Le 16 juin peu avant minuit, au moins 41 personnes dont majoritairement des adolescents ont été tuées lors de l’attaque meurtrière dirigée contre une école privée dans la ville de Mpondwe dans l'ouest de l'Ouganda. Les victimes comprendraient des élèves, un garde et deux membres de la communauté locale.

Certains des élèves ont subi des brûlures mortelles lorsque les rebelles ont incendié un dortoir, d’autres ont été abattus par balles ou tués à coups de machette.

Huit personnes ont été blessées et six autres enlevées. Les blessés qui sont dans des conditions critiques ont été transférés à l’hôpital de Bwera. Ce massacre est la pire attaque en Ouganda depuis des années.

En effet, en juin 1998, 80 étudiants avaient été brûlés vifs dans leurs dortoirs lors d’une attaque des Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ADF) contre l’Institut technique de Kichwamba situé près de la frontière de la République Démocratique du Congo (RDC). Plus de 100 étudiants avaient aussi été enlevés.

Une fois de plus, ce seraient les ADF, un groupe ougandais basé dans l’est de la RDC et affilié à Daech qui  auraient perpétré la tuerie.

Le porte-parole de la police nationale, Fred Enanga, a déclaré qu’« un dortoir a été incendié et un magasin d’alimentation pillé » lors de l’attaque contre l’école située dans le district ougandais de Kasese, à environ deux kilomètres  de la frontière de la RDC.

Il a précisé que les unités de l’armée et de la police étaient « à la poursuite » des assaillants qui ont fui en direction du parc national des Virunga par-delà de la frontière avec la RDC ».

En effet, la zone du parc aurait été bouclée par les forces ougandaises qui ont pénétré en RDC et « poursuivaient l’ennemi pour secourir les personnes enlevées ». Les troupes au son sont appuyées par de l’aviation.

Les détails de la tuerie

Le général de division Dick Olum, commandant de l’armée pour l’Ouest de l’Ouganda qui dirige le déploiement militaire en RDC a déclaré que les assaillants étaient arrivés à proximité de la ville de Mpondwe deux jours avant l’attaque pour reconnaître leur objectif.

Il a donné les détails de la tuerie : « les assaillants ont verrouillé la porte des dortoirs des garçons. Ces derniers ont vraiment essayé de se défendre mais ils ont été maîtrisés. Les assaillants ont mis le feu à des matelas ». « Dans le dortoir des filles, ils ont trouvé leur porte ouverte, les tuant à l’arme blanche ». Les personnes enlevées seraient des jeunes filles rescapées au massacre.

Qui sont les Forces démocratiques alliées (ADF)

Les ADF ont été créées en 1995 à base d’une coalition de forces rebelles ougandaises – dont l’Armée de libération musulmane de l’Ouganda et l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (NALU) -. Elles devaient lutter contre l’administration du président Yoweri Museveni jugée anti-musulmane. Après avoir été défaites par l’armée ougandaise au début des années 2000, les survivants s’installent en permanence dans l’est de la RDC.

Au fil des années, ils sont soutenus par les gouvernements de la RDC qui souhaitaient contrer l’influence rwandaise et ougandaise dans le pays. Mais en 2013, les ADF ont commencé à attaquer des cibles militaires congolaises amenant l’armée à riposter. Son chef, l’Ougandais chrétien converti à l’islam Jamil Muluku s’enfuit en Tanzanie en 2015 où il est arrêté puis extradé vers son pays d’origine pour y être jugé pour terrorisme.

Il est remplacé par Musa Baluku qui prête allégeance à Daech en 2019. En retour l’ADF est qualifié de « province Afrique Centrale de l’État Islamique » (« wilaya Wasat Ifriqiyah ») plus connue en anglais « Islamic State Central Africa Province » – ISCAP -.

L’ADF porte aussi le nom de « Madina à Tauheed Wau Mujahideen » (MTM), « cité du monothéisme et des guerriers de la foi ».

Les ADF sont accusées d’avoir lancé de nombreuses attaques contre des civils ces dernières années, notamment dans des régions reculées de l’est de la RDC. Les autorités ougandaises leur imputent un vague d’attentats-suicides meurtriers qui a frappé la capitale, Kampala, en 2021. En réactions, elles avaient lancé des raids aériens et des bombardements d’artillerie en RDC.

Les États-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef Musa Baluku.

En dehors de Baluku, les principaux responsables de ce mouvement qui serait fort d’un millier d’activistes sont : le chef militaire Lukwago Rashid Swaibu Hood, l’adjoint historique et chef des opérations des FDA, Kayiira Muhammad, le chef du camp Mwalika où étaient formées les nouvelles recrues jusqu’en 2019, Amigo Kibirige, son adjoint Nasser Abdu Hamid Diiru, les chefs de guerre Musa Kibuye, Elias Segujja, le Dr. Amisi Kasadha qui ne pratiquerait pas que la médecine…

 

1. Voir « État Islamique en Afrique Centrale » du 6 juillet 2020.

Publié le

Texte

Alain Rodier