La base militaire Turque de Mogadiscio appelée « Camp TURKSOM » (Somali Türk Görev Kuvveti Komutanlığı) a été pour la première fois frappée par un kamikaze le 26 juin à 09 H 00. Un terroriste qui se présentait comme une recrue s’est fait exploser dans la file d’attente à l’entrée du complexe militaire. Les autorités ont annoncé la mort de deux civils en plus du terroriste alors que les shebabs via leur « agence de presse Radio al-Furqan » ont parlé de sept officiers tués et quatorze autres blessés.
Cette action terroriste s’inscrit en représailles à l’offensive menée par les forces gouvernementales déclenchée au début juin dans la région de Galmudug au centre du pays (opération elle-même lancée pour répondre à l’assassinat du gouverneur de Mudug en mai).
La base de Mogadiscio qui s’étend sur 400 hectares est la plus importante de toutes celles qu’Ankara a déployé de par le monde – même au Qatar -. Elle a été inaugurée le 30 septembre 2017 et compte quelques 200 militaires turcs (instructeurs et protection). Sa mission première est de former et d’entraîner les forces régulières somaliennes. Le 18 avril 2020, un premier « bataillon » de plus de 400 stagiaires a été diplômé.
Déjà en mai 2018, les shebabs avaient tiré des roquettes vers cette base mais aucun dégât n’avait été signalé. Le porte-parole du mouvement de l’époque avait alors déclaré : « nous ne faisons pas de distinction entre les militaires turcs, américains, kényans, éthiopiens ou britanniques. […] tous sont des envahisseurs qui combattent la loi islamique et c’est une obligation de les chasser et de les tuer. » C’est tout de même un désaveu pour la stratégie d’Ankara qui présente ses « missionnaires » outre-mer comme des musulmans plus aptes à remplir des missions dans des pays islamiques. Aux yeux des shebabs, ils sont au même niveau que leurs homologues des autres nations non musulmanes.
Une délégation turque qui était en mission exploratoire pour une future visite du président Recep Tayyip Erdoğan (qui a eu lieu en 2016) avait déjà été visée en janvier 2015 par un véhicule explosif qui avait détonné à l’hôtel SYL où elle était descendue.

La politique d’Erdoğan en Afrique
Erdoğan a largement accru le niveau de la politique étrangère turque en direction du continent africain. Ankara y compte désormais 41 ambassades contre seulement 12 en 2003 et la compagnie aérienne Turkish Airlines dessert 58 destinations contre 14 en 2011. L’Agence turque de coopération et de coordination y a ouvert 22 bureaux ainsi que de nombreuses mosquées administrées par des prédicateurs formés en Turquie. Environ 4.500 étudiants africains bénéficient aujourd’hui de bourses d’études en Turquie. Le commerce bilatéral a été multiplié par cinq sous Erdoğan, atteignant 26 milliards de dollars, chiffre devant être doublé dans l’avenir.
Déjà présente au Soudan et à Djibouti, la Turquie a considérablement investi en Somalie : amélioration des infrastructures (le BTP est une des spécialité turque très appréciée à l’étranger pour son rapport coût/qualité), rénovation des écoles, formations militaires, etc. Erdoğan est venu en visite officielle en 2016 (après l’Ouganda et le Kenya) dans ce pays ravagé par la guerre civile, apportant une aide que les autorités somaliennes ont logiquement accepté.

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Alain RODIER

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