Burkina Faso : 59 civils (52 hommes, sept femmes), 15 gendarmes et 6 supplétifs de l’armée ont été tués le 18 août lors d'une embuscade menée par des jihadistes présumés contre un convoi militaire escortant des civils, dans le nord du Burkina Faso.
Ouagadougou a déclaré le lendemain : « un convoi mixte composé de civils, d’éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) et de volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été la cible d’une attaque terroriste à 25 km de Gorgadji (nord) au cours de laquelle 30 civils 14 soldats et 3 VDP ont été tués ». Le bilan a été revu à la hausse le 20 août.
Gorgadji est situé dans la province du Séno dans la zone dite des trois frontières à cheval sur le Mali et le Niger. Cette région du pays est la plus touchée par les violences.
Cette dernière attaque est la troisième d’une série qui a causé plus d’une dizaine de morts à chaque fois.
Le 4 août, 30 personnes, dont 150 militaires, 11 civils et 4 VDP avaient été tuées à proximité de frontière nigérienne.
Le 9 août, 12 militaires avaient été tués lors d’une attaque près de la frontière malienne.
Déjà, le 4 juin vers 02h00 du matin, des hommes à moto s’en s’ont pris à plusieurs objectifs dans l’extrême nord du pays. Ils ont attaqué à une caserne des VDP assassinant impitoyablement, hommes, femmes et enfants. Ce raid a fait au moins 160 victimes. La majorité d’entre-elles a recensée dans un site d’orpaillage qui jouxte le village de Solhan, dans la province de Yagha. De nombreuses habitations avaient été incendiées et plus de 7.000 familles ont dû s’enfuir.
Toutes ces opérations ne sont généralement pas revendiquées. Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM lié affilé à Al-Qaida) a toujours nié être responsable de la mort de civils s’attaquant essentiellement à des représentants des gouvernements : militaires, policiers, élus, etc.). Il est donc très probable que le Groupe État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui est affilé à Daech et qui n’a pas ces réticences « morales » soit l’auteur de ces dernières violences. À la différence d’Al-Qaida, Daech ne cherche pas à gagner le coeur des populations au milieu desquelles il évolue sur différents théâtres de guerre, mais il veut les soumettre par la terreur.
Après six années de violences, plus de 1 400 morts sont à déplorer au Burkina Faso et l’on compte plus d’un million de déplacés.
La zone des trois frontières est une immense région rurale peu habitée. Les populations majoritairement pastorales sont très pauvres et constituent un terreau fertile à l’implantation de l’islam radical. La région est aussi connue pour ses nombreuses mines d’or artisanales qui constituent une source de financement importante pour les groupes armés terroristes (GAT).
De son côté, l’armée Burkinabé est mal équipée et peu entraînée. Elle est dépassée par la gravité de la situation et vit surtout retranchée dans des camps souvent situés à proximité des centres urbains. Pour pallier à ces faiblesses, Ouagadougou a mis en place fin 2019 des supplétifs civils, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) mais la constitution de ces milices populaires a entraîné des représailles des jihadistes contre les civils, premières victimes du conflit sahélien.
Par ailleurs, des militaires étrangers – français de l’opération Barkhane et tchadiens de la force régionale du G5-Sahel (Mauritanie, Tchad, Burkina, Mali et Niger) – opèrent également dans la zone des trois frontières en général et dans le nord du Burkina Faso en particulier. Les opérations menées dans cette zone sensible ont permis de limiter les actions jihadistes sans pour autant parvenir à neutraliser les GAT disséminés dans cette immense région.
Mali : il est à craindre que la récente victoire des taliban en Afghanistan ne galvanise les forces d’Al-Qaida implantées de par le monde car la nébuleuse considère que c’est « sa » victoire » et qu’elle peut la renouveler ailleurs (ce qui n’est pas le cas de Daech qui accuse les taliban – donc Al-Qaida – de « collusion » avec les Américains).
Cela devrait avoir des répercussions au Sahel avec un accroissement des opérations offensives du GSIM.
Ainsi, le 19 août, 15 soldats maliens ont été tués et 34 blessés au cours d’une embuscade dans le centre du Mali. L’armée malienne a déclaré : « Un convoi est tombé dans une embuscade ce jour, le 19 août 2021, en fin de matinée. Un véhicule piégé a d’abord explosé suivi de tirs intenses […] le nouveau bilan provisoire de l’embuscade terroriste est de 15 morts, dont 13 gendarmes et 2 éléments de l’armée de terre et 34 blessés dont 10 graves».
Les militaires maliens se déplaçaient de Boni vers Hombori. L’embuscade a eu lieu près de Douentza. Cette région de Mopti située au centre du Mali est une brousse parsemée de forêts clairsemées surplombée par un massif montagneux où sont réfugiés les GAT. Les attaques contre les forces maliennes y sont régulières.
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