Les autorités équatoriennes ont saisi près de 22 tonnes de cocaïne dans une ferme de la province de Los Ríos le 22 janvier.

Cette saisie constitue l’une des plus grandes saisies de cocaïne jamais réalisées dans le monde. Les autorités militaires équatoriennes ont déclaré à cette occasion : « cela représente un fort affaiblissement de la capacité opérationnelle, logistique et financière du trafic de drogue dans le monde. »

Cette cocaïne appartenait au gang « los Fatales » (« les mortels »), une faction des « Choneros », l’un des groupes criminels les plus importants d’Équateur. Il est dirigé par Adolfo Macías Villamar alias « Fito » qui s’est évadé de prison au début de l’année(1).

« tu décides comment vivre bien ou mal […] et Los Fatales comment tu meures : le plomb ou le couteau ».

Cette méga-saisie était la plus importante d’une série de cargaisons confisquées depuis que l’Équateur a déclaré la guerre aux gangs du pays le 9 janvier.

14 tonnes supplémentaires de drogue ont été saisies entre le 9 et le 22 janvier portant le total à 36 tonnes de cocaïne confisquées.

Durant toute l’année 2023, les forces de sécurité en avaient saisi 197 tonnes.

Le président Daniel Noboa a militarisé la lutte contre le crime organisé ce qui explique les succès rencontrés actuellement.

Parallèlement dans la nuit du dimanche 21 janvier, les forces de l’ordre ont arrêté après trois mois de traque Carlos Arturo Landazuri Cortés alias « commandante Gringo » le chef du front Oliver Sinisterra, une faction dissidente des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Il a été retrouvé dans une maison de San Miguel de Ibarra en Équateur, une ville touristique située à la frontière colombienne.

Il avait succédé à Walter Patrick Arizala alias « Guacho » tué en Colombie en 2018.

Landazuri est accusé de trafic international de cocaïne, d’armes et d’activités terroristes.

Dans les faits, la frontière entre l’Équateur et la Colombie est contrôlée par le Front Oliver Sinisterra.

Le « commandante Gringo » était en liaison avec les groupes criminels équatoriens « los Tiguerones » et « los cémenterios » dirigés par Elby Rolando Zuñiga Girón jusqu’à son arrestation le 5 décembre dans le canton de San Lorenzo (province d’Esmeraldas.)

Ces groupes seraient des sous-traitants du gang « Los Lobos » qui collabore avec le cartel de Jalisco Nouvelle génération (CJNG), l’organisation criminelle transnationale (OCT) la plus puissante du Mexique.

Toutes ces arrestations auraient eu lieu grâce à la collaboration étroite des services de renseignement équatorien et colombien. Maintenant, les procédures judiciaires son en cours pour des extraditions futures.

Le président Noboa a présenté ces récents succès comme la preuve que sa ligne dure en matière de sécurité fonctionne : « nous portons des coups violents à ces groupes narcoterroristes […] Nous devons continuer à nous battre. »

La quantité et la diversité géographique des saisies révèlent également l’ampleur du trafic de cocaïne à travers le pays, ainsi que la diversité des itinéraires empruntés par les trafiquants. L’Équateur restera probablement un pays de transit important pour les expéditions internationales de cocaïne en provenance de Colombie et du Pérou voisins.

Malgré l’augmentation de la production de cocaïne, la demande mondiale et les prix restent stables.

Parallèlement, l’infrastructure portuaire développée de l’Équateur et son long littoral offrent aux trafiquants divers points d’expédition pour les envois de cocaïne.

Outre les provinces qui ont enregistré d’importantes saisies depuis le 9 janvier, les trafiquants utilisent aussi les îles Galápagos comme étape pour le trafic de drogue.

Les gangs du pays semblent pour le moment faire le dos rond et attendre que l’état d’urgence prenne fin pour relancer leurs activités. Ces dernières années, ils ont considérablement diversifié leur panel d’activités criminelles au-delà du trafic de drogue pour inclure le racket, l’exploitation minière illégale ainsi que la traite et le trafic d’êtres humains.

Comme ailleurs, la guerre contre le crime organisé – phénomène qui est le danger principal des sociétés développées – est loin d’être gagnée.

 

1. Voir : « Équateur : nouvel état d’urgence » du 10 janvier 2024.

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Texte

Alain Rodier