Intoxication ou maladresse, une information est parue brièvement le 21 mars sur le net disant : « selon le ministère de la Défense de la Fédération de Russie, lors de l'opération spéciale en Ukraine, les forces armées russes ont perdu 9.861 personnes tuées, 16.153 personnes ont été blessées.». Cela signifierait que 379 militaires russes sont tués tous les jours et qu’un millier sont blessés.

Même si ces chiffres sont très inférieurs à ceux annoncés par Kiev qui avance le chiffre de 15.000 tués, ils restent tout de même impressionnants. Pour mémoire, l’armée soviétique a perdu 14.453 hommes en dix ans de conflit en Afghanistan…

Moscou a démenti cette information en déclarant : Le 21 mars, le site web [du ministère de a défense] a été piraté dans l’interface d’administration et une fausse information mise en ligne a été faite dans cette publication sur la situation autour de l’opération spéciale en Ukraine. Les informations inexactes ont été rapidement supprimées.

Dans un article paru le 16 mars, la presse américaine relayait le chiffre annoncé comme « prudent » par les services de renseignement US faisant été de 7.000 militaires russes tués lors des trois premières semaines de l’invasion.

Enfin, cinq officiers généraux et un amiral russes seraient tombés au combat.

Le Capitaine de 1er rang (entre contre-amiral et capitaine de vaisseau) Andrei Nikolayevich Paliï, commandant adjoint de la Flotte russe de la mer Noire, aurait été tué à la mi-mars dans les combats entre forces russes et ukrainiennes près de Marioupol.
Il avait été en 2020 le commandant adjoint des forces russes en Syrie.

Le Major-General (général de brigade) Andreï Soukhovetsky commandant de la 7e division aéroportée et commandant adjoint de la 41e armée interarmes aurait été tué au début de l’offensive russe. Il est possible qu’il ait trouvé la mort lors de l’assaut aéroporté sur l’aéroport d’Hostomel.

Le Major-General Vitaly Gerasimov, vétéran de la seconde guerre de Tchétchénie, de la campagne syrienne et de l’annexion de la Crimée, était le chef d’état-major de la 41e armée. D’après les services de renseignements ukrainiens, il aurait été tué le 7 mars à l’extérieur de la ville de Kharkiv.

Le Major-General Andreï Kolesnikov, commandant de la 29e armée interarmes, il aurait été tué au combat le 11 mars. Sa mort a été confirmée par des responsables de l’Otan et par Anton Gerashchenko, conseiller du ministère ukrainien de l’Intérieur, sur sa chaîne Telegram.

Le Major-General Oleg Mityayev, commandant la 150è division de fusiliers motorisés russe aurait été abattu aux alentours du 15 mars, alors qu’il participait au siège de Marioupol.

Le Lieutenant-General (général de division) Andreï Mordvichev, commandant la 8e armée russe aurait été abattu dans la région de Chernobyvkale 18 mars, près de Kherson. C’est l’officier général de plus haut rang à avoir été tué à ce jour.

Le major général tchétchène et proche du président Ramzan Kadirov, Magomed Tushayev, commandant le 141è régiment motorisé de la garde nationale aurait trouvé la mort à l’aéroport Antonov près de Kiev le 26 février.

Le nombre d’officiers généraux russes tués au combat est étonnant. Cela tendrait à démontrer qu’ils ont dû se porter en première ligne car l’armée d’invasion a rencontré de multiples problèmes dont celui des transmissions.

D’ailleurs, une question se pose : qui commande cette manœuvre extrêmement complexe qui engage plusieurs armées sur différents fronts ? En effet, un commandement central est indispensable pour coordonner l’ensemble des mouvements des forces, l’approvisionnement des premières lignes, la bonne communication entre les différentes unités et l’intégration des forces aériennes (et peut-être bientôt maritimes) dans la bataille.

L’impression donnée jusqu’à maintenant est que chaque « front » agit indépendamment avec d’énormes problèmes de transmissions et de logistique. Aucun officier général de haut rang n’est apparu comme le « commandant en chef ». À moins que ce ne soit le président Vladimir Poutine qui dirige tout depuis un de ses PC souterrains avec des officiers d’état-major aux ordres et apeurés (pas par l’adversaire mais par le président lui-même).

Cela dit, l’armée russe a d’immenses ressources humaines et matérielles. Aucune négociation ne semble susceptible d’aboutir à court terme, la qualification de Poutine par la Maison-Blanche de « criminel de guerre » ne le poussant vraisemblablement pas à faire des concessions. En résumé, sauf miracle, la guerre devrait perdurer.

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Texte

Alain Rodier

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