Les Émirats Arabes Unis auraient déménagé une partie de la base militaire qu’ils occupaient dans le port d’Assab en Érythrée depuis 2015 pour débuter une installation dans l’île yéménite de Périm (Mayyun) qui contrôle le point le plus étroit du détroit stratégique de Bab El Mandeb situé à l’entrée de la Mer Rouge.

Le plus curieux réside dans le fait que les autorités légales yéménites n’ont pas été informées formellement de cette installation même si les EAU soutiennent que des négociations sont en cours pour une location de 20 ans. Les EAU sont déjà présents sur zone ayant construit en 2017 une base à Berbera au Somaliland.

L’affaire avait débuté lors de la reconquête en 2015 de cette île stratégique qui était occupée par les rebelles yéménites houthis. Les EAU qui avaient participé à l’assaut aux côtés des forces saoudiennes avaient ensuite occupé le terrain comme elles l’ont aussi fait sur l’île de Socotra situé au sud-est du Yémen.

Elles avaient débuté la réhabilitation de l’ancienne piste d’aviation en 2016. Pour des raisons inconnues, les travaux avaient été interrompus. À noter que cette île aurait été utilisée comme prison secrète par les EAU.

Selon des photos satellite, les travaux auraient repris deux bâtiments pouvant accueillir des drones étant construits et une nouvelle piste en chantier étant en phase d’achèvement.

Pourtant, les EAU avaient annoncé se retirer de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis et ses alliés. Il semble que les EAU envisagent de faire de cette île un point d’observation et de renseignement dirigé essentiellement contre l’Iran ce qui ne peut que satisfaire Riyad.

La nouvelle piste devrait faire 1.800 mètres de long et 50 mètres de large. Elle permettra d’accueillir les C-130s et les Boeing C-17A Globemaster III émiratis mais aussi des appareils de guerre électronique, des chasseurs-bombardiers et des drones. Des infrastructures jouxtant le port situé au sud de l’île seraient en cours de réalisation. Enfin, des emplacements asphaltés sont en cours de réalisation permettant ensuite d’y installer des équipements divers comme des batteries de défense aérienne ou/et de guerre électronique.

L’objectif semble clair: empêcher les navire iraniens d’entrer clandestinement en Mer Rouge, en particulier en détectant ses sous-marins.
Il ne semble pas que ces installations servent directement contre les houthis mais indirectement, elles peuvent participer à la lutte contre le trafic maritime d’armes dont ils bénéficient. Par contre, les Houthis pourront très bien les frapper avec des missiles sol-sol et des drones comme ils le font assez régulièrement en Arabie saoudite. En effet, cette île est positionnée à moins de 35 kilomètres de la côte yéménite…

 

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Texte

Alain Rodier

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