Des manœuvres pilotées par la Russie et la Chine baptisées « mission de paix 2021 » se tiennent depuis le 20 septembre dans le camp de manœuvres de Dongouz dans la région d’Orenbourg près de la frontière du Kazakhstan. Elles doivent se terminer le 24.

Elles constituent une réponse au retrait brutal des forces de l’OTAN de l’Afghanistan puis à l’arrivée au pouvoir des taliban à la fin août. En effet, Moscou et Pékin comptent s’appuyer sur l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui est une structure intergouvernementale à caractère politique et économique pour faire barrage à toute velléité terroriste.

L’OCS est constituée depuis 2001 de la Chine, de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. L’Inde et le Pakistan ont rejoint l’OCS en juin 2017 (ils étaient « observateurs » depuis le 5 juillet 2005) et l’Iran en septembre 2021. L’objectif de cette organisation est de s’opposer à la dominance géopolitique occidentale particulièrement en Asie centrale mais aussi en Extrême-Orient. Cela dit, ce n’est pas une organisation intégrée comme l’OTAN. À noter que l’Afghanistan avait un statut d’observateur depuis le 6 juin 2012 mais les nouveaux maîtres du pays, les taliban, n’ont pas été invités à la dernière réunion de l’OCS qui s’est tenue le 17 septembre 2021 à Douchanbe au Tadjikistan. C’est lors de cette réunion que l’Iran qui avait un siège d’observateur depuis le 5 juillet 2005 est devenu membre à part entière de l’organisation.

Selon les autorités russes, ces manœuvres (les sixièmes du genre) engagent 5.500 hommes appartenant à cinq pays différents qui doivent « démontrer leur capacité opérationnelle pour s’opposer à contrer la menace représentée par un important groupe terroriste hors-la-loi ». Plus de 1.200 équipements et armements sont mis en œuvre.
La Chine a déployé 558 militaires et 130 véhicules devant parcourir plus de 6.300 kilomètres pour rejoindre la zone de manœuvres. Des avions de transport stratégiques Xi’an Y-20, des hélicoptères d’attaque Harbin VZ-19 et de transport Z-8G, des véhicules de combat d’infanterie ZBL-08, des engins blindés ZTL-11 et des engins d’assaut tous terrains Mengshi Mk3 ont été déployés.

Cet exercice constitue un prolongement à la manoeuvre Zapad 2021 (1) qui s’est tenue du 11 au 16 septembre puisque les forces biélorusses ont été invitées à y participer.

Même si le nombre de personnels et de matériels engagés reste très faible (par exemple, l’Inde n’a envoyé que 200 militaires des armées de terre et de l’air), le renouvellement de ces manœuvres permet aux différents intervenants de se connaître, à travailler ensemble. Elles apportent une expérience de coopération multilatérale qui ne pourra que se bonifier dans l’avenir. Il était prévisible que la « politique des sanctions » menée par Washington depuis des années à l’égard de nombreux pays ne les conduisent à s’unir contre ce que des dirigeants politiques considèrent comme une hégémonie insupportable.

1. Voir « Zapad 2021 – Les grandes manœuvres qui font peur à l’Europe » du 10 septembre 2021

Publié le

Texte

Alain Rodier

Photos

DR