Selon des statistiques officielles publiées le 17 mai 2024, l'économie russe a connu une croissance de 5,4 % au premier trimestre 2024. L'agence Rosstat a déclaré que la croissance du premier trimestre était en hausse par rapport aux 4,9% du quatrième trimestre de l'année dernière.

Le Kremlin a fortement militarisé l’économie russe depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les vastes dépenses contribuant à alimenter la croissance et à amortir le coût des sanctions occidentales.

Mais cela a également déclenché une inflation qui peut entraver l’économie russe. Ainsi, le taux d’inflation s’est accéléré au cours du mois, à 7,8 %.

Lors d’une visite d’État en Chine à la mi-mai, le président Poutine a nié que les vastes dépenses militaires de la Russie – qui, selon lui, dépassaient 8% du PIB – aient atteint des niveaux insoutenables : « ce n’est pas encore critique. En Union soviétique, en 1985-1986, les dépenses de défense représentaient 13% du PIB […] Compte tenu de l’état de l’économie, des indicateurs macroéconomiques et des prévisions de recettes budgétaires, des dépenses combinées de défense et de sécurité de 8% ne sont pas critiques. »

Poutine avait déclaré que les dépenses militaires russes constituaient une « ressource importante » qui devait être utilisée « avec précaution et efficacité ». Il a ajouté le 17 mai que les experts estimaient que les finances de l’État russe disposaient encore d’une marge de manœuvre pour faire face à des dépenses encore plus élevées.

Les troupes russes sont désormais en phase offensive et cela a un prix humain et financier.

Ainsi, elles ont lancé à la mi-mai une nouvelle offensive de grande ampleur dans la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine. Toutefois, les hauts responsables militaires de l’OTAN estiment que les forces armées russes n’ont actuellement pas les moyens de mener une avancée majeure. Après une période de flottement, Kiev affirme que la situation s’est stabilisée. De son côté, le président Poutine déclare que la Russie veut créer une zone tampon dans la région de Kharkiv, mais n’a pas l’intention de s’emparer de la ville.

Par ailleurs, il a indiqué qu’il voyait « le chemin de la victoire sur le champ de bataille » si la Russie parvenait à mettre plus de moyens financiers que l’Ukraine et ses soutiens occidentaux.

La nomination le 12 mai d’un économiste comme ministre de la défense est le signe de sa volonté de mieux contrôler l’économie de guerre sur le long terme.

Sur le théâtre actuel, il semble que l’effort principal russe porte toujours dans la région du Donbass dont la « libération » totale a toujours été un objectif du Kremlin. Il est difficile de distinguer la manœuvre principale de celle relevant de la déception.

Dans le domaine de la guerre psychologique, Moscou a annoncé le début de manœuvres incluant son armement nucléaire tactique à proximité de l’Ukraine.

Problèmes d’inflation

La réorientation des exportations énergétiques cruciales de la Russie vers des pays comme la Chine et l’Inde a aidé le pays à résister aux sanctions occidentales qui, selon de nombreux analystes, entraîneraient la Russie vers une profonde récession.

Le président Vladimir Poutine visitant le 17 mai la 8ème exposition du commerce russo-chinois à Harbin, ville du nord-est de la Chine.

La Chine est devenue l’allié économique le plus important de la Russie au cours des deux dernières années. Ainsi Pékin a offert une bouée de sauvetage essentielle à l’économie isolée de la Russie avec un commerce en plein essor depuis l’invasion atteignant 240 milliards de dollars en 2023 (selon les chiffres des douanes chinoises.)

Lors de son déplacement en Chine à la mi-mai, Poutine a fustigé les tentatives américaines de faire pression sur Pékin concernant ses liens avec Moscou. Il a qualifié d’« illégitimes » les menaces américaines de sanctions contre les banques et les entreprises chinoises qui traitent avec la Russie et a déclaré que les prêteurs des deux pays s’efforçaient de surmonter les problèmes liés aux paiements transfrontaliers.

En effet, les États-Unis ciblent des entreprises de pays tiers, dont la Chine, qui, selon eux, aident la Russie à acheter des produits sous sanctions.

Comme lors de tous ses déplacements, des officiers de Marine transportaient la valise qui contient les codes de déclenchement des armes nucléaires. Ce qui est curieux et que la presse a quasi été « invitée » à les filmer…

Tout en contribuant à garantir une forte croissance globale, l’augmentation des dépenses militaires de la Russie a provoqué certaines difficultés économiques dans le pays. L’inflation a grimpé de 7,7% à 7,8% en avril dépassant les attentes des analystes et plus éloignée de l’objectif officiel de 4,0% du gouvernement.

La Banque centrale a relevé son taux directeur à 16 % pour tenter de lutter contre la hausse des prix. Et des pans de l’économie qui ne sont pas soutenus par la guerre – comme les secteurs des services et de l’informatique – connaissent des pénuries de main-d’œuvre record. De nombreux jeunes hommes ont été enrôlés, ont quitté le pays ou ont été recrutés par l’industrie de l’armement en plein essor.

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Texte

ALAIN RODIER