Le 27 juin, des chasseurs-bombardiers F-15 et F-16 de l’US Air Force ont bombardé des installations des Forces de mobilisation populaires (PMF) chiites irakiennes de part et d’autre de la frontière syro-irakienne.

Ces installations (deux situées en Syrie et une en Irak) seraient particulièrement utilisées par les milices Kataib Hezbollah et Kataib Sayyid al-Chuhada comme centres opérationnels et stockage de matériels.  C’est la seconde fois depuis le début de son mandat en janvier 2021 que le président Joe Biden autorise une telle action. Déjà en février, il avait donné son aval à une frappe limitée en Syrie pour répondre à un tir de roquettes sur une base américaine en Irak.

Les installations militaires américaines en Irak font l’objet de frappes de plus en plus fréquentes de la part de drones (cinq depuis avril), opérations qui sont attribuées à Téhéran. Il est vrai que l’Iran a acquis une expertise dans le domaine des drones que l’on peut retrouver dans les mains des mouvements qu’il téléguide. Dans les faits, les forces US en Irak ont globalement subi plus de 40 attaques – majoritairement à la roquette ou au mortier – depuis le début 2021.

Ces incidents surviennent alors que la nouvelle administration américaine envisage de revenir à la table des négociations portant sur l’effort nucléaire iranien. Le président Biden a rencontré le nouveau président israélien élu, Reuven Rivlin, à la Maison-Blanche le 28 juin pour discuter de ce problème, l’États hébreu étant totalement opposé à la réouverture des discussions.

Le gouvernement irakien tente de contrôler – sans grand succès – ces milices Hachd al Chaabi qui défendent surtout les intérêts de l’Iran. Il n’empêche qu’il a condamné la frappe américaine sur son territoire, l’une des positions ciblée étant située près d’al-Qaïm dans l’ouest de l’Irak. Le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi a dénoncé le 28 juin : « une violation flagrante de la souveraineté [de son pays]… Nous réitérons notre refus de voir l’Irak comme un terrain pour régler les comptes … ».

Le porte parole du Pentagone John Kirby a déclaré de son côté : « les États-Unis ont mené des opérations programmées, nécessaires et appropriées tout en limitant le risque d’escalade – mais aussi en adressant un message clair, sans ambiguïté et dissuasif – ». Le nombre des victimes de ces bombardements n’est pas connu, les estimations allant de cinq à dix victimes.

Les responsables des milices – mais aussi des hommes politiques irakiens – ont menacé les États-Unis d’une riposte. Une première a été déclenchée le 28 juin vers 19 H 45, des roquettes étant tirées sur un cantonnement US dans l’est de la Syrie à proximité de l’important champ pétrolier d’Al-Omar (situé le long de l’Euphrate). Les Américains ont effectué des tirs de contre batteries mais n’auraient pas subi de perte humaine. Un engrenage infernal est désormais possible.

Les Irakiens reprochent aussi à Washington de ne pas retirer ses troupes d’Irak alors que la Maison des représentants (le parlement irakien) a demandé leur départ en janvier 2020 après l’assassinat du major général Qassem Soleimani à l’aéroport de Bagdad. Les États-Unis maintiennent 2.500 militaires en Irak dans le cadre d’une coalition internationale dont le but officiel de continuer à lutter contre les réminiscences de Daech. C’est certainement vrai mais ce n’est vraisemblablement pas le seul objectif des Américains. Ces derniers veulent en effet gêner la politique iranienne d’établir un « arc chiite » qui relierait Téhéran à Beyrouth via l’Irak et la Syrie.

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Texte

Alain Rodier

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