Mais le parti chiite a également qualifié l’EI de groupe « satanique américano-sioniste. »
La sécurité est l’un des plus grands défis pour les nouvelles autorités syriennes à qui la communauté internationale demande de protéger les minorités tout en les incluant dans le processus de transition.
Pour le ministère syrien des Affaires étrangères, « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays. »
Selon le ministre de l’Intérieur Anas Khattab, « ces actes terroristes n’arrêteront pas les efforts de l’État syrien pour parvenir à la paix civile ». M. Khattab avait déclaré récemment que le groupe État islamique (EI ou Daech) avait décidé de lancer « des attaques précises contre des cibles stratégiques » et annoncé que des tentatives d’attentat du groupe jihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et musulmane chiite avaient été contrecarrées.
La revendication
Le 24 juin, l’action terroriste attribuée la veille à Daech par les autorités syriennes a finalement été revendiquée sur telegram par le « Saraya Ansar al-Sunnah », un groupe jihadiste fondé après la chute de Bachar el-Assad qui se dit indépendant de l’EI.
Le communiqué affirme qu’un de ses membres a « fait exploser l’église Mar Elias dans le quartier de Dwela à Damas » après « une provocation » sans donner plus de détails.
L’émir syrien de ce groupe serait Abou al-Fath al-Shami originaire d’Al Hajar al-Aswad, un ancien bastion de l’EI du sud de Damas. Le kamikaze tué et un complice arrêté avant de passer à l’action seraient des anciens détenus du camp d’al-Hol encore géré par les Forces démocratiques syriennes (FDS) kurdes. Cette structure accueille encore plus de 30.000 prisonniers dont des combattants étrangers et parfois leurs familles.

Le « Saraya Ansar al-Sunnah » est un groupe salafiste-jihadiste présent en Syrie et au Nord-Liban qui se décrit comme anti-chiite, anti-alaouite, anti-druze et anti-chrétien.
Il aurait été créé le 1er février 2025 par le jihadiste, ancien du Hourras al-Dine (la branche syrienne d’Al-Qaida officiellement dissoute le 28 janvier 2025), Abou Aisha al-Shami qui rompu avec le Hayat Tahrir al-Cham (HTC) qu’il trouvait trop indulgent envers les chiites et les alaouites.
Pour marquer son existence, le même jour, ce nouveau groupe a revendiqué la responsabilité d’une attaque qui a tué douze Alaouites à Arzah al Dabaa dans le gouvernorat d’Hama et cinq anciens membres de la sécurité baasiste à Tell Dahab dans le gouvernorat d’Homs.
Le groupe serait constitué de plusieurs groupuscules autonomes présents dans plusieurs régions de Syrie et au Liban. Ils se livreraient à des actions violentes contre ses ennemis désignés mais, pour l’instant, les activistes ne s’en prendraient pas (encore) aux représentants du nouveau pouvoir pourtant défini comme « apostat » par le chef militaire du groupe, Abou al-Fath al-Shami.
Selon l’ISW (Institute for the study of war), le groupe « semble soutenir l’EI et partager son idéologie extrémiste ». Bien qu’il ait nié toute coopération avec l’EI, il a déclaré qu’une telle chose « pourrait se produire à l’avenir et sera annoncée au fur et à mesure. »
La traque s’organise

Les autorités syriennes ont annoncé avoir mené des opérations qui « ont donné lieu à des affrontements au cours desquels le chef de la cellule et cinq membres responsables de l’attentat ont été arrêtés tandis que deux autres ont été tués. L’un serait le principal planificateur de l’entrée du kamikaze dans l’église, l’autre préparait également une attaque terroriste dans un quartier de la capitale. »
Des « ceintures d’explosifs, des mines prêtes à être déclenchées et une moto piégée » auraient été saisies « dans une cache lors d’une opération de sécurité ciblant des cellules de l’organisation terroriste Daech » dans la région de Damas.
Cette annonce faite le 23 juin intervient quelques heures après que le président intérimaire syrien Ahmed al-Charaa ait promis de traduire en justice les personnes liées à cet attentat « odieux ».
La situation est loin d’être stabilisée en Syrie. Le nouveau gouvernement islamiste est obligé de composer pour obtenir le soutien occidental, de la Russie et des pays arabes sans lequel le pays risquerait d’être plongé dans le chaos en raison de la misère qui résulterait du manque d’aide extérieure. Cette attitude réaliste du pouvoir pousse les extrémistes de tous bords, et en particulier certains anciens compagnons de lutte d’al-Charaa, à tenter de se faire une place sous le soleil en utilisant la terreur comme argument.

Par ailleurs, les forces centrifuges internes sont nombreuses – les autorités ne tenant réellement que le centre du pays – : les Turkmènes au nord le long de la frontière turque, les Kurdes au nord-est, les Druzes au sud, les branches militaires de ces composantes devant théoriquement être mises sous l’autorité du nouveau ministère de la défense avant la fin de l’année.
Il ne faut pas oublier les partisans de Daech et d’Al-Qaida qui, s’ils font un profil bas pour l’instant sont toujours présents éparpillés dans les zones non contrôlées.
Enfin, les puissances régionales et plus particulièrement la Turquie et Israël « surveillent le bébé » et sont prêtes à intervenir militairement pour assurer leurs intérêts sous prétexte de défendre des minorités.
Les Russes sont toujours présents sur les bases de Tartous et Hmeimim et les Américains à al-Tanf.
Pour l’instant, les seuls à être hors jeu sont les Iraniens, les Irakiens, les Jordaniens et les Libanais.