Le 13 avril 2023, le suspect, Jack Teixeira, soldat de première classe de la Garde nationale aérienne a été arrêté par le FBI à Dighton, une localité située au sud de Boston.

Le Washington Post avait rapporté mercredi que la fuite était l’œuvre d’un jeune homme ayant travaillé sur une base militaire, qui avait partagé ses informations sur un groupe privé en ligne du réseau social Discord sous le pseudonyme de « OG ».
La Garde nationale a indiqué que Jack Teixeira s’était engagé en septembre 2019, travaillait en tant que spécialiste informatique et communications et avait atteint le rang d’aviateur de première classe. Sa fonction consistait à transmettre à sa hiérarchie les informations qu’il recevait sur son poste de travail.
Selon le Washington Post, il aurait demandé à la vingtaine de membres du groupe Discord de ne pas diffuser les documents, assurant qu’il n’avait pas l’intention d’être un « lanceur d’alerte ». Toutefois, il aurait été critique envers l’État dont il dénonçait « l’abus de pouvoir » et envers les forces de l’ordre en général.
Le groupe qui s’était formé en 2020 était composé d’une vingtaine de jeunes gens dont des Russes et des Ukrainiens. Ils avaient la passion pour les jeux, la militaria et la religion (chose courante au sein de la jeunesse populaire rurale blanche américaine.)

Immédiatement, Lloyd Austin, le ministre de la Défense a salué dans un communiqué l’« arrestation rapide » du suspect. Il a néanmoins précisé qu’il avait ordonné un « audit des accès à notre renseignement (…) et des procédures de contrôles au sein du ministère pour mieux orienter nos efforts visant à éviter que ce genre d’incident ne se reproduise .»

Il est vrai qu’en interne, ces fuites posent la question de l’accès aux informations classifiées et sur les contrôles de sécurité défaillants.
Mais beaucoup plus préoccupant pour l’image de marque des États-Unis, cela alimente une crise de confiance vis-à-vis des Américains qui ont été pris la main dans le sac en train d’espionner directement des alliés et des institutions internationales(1). Dans ce domaine, deux affaires dévoilées sont significatives.

Le secrétaire général de l’ONU António Guterres

Les services américains ont espionné directement le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Washington le trouvait trop « indulgent » avec la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Les documents révèlent des interceptions de communications entre António Guterres et son adjoint qui portaient sur l’accord d’exportations de céréales via la mer Noire vers des pays (en particulier du continent africain) qui se retrouvaient étranglés par le blocus imposé par Moscou aux ports ukrainiens et par les sanctions frappant les exportations russes.
Selon un document divulgué rapporté par la BBC : « Guterres a souligné ses efforts pour améliorer la capacité de la Russie à exporter, même si cela impliquait de travailler avec des entités ou des individus russes sanctionnés. »
Effectivement, l’Ukraine, la Russie et la Turquie ont signé sous la supervision de l’ONU en juillet 2022 un accord qui autorise l’exportation de céréales, d’engrais et de produits agricoles via le Bosphore.
Selon ce même document, lors de discussions tenues en février 2023, António Guterres « sapait les efforts plus larges visant à tenir Moscou responsable de ses actions en Ukraine ».

Un autre document américain datant de la mi-février 2023 indique que Guterres a exprimé sa « consternation » quand Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne lui avait déclaré téléphoniquement que l’Union européenne avait l’intention d’augmenter ses productions d’armes et de munitions pour approvisionner l’Ukraine.
Nul ne sait si ces deux responsables politiques étaient tous les deux sur écoutes ou seulement Guterres…

L’accord sur les céréales doit être périodiquement renouvelé et la Russie a averti le 12 avril que sa prolongation au-delà du 18 mai n’était pas certaine en raison des obstacles s’accumulant sur les exportations russes.

Israël

Le New York Times a dévoilé un document du Pentagone qui décrit les cas dans lesquels les États-Unis pensent qu’Israël pourrait fournir des armes létales à l’Ukraine.
Le scénario le plus probable serait le « modèle turc » dans lequel Israël utiliserait l’intermédiaire d’un pays tiers tout en continuant à dialoguer avec les deux parties.
Mais le document estimerait qu’Israël ne fournirait directement des armes à Kiev qu’en cas de crise ouverte avec Moscou, soit si la Russie intensifie trop ses relations avec l’Iran, soit si des avions israéliens venaient à être touchés par des systèmes de défense russes déployés en Syrie.
Selon le Times, un autre scénario serait que les États-Unis s’engagent à aider l’État hébreu à préparer une action offensive contre l’Iran en échange de la fourniture d’armes à l’Ukraine.
Les armements qui pourraient être envoyés en Ukraine sont – entre autres – des missiles Barak 8, le système de défense anti-aérien Spyder et des missiles antichars Spike.
Pour mémoire, depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, Israël a uniquement fourni à ce pays de l’aide humanitaire.

1. Voir : « Contenu des documents du Pentagone dévoilés sur le net » du 12 avril 2023.

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Texte

Alain Rodier

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