Pour la première fois depuis 45 ans, dans la nuit du 15 au 16 juin, des soldats indiens et chinois se sont affrontés sur la zone frontière dans la vallée de Galwan, dans l’Himalaya. Moins de 24 heures plus tard, la main sur le cœur, New Delhi et Pékin se disaient d’accord pour apaiser les tensions.

Pourtant, fin juin, les deux pays continuaient à renforcer leurs troupes dans la région du Ladakh, en particulier dans cette vallée de Galwan située à 4 400 m d’altitude. Déjà en mai dernier, sous prétexte d’exercices, l’Armée populaire de libération (APL) chinoise s’était déployée dans la région. Après une plainte de l’Inde, les états-majors respectifs avaient trouvé un accord et chaque armée avait reculé de 2 à 2,5 km de la fameuse « ligne de contrôle effectif » (LAC) 1.

Toutefois, dix jours plus tard, lors du démantèlement d’un camp chinois, les soldats chinois et indiens s’affrontaient « à mains nues ». Bilan : 20 tués et 76 blessés côté indien et, officieusement, 43 morts côté chinois. Le 22 juin, les deux parties trouvaient un nouvel accord prévoyant « un désengagement commun de toutes les zones de tension dans la région du Ladakh ».  Au même moment, une entreprise satellitaire américaine mettait de l’huile sur le feu en diffusant une image montrant un nouveau camp militaire chinois situé exactement là où avait eu lieu l’incident du 15 juin.

Selon les Indiens, ce camp se trouvait sur leur territoire. Et New Delhi d’annoncer : « La perte de confiance envers la Chine est patente et nos forces armées doivent se tenir en alerte. » Fin juin, les deux armées restaient déployées en grand nombre dans la région. On parlait de 36 000 soldats indiens appuyés par plusieurs dizaines de chasseurs-bombardiers Su-30MKI, Jaguar et Mirage 2000H basés non loin de la LAC. En face, on comptait 5 000 militaires chinois, une centaine de chars, 50 véhicules de combat transport de troupes, plusieurs escadrons d’avions de combat J-8F, J-11B et J-16 et même plusieurs bombardiers stratégiques H-6.

Cependant, les experts ne pensent pas qu’un conflit majeur éclate, ils penchent plus pour des escarmouches car, selon eux, les Indiens ne respectent pas le territoire chinois et bloquent régulièrement la rivière Galwan. En fait, chacune des parties ment : c’est de bonne guerre ; ce qui l’est moins, c’est que les deux géants asiatiques, très nationalistes, jouent des muscles et peuvent – sitôt sortis de la pandémie –
être tentés de se lancer dans une guerre limitée.

 

1. La LAC (line of actual control) est longue de 4 000 km ;
elle a été instaurée après la guerre sino-indienne de 1962.

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