Deux semaines après le deuxième coup d’État au Mali, le président Macron a annoncé « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et une transformation importante de la présence française au Sahel.

Le coup d’État à Bamako est un prétexte idéal et, finalement, rend service à Paris. Car le gouvernement français cherchait un moyen de sortir du piège de Barkhane, sorte de scénario à l’afghane : une guerre sans fin, impopulaire, tuant des soldats français, et épuisant les crédits militaires et les matériels.

En réalité, le retrait de Barkhane avait été initié à l’été 2018, puis validé un an plus tard. À cette époque, l’objectif du retrait était simple : donner un coup d’accélérateur en effectuant de grandes opérations pour nettoyer le terrain des groupes terroristes et sécessionnistes, et mettre en place la force du G5 Sahel et la Task Force Takuba. Mais le planning a pris du retard, car les forces africaines peinent à être opérationnelles et les Européens, sauf quelques bons élèves, se font tirer l’oreille pour envoyer des soldats dans les sables du Sahel. Le coup d’État est arrivé « au bon moment », mais la décision française ne serait qu’« opportunisme politique », selon certains experts.

D’autant que « la forme de notre présence, sous forme d’opération extérieure, n’est plus adaptée à la réalité des combats », a déclaré le président Macron. En d’autres termes, à l’issue d’une opération, un territoire aussitôt quitté est perdu à nouveau. Le plan de sortie se veut progressif. L’idée est de revenir à la situation militaire qui prévalait avant le déclenchement de l’opération Serval (en janvier 2013) avec la présence de forces spéciales françaises dans la région, à savoir la Task Force Sabre (installée au Burkina Faso et en Mauritanie) et la formation des armées locales. Avec un plus, tout relatif d’ailleurs : l’implication des pays européens au sein du groupement de forces spéciales Takuba, ainsi que l’appui des États-Unis (très récemment obtenu).

L’effectif des forces françaises pourrait être divisé par deux, soit environ 2 500 hommes en 2023. Toutefois, des unités seront présentes aux frontières du Mali, pour continuer à soutenir le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, et empêcher leur déstabilisation. Le réel a fini par s’imposer, car faute d’avoir eu des objectifs clairs, il était compliqué de mettre en oeuvre une stratégie…

Bonne lecture
Eric Micheletti

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