Le 31 octobre, pour la première fois dans l’Histoire militaire moderne, un missile balistique a été intercepté en dehors de l’atmosphère terrestre par le système de défense Arrow 2 américano-israélien. Bien sûr, des essais grandeur nature ont eu lieu dans le passé mais c’est la première fois qu’une telle action réellement opérationnelle a été menée.

Cette interception est la deuxième utilisation opérationnelle réussie connue du système Arrow 2 et la première contre un missile balistique.

Personne n’aurait pu imaginer que cette vraie prouesse technique aurait eu lieu entre un mouvement rebelle houthi (Yémen) qui a tiré le missile – très vraisemblablement un Ghadr H de facture iranienne (1) –  en direction de la ville d’Eilat et la défense anti-aérienne israélienne.

À noter que le missile tiré depuis le sol devait, s’il n’avait pas été intercepté avant – sans doute au dessus de l’Arabie saoudite qui n’a pas protesté -, parcourir une distance de 1.600 kilomètres, ce qui aurait été également constitué un record opérationnel.

Chaque intervenant examine de près ces résultats opérationnels qui diffèrent de la réalité virtuelle. Il semble que les missiles (et autres drones) iraniens peuvent être relativement facilement être contrés. Cela devrait remettre en cause certains plans d’état-major qui surévaluent les capacités de leurs armements (c/f image ci-après).

Tsahal a également déclaré que ses avions de chasse avaient abattu le même jour deux autres « cibles hostiles » – sans doute des drones – qui volaient dans la région de la mer Rouge.

Il a été précisé que « toutes les menaces ont été interceptées en dehors du territoire de l’État d’Israël. Aucune intrusion sur le territoire israélien n’a été détectée ».

Il faut remarquer que depuis le début de la guerre, de nombreux réfugiés israéliens ont été installés temporairement dans la station balnéaire d’Eilat.

Les FDI ont annoncé le 1er novembre qu’elles renforçaient la zone de la mer Rouge avec des corvettes Sa’ar 6 armées du système naval « C-Dome » (système d’interception d’obus et de roquettes) qui est la version navale du système terrestre « Dome de fer ». Israël a commandé quatre navires de ce type à l’Allemagne et en a reçu trois.

Pourquoi les rebelles houthis attaquent Israël

Les rebelles yéménites houthis en révolte contre le pouvoir en place à Sanaa depuis 2014 ont conquis la partie ouest du pays (dont la capitale). Depuis, ils sont opposés à une coalition emmenée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU). Ils ont mené à plusieurs reprises des frappes aériennes de missiles et de drones dans la profondeur du territoire saoudien et au moins une fois jusqu’aux EAU.

Leur idéologie politico-religieuse basée sur le zaïdisme proche du chiisme iranien, a pour devise officielle : « Dieu est grand, mort à l’Amérique, mort à Israël, malédiction sur les Juifs, victoire à l’islam ».

Dès le 9 octobre, ils ont exprimé leur soutien aux Palestiniens et menacé Israël dans le cadre de la guerre que mène l’État hébreu contre le Hamas.

Le porte-parole des forces rebelles houthies, le brigadier général Yahya Saree, a déclaré à la télévision le 31 octobre : « nos forces armées ont lancé un grand nombre de missiles balistiques et un grand nombre de drones sur diverses cibles de l’ennemi israélien […] Les forces armées yéménites (nda : rebelles) confirment que cette opération est la troisième de soutien à nos frères opprimés en Palestine et confirment que nous continuerons de mener des frappes plus qualitatives avec des missiles et des drones jusqu’à ce que l’agression israélienne cesse ».

Pour ce qui est de la motivation des Houthis, il a précisé : « l’assaut aérien, comprenant des drones ainsi que des missiles balistiques et de croisière a été mené en raison de la responsabilité religieuse, morale, humanitaire et nationale » pour la population de Gaza « face à la faiblesse du monde arabe et à la collusion de certains pays arabes avec Israël »…

Depuis la mi-octobre, les interceptions de missiles et de drones tirés depuis le Yémen se succèdent, les avions de chasse israéliens interceptant des cibles au dessus de la mer Rouge. L’un s’est écrasé sur la ville égyptienne de Taba faisant six blessés. Cette localité se trouve à la frontière avec Israël, à une dizaine de kilomètres de la ville d’Eilat.

Le Pentagone avait annoncé que l’USS Carney, un destroyer de classe Arleigh Burke, avait intercepté le 19 octobre quatre missiles et 19 drones tirés vers le nord depuis le Yémen par les rebelles houthis.

L’engagement militaire ne s’est pas arrêté là. En plus des actions de l’USS Carney, l’Arabie saoudite aurait intercepté le même jour un cinquième missile de croisière. Comme le suggère le World Street Journal, Riyad s’est probablement focalisé sur la défense de son espace aérien qui était survolé par ce missile qui ciblait Israël. Riyad ne savait peut-être pas si ce missile se dirigeait vers la ville portuaire saoudienne de Djeddah ou Eilat en Israël (pour rappel, l’Arabie saoudite a été frappée à de nombreuses reprises par des missiles et drones houthis).

Mais dans les faits, plus l’Arabie saoudite pourra intercepter de missiles et de drones allant vers le nord à partir du Yémen, moins il faudra d’efforts à Israël (et aux États-Unis) pour parer à ces attaques.

Situation globale en Israël

Depuis les massacres du 7 octobre qui ont vu quelque 3.000 terroristes pénétrer à travers la frontière israélienne par voie terrestre, aérienne et maritime qui ont tué quelques 14.000 personnes et pris au moins 247 otages et malgré l’offensive de Tsahal, les attaques à la roquette ont toujours lieu depuis la bande de Gaza contre des infrastructures israélienne très majoritairement civiles.

Les tensions sont également vives sur le front nord de l’État hébreu, le Hezbollah tirant des roquettes depuis le Liban sur les villes du nord depuis le déclenchement de la guerre.

Les Shebabs, sans constituer une menace existentielle pour l’État hébreu, participent par leurs harcèlements à l’ambiance délétère actuelle.

Gaza ville est complètement encerclé et de furieux combats ont lieu au sol.

1. Voir : « Yémen : nouveau missile pour les Houthis » du 25 septembre 2023.

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Texte

Alain Rodier