L'armée de l'air israélienne a effectué plus de 300 frappes en Syrie ces derniers jours. La plupart cibles engagées ont été des bases de l'armée syrienne, et plus particulièrement des systèmes de défense aérienne et des stocks de missiles sol-sol et sol-air. Des bases aériennes situées particulièrement dans le sud de la Syrie ont également été impactées.
Ainsi, des appareils de l’IAF ont bombardé des bases aériennes qui abritaient des dizaines d’hélicoptères et des avions de combat.
De plus, plusieurs frappes auraient été effectuées sur un centre de recherche dans la banlieue de Damas réputé pour sa fabrication supposée d’armes chimiques et sur un centre de guerre électronique de la capitale.
Illustration : IDF
Parallèlement, la marine israélienne a coulé ou endommagé plusieurs navires militaires syriens à quai dans leurs ports d’attache. Tsahal a confirmé cette information assumant avoir mené une opération de grande envergure dans la nuit du 9 au 10 décembre pour détruire la flotte syrienne : « l’attaque a été menée à l’aide de navires lance-missiles de la marine, au cours de laquelle de nombreux navires syriens transportant des dizaines de missiles mer-mer ont été détruits dans la région de Minet el-Beida et dans le port de Lattaquié ». L’opération a été conduite pour empêcher les biens de la flotte « de tomber entre les mains d’éléments hostiles ».
Illustration : IDF
Par ailleurs, les chars israéliens venant du plateau du Golan se trouvaient le 10 décembre à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Damas. Les troupes israéliennes ont atteint Minet el-Beida Qatana, dix kilomètres à l’intérieur du territoire syrien.
Selon l’OSDH, ces raids visent à « la destruction des armes restantes dans les entrepôts et les unités militaires qui étaient contrôlés par les forces de l’ancien régime », allié de l’Iran et du Hezbollah libanais.
Ces frappes constitueraient en importance la « la plus grande opération aérienne et maritime » menée par l’État hébreu dans son Histoire.
Plus étrange, lors d’une opération héliportée, des soldats israéliens et américains auraient pénétré à l’intérieur de bases militaires syriennes dans la région des montagnes Kalmon au nord de Damas.
Israël profite du fait que la Syrie est à « ciel ouvert » pour détruire un maximum de matériels militaires afin d’achever le corps expéditionnaire du Hezbollah libanais – qui selon Téhéran aurait quitté le pays – mais aussi pour qu’un minimum d’armes sophistiquées ne tombe dans les mains des rebelles syriens. Bien que les Israéliens se disent prêts à ouvrir des relations avec le pouvoir qui sera en place à Damas, la méfiance reste très grande.
D’ailleurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a averti les forces rebelles syriennes de ne pas permettre à l’Iran de « se réinstaller » dans le pays.
On apprendra plus tard que d’autres opérations du style de celle qui aurait été mené au nord de Damas ont eu lieu sur divers sites sensibles pour récupérer des informations intéressantes. Dans le désordre actuel la Syrie étant un peu « open bar », les commandos israéliens peuvent agir à leur guise dans la mesure où leurs actions puis leurs exfiltrations sont rapides.
L’administration américaine n’a exprimé aucune opposition ni réserve quant aux mesures israéliennes.
Il faut dire que leurs alliés kurdes des Forces démocratique syriennes (FDS) viennent de subir un important revers : après pris le contrôle de la ville de Deir ez-Zor au début du mois, ils ont été contraints de s’en retirer et le HTS a affirmé en avoir pris le contrôle. Dans la réalité, ce seraient la composante arabe des FDS qui aurait repoussé ses « alliés » kurdes de la coalition soutenue par Washington, puis qui auraient remis les clefs de la ville au HTS…
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, l’ambassadeur israélien Danny Danon a décrit les actions militaires comme des mesures « limitées et temporaires » nécessaires pour faire face à des menaces immédiates pour la sécurité. Il a précisé qu’
« Israël n’intervient pas dans le conflit interne syrien » (ce qui est pour le moins « osé »)..
Le diplomate norvégien Geir O.Pedersen, envoyé de l’ONU en Syrie e déclaré : « le message adressé à Israël est que cela doit cesser. Ce que nous voyons dans le Golan est une violation de l’accord de 1974. C’est un problème très grave […] Personne ne s’attendait à ce qui s’est passé ces derniers jours. Le HTS est l’organisation dominante qui contrôle Damas, mais elle n’est pas la seule. Les différents groupes sont bien coordonnés pour l’instant. Il est important que nous n’entrions pas dans un conflit entre eux. Le conflit n’est pas terminé. Les bombardements et les mouvements d’Israël sur le territoire syrien devraient cesser ».
Pendant ce temps, la Turquie a rejoint certains pays du Moyen-Orient – dont le Qatar, l’Arabie saoudite et l’Égypte – en accusant Israël d’« exploiter » la chute d’Assad.
Illustration : IDF
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