La branche d’Al-Qaida dans l’Afrique de l’Est, les shebabs, a repris ses offensives dans le sud de la Somalie. Une des attaques était dirigée contre les forces de l’Amisom (mission de l’Union africaine en Somalie, African Union Mission in Somalia). L’ »Agence de presse » Shahada a déclaré le 24 avril : « nous ouvrons le mois béni du ramadan avec deux opérations martyre avec des véhiculés piégés lancés sur la base ougandaise située sur l’aéroport de Barawa ». Les jihadistes ont aussi affirmé que ces attentats à la bombe « avaient causé de nombreuses pertes dans les forces ougandaise ». Pour les observateurs qui l’ignorent, le mois de ramadan est la période privilégiée pour les jihadistes pour passer à l’action et en aucun cas un temps de paix. Mourir en martyr à ce moment là conduit directement au paradis… Mais si les autorités ont bien confirmé les attaques par des véhicules piégés, elles ont aussi conclu que les « troupes avaient repoussé l’attaque de l’aéroport par les shebabs ». Aucun Ougandais ou Somalien n’aurait été tué lors de cette attaque.
Dans une déclaration distincte, les shebabs ont revendiqué une deuxième action contre les troupes kenyanes près de la localité d’Hoosingow située à la frontière somalo-kenyane. Là également, les versions divergent car les Kenyans parlent de deux tentatives, la première effectivement à Hoosingow et, cette dernière ayant échoué, une deuxième a été lancée, aussi sans succès, plus au nord dans la région de Gedo.
Ces opérations surviennent alors que les forces somaliennes mènent une vaste opération de nettoyage dans la région autonome du Jubaland située au sud-ouest du pays destinée à chasser les shebabs de quelques importantes localités. De leur côté, les unités des forces spéciales « Danab » entraînées par les Américains et appuyées par l’aviation US ont repris l’importante ville de Janaale de la région du Basse Shabele.
Malgré la perte récente de hauts responsables, les shebabs continuent à se maintenir dans le sud somalien avec la possibilité de frapper plus au nord la capitale Mogadiscio et plus au sud à l’intérieur même du Kenya. Le 5 janvier 2020, une attaque avait visé la base de Camp Simba (Manda Bay) situé au Lamu (Kenya) tuant un soldat et deux sous-traitants américains et endommageant plusieurs aéronefs qui y étaient stationnés. La Force de réaction en Afrique de l’Est (EARF) qui a relevé de la Task force interarmes-Corne de l’Afrique (CJTF-HOA) de l’Africom a réagi en menant depuis le début de l’année de nombreuses frappes air-sol. Ainsi, le 2 avril, elle a neutralisé le responsable shebab Yusuf Jiis présenté par le général Stephen J. Townsend, commandant de l’Africom, comme « un chef violent, sans pitié, responsable de nombreux morts ».
A n’en pas douter, les Américains n’ont pas l’intention de laisser le champ libre à Al-Qaida dans la Corne de l’Afrique.

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Alain RODIER

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