Jorge Quispe Palomino alias « Raúl », un important « Commandante » du mouvement maoïste Sentier Lumineux pour la région de la vallée de l'Apurímac, de l'Ene et du Mantaro (dite « VRAEM ») qui était un des hommes les plus recherchés du Pérou, est mort fin janvier 2021 a annoncé l’armée péruvienne.

Il était le numéro deux de la guérilla maoïste du Sentier Lumineux pour la région du VRAEM. « Les travaux des services de renseignement ont confirmé que, le 27 janvier 2021, est mort Camarade Raul » écrit le commandement conjoint de l’armée dans un communiqué. Sa mort est la « conséquence de la maladie rénale chronique […] aggravée par les blessures infligées lors de l’attaque du 29 octobre [2020] contre le campement où il se trouvait » dans Le VRAEM, principal secteur de production de la coca au Pérou. Lors de cet assaut par air, il a été fait usage d’« armes depuis un hélicoptère contre les campements terroristes » a précisé Lima.

Le président Francisco Sagasti a déclaré de son côté : «Je tiens à souligner la nouvelle que le ministère de la Défense nous a donnée qu’après une série d’interventions à la fin de l’année dernière, il a été possible de confirmer la mort et la mort du terroriste, le camarade Raúl, décédé le 27 janvier et sa mort a été cachée [par les activistes] pour ne pas démoraliser les terroristes ».

Une récompense de deux millions de sols (470.000 euros) était promise pour tout renseignement permettant sa capture car il faisait partie de la direction du comité central du Sentier Lumineux dirigé par son frère, Victor Quispe Palomino alias « José ». Washington avait aussi mis cinq millions de dollars sur sa tête mais l’accusait principalement de trafic de drogue.

À partir de 1999, le clan Quispe Palomino, c’est-à-dire des camarades « José » (Víctor Quispe Palomino), « Raúl » ( Jorge Quispe Palomino ), « Gabriel » ( Marco Antonio Quispe Palomino ) et « Alipio » (Alejandro Borda Casafrance), deviennent les responsables d’une faction armée senderista qui opère dans la région de la VRAEM. Ils sont alliés aux narco-trafiquants pour assurer le financement de la révolution. « Gabriel » et « Alipio » sont neutralisés en 2013 par les forces de sécurité péruviennes laissant les frères Jorge et Víctor comme les principaux dirigeants du groupe Sentier Lumineux. À noter qu’Abimael Guzmán alias « président Gonzalo» arrêté en 1992 (et finalement condamné à la perpétuité en 2005), le fondateur et chef historique ne SL n’a jamais reconnu ni Víctor ni ses frères comme membres de l’organisation. Il faut dire qu’il avait négocié un accord de paix depuis sa prison en 1993, accord bien sûr non admis par les militants encore en liberté… En retour, ces derniers n’ont jamais accepté son autorité (d’autant qu’il était derrière les barreaux!). En 2018, Victor a déclaré que son groupe n’était pas lié à Sentier Lumineux et que son nom officiel était : Parti communiste militarisé du Pérou (MPCP).

En 2003, la commission Vérité et réconciliation (CVR) avait chiffré à quelque 70.000 le nombre de victimes durant les vingt ans de conflit (1980-2000) entre l’armée et les guérillas du Sentier Lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA, guévariste). Au plus haut de sa popularité, SL aurait compté jusqu’à 25.000 activistes.

Si la quasi-totalité des dirigeants de la guérilla maoïste entrée en conflit avec l’État péruvien en 1980 est désormais incarcérée. Il ne reste que quelques combattants éparpillés dans des zones forestières et montagneuses isolées. Les autorités estiment leur nombre à 350 et les accusent de coopérer avec les trafiquants de drogue. Comme en Colombie, ils sont devenus des narco-terroristes.

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Texte

Alain Rodier

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