Un universitaire allemand à la réputation internationale qui, en dehors de ses activités professionnelles classiques travaillait secrètement depuis 50 ans pour le service fédéral de renseignement extérieurs allemand (Bundesnachrichtendienst, - BND -) est accusé par les autorités allemandes d’avoir aussi été une source du Guoanbu du Ministère de la sécurité d’État chinois.

Il avait travaillé pour la fondation Hanns Seidel domiciliée à Monaco lié au CSU, la branche bavaroise de la CDU d’Angela Merkel. En 2001, Klaus Lange avait fondé un cabinet de conseil géopolitique spécialisé dans les affaires asiatiques : l’« Institute for Transnational Studies (ITS) » domicilié Munich. Au début des années 2010, il avait ouvert une branche de ce cabinet à son domicile italien de Gais dans les Dolomites dont est originaire son épouse, Klara Knapp. Elle même diplômé d’un doctorat de philosophie et ancienne professeur d’anglais, elle était devenue directrice adjoint de l’ITS.

Fort de sa réputation de chercheur et de ses nombreuses relations universitaires, cet organisme permettait au couple de rencontrer lors de colloques, de conférences et de visites internationale de nombreux décideurs privés et publics. Les deux délivraient de nombreuses conférences dont les sujets allaient du terrorisme islamique aux politiques énergétiques…

Lange aurait été contacté par les services chinois lors d’un voyage à l’Université de Tongji à Shangaï en juin 2010. Il aurait fait part de ce premier contact au BND qui lui aurait demandé de « poursuivre pour voir ce qu’ils voulaient ». Bien sûr, il va falloir vérifier ce fait présenté comme une « excuse » par le chercheur. Si la manœuvre est classique (en faire un agent double), elle doit être maîtrisée en permanence en triant les informations et les désinformations passées à l’adversaire.

En 2019, le domicile du couple Klaus Lange – Klara Knapp à Landshut au sud-est de la Bavière avait fait l’objet d’une perquisition alors qu’il devait se rendre à Macao. Des ordinateurs et des documents avaient été saisis. Bien logiquement et par mesure de sécurité, les contacts avec les services chinois avaient été interrompus.

Il est difficile pour le moment de savoir quelles étaient les motivations du couple. Selon l’acte d’accusation, une seule trace de paiement aurait été découverte même si leurs voyages vers l’Extrême-Orient leur étaient payés (ce qui est le cas de nombreux conférenciers de haut niveau, ils ne sont pas payés mais défrayés). Ils sont juste astreints à déclarer au fisc ces avantages en nature.

C’est au tribunal régional de Munich de décider si Lange sera inculpé pour intelligence avec une puissance étrangère. Il risque une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans et une amende.

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Alain Rodier

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