Pour quelle raison les États-Unis n’ont-ils pas condamné le putsch des militaires nigériens le 26 juillet dernier ? Si Washington déploie beaucoup d’énergie diplomatique à trouver une issue, il se garde bien de qualifier de coup d’État le renversement du président en place. Il faut certainement voir dans cette attitude une volonté des Américains de garder à tout prix leurs bases au Niger.

Car les États-Unis considèrent le Niger comme une tête de pont essentielle en Afrique de l’Ouest pour la lutte contre le terrorisme et comme un pays allié pour stopper les avancées russes et chinoises sur le continent.

Le gouvernement américain ne remet pas en cause son soutien à Niamey, à la différence de la France qui est hors jeu. Paris a fermement condamné le coup d’État, demandé la libération du président déchu et a également apporté son soutien à la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), laquelle laisse planer la menace d’une intervention militaire au Niger(1).

Les 1 500 soldats français sont condamnés à l’inaction, dans la base de Niamey, tout comme le détachement de 150 soldats présents au nord du Niger, dans le camp de Ouallam. Paris va procéder à la réduction de ses moyens aériens et, à terme, certainement de ses effectifs (soldats, forces spéciales, aviateurs et techniciens), déployés dans ce pays. Des spécialistes pensent que la France devrait déplacer ses forces du Niger au Tchad, car depuis le putsch, elles sont devenues inutiles, à Niamey, où ses aéronefs sont exposés, et donc vulnérables en cas de coup dur.

Ce qui n’est pas le cas des Américains, qui alignent au Niger 1 100 hommes, ménagés par la junte (il est vrai que plusieurs putschistes ont été formés dans des écoles militaires américaines). Cependant, le Pentagone a annoncé le 7 septembre dernier que, « par mesure de précaution », il allait regrouper ses forces et ses drones Reaper à Agadez, à plus de 1 000 km au nord de Niamey, sur la base aérienne 201, modernisée à grands frais(2).

De son côté, la CIA dispose d’une base, très discrète, au nord du Niger, d’où elle lance ses drones jusqu’à la frontière libyenne. Mais on ignore si les vols clandestins de la CIA se limitent à des missions de renseignement ou s’ils ont pour but de frapper des objectifs ciblés…

(1) Cette intervention semble très hypothétique, du moins en date du 11 septembre…
(2) Les États-Unis ont déboursé plus de 110 millions de dollars pour l’installation de cette base.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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