Il est le chef de Los Fatales, la faction la plus importante de Los Choneros, un puissant gang criminel accusé d’avoir transformé l’Équateur, en un pays affichant l’un des taux de crimes les plus élevés d’Amérique latine. Certains observateurs lui attribuent la direction même de Los Choneros.
La police l’a retrouvé dans ce qu’elle a décrit comme un « bunker souterrain » dissimulé sous une luxueuse villa de trois étage de la ville côtière de Manta.


Un porte-parole de la police a déclaré qu’aucun coup de feu n’avait été tiré lors de l’opération qui a duré une dizaine d’heures.
Après avoir obtenu des renseignements, les forces de sécurité ont d’abord bouclé la villa dans le quartier de Monterrey près de Manta, sur la côte équatorienne.
Lors de la perquisition du bâtiment, les forces de sécurité ont découvert une trappe coulissante dissimulée pour ressembler à un élément du sol en marbre, d’où partait une échelle métallique menant à la cachette souterraine de Fito.

Le « bunker » était équipé de la climatisation, d’un lit, d’un ventilateur et d’un réfrigérateur.
La maison toute neuve comportait une salle de sport, une petite piscine intérieure et une salle de jeux dotée d’un billard et d’un baby-foot. Elle n’était pas encore totalement équipée.


Fito n’a opposé aucune résistance et aurait été transféré par avion vers la ville portuaire de Guayaquil où il a été incarcéré à la prison de haute sécurité de La Roca.

Le président équatorien Daniel Noboa Azín en poste depuis 2023 a félicité les forces de l’ordre pour la capture de Fito et a annoncé son extradition vers les États-Unis, où il est sous le coup d’une accusation de trafic de cocaïne.
Fito s’est évadé de la prison régionale de Guayaquil en janvier 2024(1) avec l’aide d’au moins deux personnels pénitentiaires.
L’affaire a déclenché une vague d’émeutes meurtrières dans cette prison, au cours desquelles des gardiens ont été pris en otage et qui ont poussé le président Noboa à proclamer l’état d’urgence.
Mais Fito était déjà célèbre avant son évasion.

Durant son incarcération – alors qu’il purgeait une peine de 34 ans pour meurtre et trafic de drogue -, il a gravi les échelons du gang Los Choneros après l’assassinat de son ancien chef Jorge Luis Zambrano González le 8 décembre 2020. Depuis sa cellule, il a coordonné les activités du gang, notamment le trafic de drogue et le racket.
Il est également soupçonné d’avoir commandité le meurtre de l’homme politique Fernando Villavicencio, abattu lors d’une manifestation électoral quelques jours avant les élections de 2023. Ses tueurs – pour la plupart des mercenaires colombiens – ont ensuite été assassinés alors qu’ils étaient incarcérés.
Sous la direction de Fito, le gang Los Choneros a tissé des liens avec les cartels mexicains de Sinaloa et du Golfe mais aussi avec la criminalité organisée balkanique. Fort de 8.000 membres dont un tiers seraient incarcérés (mais pas inactifs), il représente une menace vitale pour l’État équatorien.
Peu avant son évasion de prison, Fito est également apparu dans un narcocorrido – un clip vidéo – dans lequel sa fille glorifie les exploits criminels de son père. La vidéo, en partie enregistrée à l’intérieur de la prison, le montre caressant un coq de combat et discutant librement avec ses codétenus.
Les autorités équatoriennes – comme leurs collègues latino-américaines à l’exception du Salvador qui bénéficie d’une méga-prison (3) – savent que les deux seules manières d’empêcher un chef narco de nuire est, soit de le neutraliser définitivement, soit de le transférer aux États-Unis où il aura beaucoup de mal à correspondre à l’extérieur depuis les pénitenciers ultra-sécurisés, particulièrement depuis l’ADX Forence dit l’ « Alcatraz des Rocheuses »…

(1) Voir : « Équateur : nouvel état d’urgence » du 10 janvier 2024.
(2) Voir : « Équateur : assassinat des tueurs du candidat à la présidentielle » du 12 octobre 2023.
(3) Voir : « Salvador : baisse drastique du taux de criminalité » du 15 mars 2023.