Le 23 octobre vers 15 h 30 (heure locale), une attaque terroriste s’est déroulée contre le site industriel de la TAI (Turkish Aerospace Industries - TUSAŞ -) sur le complexe de Kahramankazan SITU2 à une quarantaine de kilomètres de la capitale Ankara. 15.000 personnes travaillent sur ce site.

Les autorités turques ont imposé un black-out médiatique sur les détails de l’attaque, et les utilisateurs de nombreuses régions du pays ont signalé ne pas pouvoir utiliser les sites de médias sociaux comme YouTube, Instagram, Facebook et X. Le président du Conseil suprême de la radio et de la télévision turque, Ebubekir Sahin, a averti que toutes les images liées à l’attentat devraient être supprimées des médias sociaux, et a exhorté les utilisateurs à ne pas partager d’images qui « serviraient des objectifs terroristes ».

Un couple d’assaillants lourdement armés est arrivé dans un taxi qu’il avait dérobé en assassinant le chauffeur devant l’entrée des personnels à l’heure d’une relève du poste de sécurité. Ils ont tiré dans toutes les directions essayant d’atteindre tous ceux qui étaient à leur portée. Au moins un terroriste a pénétré à l’intérieur du site, armé d’au moins un AK-74 et une arme de poing, les deux armes étant équipées de modérateurs de son.

La femme qui l’accompagnait a utilisé un AKR équipé d’un aimpoint et de deux chargeurs « tête bêche ». Il semble qu’elle a été atteinte par un tir de riposte devant l’entrée et ce pourrait être elle qui se serait fait exploser, la charge se trouvant dans son sac à dos.

On ne savait pas immédiatement qui pouvait être derrière l’attaque. Le PKK, Daech ou des extrémistes de gauche, ces trois mouvances ayant mené de nombreuses attaques dans le pays par le passé. Cela semble exclu pour Daech qui n’emploie pas de femme dans des rôles opérationnels.

Ce qui semble avéré est que l’affaire était préparée et menée relativement professionnellement. À l’heure où sont écrites ces lignes, aucune revendication sérieuse n’a encore été publiée.

Le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il était « très probable » que le groupe terroriste PKK soit responsable, ajoutant que la Turquie partagerait les identifications et autres preuves dès qu’elles seront recueillies.

Les tirs sur le site se sont poursuivis et différentes rumeurs ont couru dont une éventuelle prise d’otages. Les forces de l’ordre, les ambulances, les pompiers sont rapidement intervenus.

Des hélicoptères ont même été vus en train survolant le complexe.

Six personnes ont été tuées (dont le chauffeur de taxi) et 22 autres ont été blessées dont trois seraient dans un état critique. Trois des blessés sont sortis de l’hôpital.

Le ministre de l’intérieur, Ali Yerlikaya, a précisé que « deux terroristes ont été neutralisés ».

Contexte

Cet attentat a eu lieu alors que le président Recep Tayyip Erdoğan assiste au sommet des BRICS+ (organisation économique qui regroupe pour le moment le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran à Kazan (Russie). Ces neuf pays représentent à eux seuls  près de la moitié de la population mondiale mais que 26 % du produit intérieur brut mondial en valeur nominale contre 44 % pour les pays du G7. L’attaque na pas semblée suffisamment grave pour qu’il rentre immédiatement. Il faut dire qu’il défend la candidature de la Turquie à cette organisation – une première pour un pays de l’OTAN -.

Il avait aussi été proposé par Devlet Bahçeli, le chef du Parti du mouvement nationaliste (MHP) allié de l’AKP au pouvoir, que le leader historique du PKK (emprisonné à vie sur l’île d’Imrali) Abdullah Öcalan, pourrait assister à une session parlementaire pour « déclarer la fin du terrorisme ». Cette initiative risque d’être repoussée.

TAI est un acteur clé de l’industrie aérospatiale turque, qui conçoit, développe et fabrique divers avions à usage commercial et militaire. L’attentat a eu lieu alors qu’un grand salon professionnel des industries de la défense et de l’aérospatiale se tient à Istanbul cette semaine sous haute sécurité.

La première réaction d’Ankara a été des mener 32 frappes aériennes contre des cibles terroristes dans le nord de l’Irak et de la Syrie. Les opérations aériennes devraient se poursuivent dans les jours qui suivent.

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Texte

Alain Rodier