Le 27 décembre 2024, le K-564 Arkhangelsk, le troisième des cinq sous-marins nucléaires de série du projet 08851 de classe Yasen-M a terminé ses derniers essais en mer et a été livré à la Flotte du Nord russe.

Londres qui traditionnellement surveille les évolutions de la Marine russe estime que ce sous-marin « puisse être indétectable par les adversaires occidentaux » et puisse constituer une menace sérieuse pour « les bases militaires de l’OTAN, les convois navals et les infrastructures critiques à terre en cas de crise ».

Le K-564 Arkhangelsk représente la quatrième génération de sous-marins à propulsion nucléaire russes. La construction du sous-marin a débuté en 2015 et après plus de dix ans de développement, il a été lancé solennellement au chantier naval Sevmash de Severodvinsk le 29 novembre 2023.

Ce sous-marin pourrait plonger à une profondeur allant jusqu’à 600 mètres. Sa vitesse maximale est de 16 nœuds en surface et de 31 nœuds en plongée.

Son équipage comporte 64 membres et il a une autonomie d’environ 100 jours limitée principalement par les besoins en vivres et en maintenance.

Les sous-marins de la classe Yasen-M ont été conçus avec un haut degré d’automatisation et disposent de technologies avancées de réduction du bruit.

Ils sont équipés du système de sonar MGK-600 Irtysh-Amphora installé à la proue du bâtiment, complété par un sonar à immersion variable à la poupe et  d’un sonar sur les flancs.

La coque de ces sous-marins est construite en acier à faible magnétisme, ce qui contribue à leurs capacités de furtivité et les rend difficiles à détecter par les forces ennemies.

Ils sont équipés de tubes lance-torpilles de 533 mm et de silos de lancement verticaux capables de déployer une gamme de divers missiles de croisières Oniks (anti-navires), Kalibr et les missiles hypersoniques Zircon. Ces  derniers sont capables d’atteindre des vitesses allant jusqu’à Mach 9 et ont une portée d’environ 1.000 kilomètres ce qui veut dire qu’ils peuvent frapper des cibles bien au-delà de la zone opérationnelle immédiate du sous-marin. Ce missile a été testé pour la première fois depuis une position immergée par le sous-marin de classe Yasen Severodvinsk en octobre 2021 démontrant un potentiel offensif important.

Les missiles Kalibr et Zircon peuvent être dotés de têtes nucléaires ce qui ajoute un avantage stratégique significatif à ce type de navire.

L’Arkhangelsk sera basé sur les quais de Nerpitcha de la base sous-marine de Zapadnaya Litsa, située à seulement 60 kilomètres de la Norvège, membre de l’OTAN. Ce positionnement stratégique souligne la menace potentielle que le sous-marin représente pour les opérations et infrastructures militaires occidentales.

Aux côtés de l’Arkhangelsk, d’autres navires de la classe Yasen tels que le Severodvinsk et le Kazan (mis en service en 2021) opèrent également depuis cette base, renforçant encore les capacités de la marine russe dans les environnements difficiles de l’Arctique et de l’Atlantique Nord.

Actuellement, à l’exception du Severodvinsk, la marine russe possède quatre sous-marins Yasen-M opérationnels. Ils sont déployés au sein de la flotte du Pacifique (K-573 Novossibirsk et K-571 Krasnoïarsk) et de la flotte du Nord (K-561 Kazan et l’Arkhangelsk récemment livré).

Au total, la Marine russe aligne au début 2025 douze sous-marins nucléaires stratégiques, treize sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière, treize sous-marins nucléaires d’attaque, 21 sous-marins diesels-électriques d’attaque et huit sous-marins spécialisés.

Carte montrant l’activité navale russe et chinoise, ainsi que l’emplacement des principaux câbles sous-marins. Source : DOD.

Si globalement la Marine russe est vétuste et n’a pas de réelles capacités pour des mener des opérations de conquêtes comme ses homologues chinoises et américaines, son importante sous-marinade est destinée à dissuader tout adversaire potentiel de velléités offensives contre la Russie. En dehors du concept fondamental de dissuasion nucléaire, ses SNLE venant compléter les composantes terrestres et aériennes, les autres bâtiments évoluent essentiellement sur deux théâtres : celui de l’Arctique et l’Atlantique Nord et celui du Pacifique en soutien de la Chine. Le reste – dont la Méditerranée –  est considéré comme surtout logistique. D’ailleurs, il n’y a plus de sous-marin russe en Méditerranée depuis que le dernier B261 Norossiyk de classe Kilo a franchi le détroit de Gibraltar le 2 janvier 2025…

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Texte

Alain Rodier