Des photos diffusées le 1er octobre par la société privée de renseignement israélienne ImageSat International montrent un bâtiment iranien qui aurait été détruit en partie entre le 22 et le 27 septembre 2021. Les photos prises à ces dates (c/f en en tête de l’article) laissent à penser à une explosion qui aurait considérablement endommagé une sorte de hangar qui serait situé sur une « base secrète de missiles » (35°33’49.529’’N 50°54’14.937’’E(1)) appartenant au Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (Pasdaran).

Une explosion survenue depuis l’intérieur de la structure aurait soufflé le toit et vraisemblablement déclenché un incendie. Les Israéliens affirment que ce site dépend du Shahid Hemat Industrial Group qui a en charge le programme des missiles balistiques à carburant liquide de type Shahab 3. Cet organisme est subordonné à l’Organisation des industries aérospatiales (Aerospace Industries Organisation – AIO -). Les Israéliens pensent que deux techniciens ont trouvé la mort et que deux autres ont été blessés lors de l’explosion.

Comme d’habitude, les Iraniens et israéliens restent très discrets concernant cette affaire. Les premièrs ne veulent pas reconnaître les « failles » de leurs dispositifs défensifs et les seconds ne revendiquent jamais la paternité de leurs opérations secrètes.

Toutefois, Saeed Khatibzadeh, un porte parole du ministère des Affaires étrangères iranien a affirmé : « la guerre a déjà commencé avec Israël » faisant référence aux actions secrètes menées par le Mossad depuis des années contre l’effort iranien dans les domaines des missiles et du nucléaire : des assassinat ciblés de scientifiques (opérations « homo ») et des sabotages d’installations sensibles (opérations « arma »). Des doutes subsistent quant à des incendies qui semblent de plus en plus fréquents dans des installations pétrochimiques iraniennes. Téhéran parle d’« accidents » et les Israéliens ne disent rien…

Pour le cas présent, tout est possible d’autant que la cible se trouvant à l’ouest de Téhéran était à portée d’un drone « suicide » pouvant venir d’Azerbaïdjan après avoir survolé la mer Caspienne (2). L’option du sabotage terrestre est aussi possible mais plus difficile à réaliser.

Il convient de replacer ces évènements dans le cadre de la réouverture possible des négociations portant sur l’accord JCPOA (Joint Compréhensive Plan of Action, Plan d’action global commun) concernant le nucléaire iranien. Les Européens, la Russie et la Chine y sont favorables, Washington semble encore hésiter et l’État hébreu y est totalement opposé.

1. Ces photos sont présentées avec une orientation au sud (c/f photo Google Earth) et non au nord comme habituellement.
2. Tous les observateurs savent qu’Israël est très présent dans ce pays. Ils ont mis en œuvre de nombreux drones lors de la dernière guerre de Bakou contre l’Arménie en 2020.

Voir « La paix forcée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » du 10 novembre 2020.

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Texte

Alain Rodier

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