Andrés Manuel López Obrador surnommé « AMLO », le président mexicain (depuis le 1er décembre 2018) a annoncé au cours d’un déplacement le 17 juillet Manzanillo dans l’État de Colima, la « militarisation » des ports et bureaux de douanes. Cette mesure a pour but de combattre la corruption, la contrebande et le trafic de drogues. AMLO a été très clair : « nous allons nettoyer les ports et des douanes dans ce pays ». À noter que le problème n’est pas uniquement constitué par les trafics partant du Mexique mais aussi par ceux qui y arrivent en particulier ceux des armes (venant majoritairement des États-Unis) et des produits précurseurs nécessaires à la fabrication de l’héroïne et de drogues synthétiques (produits en provenance d’Orient). C’est ainsi qu’il a été noté l’augmentation depuis plusieurs mois de l’importation de produits précurseurs nécessaires à la confection du fentanyl, un analgésique opioïde qui, en dehors de son emploi médicinal, est très populaire comme drogue festive en Amérique du Nord. Elle est considérée comme l’une des plus dangereuse sur le marché en raison du nombre très élevé de cas de surdoses mortelles. En mai, le directeur de l’unité du renseignement financier avait déclaré que les deux points principaux d’entrée pour ces produits précurseurs étaient les ports de Manzanillo et de Lázaro Cárdenas (dans l’État de Michoacán). Le secrétaire d’État à la Marine, Rafael Ojeda, a assuré que cette dernière garantirait parfaitement la sécurité en mer et dans les ports. Parallèlement, de nombreux fonctionnaires des douanes ont déjà été relevés de leurs fonctions et six responsables font l’objet d’enquêtes judiciaires.

Toutefois, c’est loin d’être la première fois que les douanes sont dans le collimateur des autorités. En 2009, le président de l’époque, Felipe Calderón, avait licencié 1.400 de ses membres et les avait remplacé par des militaires le temps que de nouveaux fonctionnaires soient formés. Mais la croisade contre la corruption s’accentue et provoque une militarisation de plus en plus importante de la société. De plus, la création d’une Garde Nationale devant assurer la sécurité des populations face aux violences criminelles, a été décidée l’année dernière. Les deux premières missions confiées à ce nouveau corps militaire sont d’assurer la sécurité des hôpitaux durant le crise du coronavirus et de contenir l’immigration illégale venant du sud. L’armée s’immiscerait également de plus en plus dans la vie économique. Si ces mesures sont approuvées par une grande partie de la population, elles attirent la défiance d’opposants politiques et d’ONG qui affirment qu’il est dangereux de confier la sécurité publique à l’armée – sans oublier d’émettre aussi des doutes quant à la probité réelle de tous ses membres.

Cela dit le nouveau président n’a pas vraiment le choix. Le Mexique a connu 35.000 meurtres en 2019, le chiffre le plus élevé depuis 1997 ! Les cartels font en permanence la démonstration de leur force « militaire » (comme le plus puissant, le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération – CJNG -) et de leur capacité de corruption qui touche tous les strates de la société et de la fonction publique. Il est d’ailleurs possible que l’ancien PDG de la société Pemex (Petróleos Mexicanos) de 2012 à 2016, Emilio Lozoya Austin, accusé de différentes fraudes financières qui vient d’être extradé d’Espagne, apporte des preuves de l’implication de hautes personnalités entourant l’ex-Président Enrique Peña Nieto (2012-2018). AMLO a assuré qu’il n’entraverait pas l’action de la justice même si son prédécesseur était mis en cause…

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Alain Rodier

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