L’armée de terre renouvelle ses parcs de véhicules et d’équipements à partir de l’an prochain. En quelques mois arriveront le MMP (2016), l’AIF (2017), le Griffon (2018), le Jaguar (2020). Dans moins de cinq ans, tous les matériels nouveaux seront entrés en service.
Le Griffon
Le Griffon déplacera 24,5 tonnes, et embarquera un tourelleau téléopéré (TOP) développé par Renault Trucks Defense. Le groupe avait déjà planché sur un premier modèle basique, le Wasp, développé avec Sagem : ce Wasp avait été monté sur VBL et PVP. Le TOP comprendra une mitrailleuse de 12,7 mm ou un lance-grenades automatique de 40 mm (T1) ou une 7,62 mm (T2). Sagem fournit le boîtier optronique trisenseur (BOT) qui permet les fonctions de détection des cibles et de guidage du tir. Ce BOT comprend une voie infrarouge non refroidie, une voie TV/HD, un télémètre laser et un gyromètre.
Il disposera aussi d’une couronne de huit lanceurs Galix.
La navigation du véhicule est assurée par l’Epsilon 10, un navigateur avec gyromètre vibrant. Cet équipement permet une navigation autonome pendant une heure sans recourir au GPS. Ce 6 x 6 sera motorisé par un MDE8 de 400 chevaux disposant d’une boîte automatique. La suspension hydromécanique a été développée par Quiri, une PME alsacienne qui avait déjà planché sur celle du VBCI ; elle fournit aussi celle du Jaguar. La chambre de combat offre un volume de 13 m3, et les coffres additionnels extérieurs, 0,5 m3.
Le Griffon comprend aussi un nouveau dispositif de surveillance, la vision hémisphérique proche (VHP) de Thales, Antares, présenté il y a déjà deux ans. Le système fonctionne avec un capteur de 5,5 mégapixels relié à des fisheyes qui permettent les angles incroyables tout en offrant une détection d’illumination laser. Antares voit sur 360°, avec un angle vertical de 90° (‑ 15°/+ 75°). L’industriel annonce la détection d’un sniper jusqu’à 150 m, et d’un blindé à 500 m. Mines et IED (explosifs improvisés) d’un diamètre supérieur à 30 cm pourraient aussi être détecté s jusqu’à 20 m. Sur les afficheurs, l’équipage aura la possibilité de mettre en mode image pleine, écran scindé en deux ou quatre types d’images simultanées, et zoom. L’équipement de base est présenté comme fonctionnant jour et nuit (jusqu’à nuit 2), la version « riche » disposant d’un illuminateur infrarouge (non retenu par la France). Antares équipera le Jaguar, et est candidat à la modernisation du Leclerc et du VBCI.
Le Griffon disposera également de détecteur de départ de coup Pilar V de Metravib, dont 500 systèmes ont été achetés dans le cadre de Scorpion. Environ 300 autres plus anciens avaient été acquis par la France dès la Bosnie, en 1995, puis lors de l’Afghanistan (Pilar 4 ou SLATE). Intérêt : il est possible de faire rallier le TOP sur les départs de coups détectés par le Pilar, un gain de temps qui laisse néanmoins l’homme dans la boucle.
Le véhicule comprendra une analyse numérique des pannes, et pourra ainsi être entretenu sur un mode complètement différent, la notion de « visites horaires » n’ayant plus de sens. Le temps de dépose du moteur (sur rails) est annoncé à une heure. La génération électrique offrira 570 ampères. La batterie sera d’un modèle au plomb. Militaires et industriels du programme que nous avons interrogés sur le sujet expliquent que le lithium-ion n’a pas encore fait complètement preuve de tous ses atouts et qu’il peut présenter des limites pour le transport aérien, par exemple.
La vitesse maximale est annoncée à 90 km/h, l’endurance à 800 km (à la vitesse moyenne de 60 km/h). Le Griffon passe un gué de 80 cm, une pente de 50 %, un dévers de 30 %.
La cible de production comporte 1 668 véhicules, dont 1 022 de transport de troupes (avec des variantes, sniper, mortier de 81 mm, élément léger d’intervention, génie, ravitaillement, etc.), 333 postes de commandement, 117 véhicules d’observation d’artillerie (ou VOA) et 196 médicalisés. Auxquels s’ajoute une version avec toit ouvrant qui intégrera un mortier de 120 mm.
La version la plus aboutie (et la plus chère) sera sans aucun doute le Griffon VOA, attendu en 2022. Il disposera d’une capacité de navigation et de localisation bien plus précise grâce à une centrale inertielle, afin d’effectuer des extractions des coordonnées qui autoriseront les tirs. La fonction optronique d’artillerie (FOA), une tête optique dérivée de celle du Jaguar, sera montée sur un bras télescopique qui permettra la détection et l’observation des cibles depuis une demi-douzaine de mètres au-dessus du véhicule, et une capacité d’illumination laser (pour un obus, une roquette ou une bombe guidée laser). On peut rappeler que le drone aérien Patroller (également développé par Sagem) aura lui aussi cette capacité, ce qui démontre – s’il était besoin – l’envie de l’armée de terre d’être beaucoup plus présente sur les questions de ciblage qu’elle ne l’est actuellement. Le VOA comprendra aussi un radar GO12 de surveillance du champ de bataille, développé par Thales en Allemagne dans la foulée du BOR-A, en service dans l’armée de terre. Le GO12 équipe déjà l’armée allemande. L’antenne rotative couvre 360° et détecte les cibles qui peuvent ensuite être ralliées par la FOA qui peut être asservie sur la cible, si cette dernière est mobile. Les informations détectées peuvent ensuite être diffusées dans tout le GTIA par SICS.
Le Jaguar
Le Jaguar héberge trois cavaliers, dont deux dans la tourelle. Cette dernière porte un canon CTAI de 40 mm traitant les cibles jusqu’à 1 500 m. Le canon peut tirer des munitions airburst (explosant en altitude) qui permettent donc de disperser des éclats sur une zone. Avec un effet de surprise évident pour l’adversaire : s’il entend un départ de coup de canon, il n’a pas le temps de se demander si on lui envoie de l’airburst… ou pas.
Un industriel explique qu’en quatre tirs, l’équivalent d’un terrain de football serait couvert. 60 obus sont prêts à utilisation en tourelle, et 170 en réserve. Le véhicule peut porter eau et vivres pour trois jours d’autonomie.
Deux missiles MMP sont prêts au tir dans un lanceur rétractable à droite (avec deux missiles en réserve à l’arrière) pour des cibles jusqu’à 4 000 m. Ce lanceur est intégré sous blindage à l’intérieur de la tourelle plutôt qu’à l’extérieur (comme c’est le cas pour la version export de la tourelle T40) pour deux raisons : il fallait protéger les missiles contre la ferraille du champ de bataille, et prendre en compte les gabarits… SNCF – qui contribue donc, sans le savoir, à sculpter les silhouettes de nos blindés ! La version export, elle, dispose de deux conteneurs latéraux portant chacun deux missiles. Le Jaguar français comprend, en outre, un espace de stockage pour deux missiles supplémentaires. Il faut néanmoins que l’équipage s’expose, hors blindage, pour recharger. Le missile est placé sur un rail de guidage qui l’amène dans chacun des deux emplacements du lanceur.
Il dispose aussi d’un tourelleau 7,62 mm et des viseurs Paseo à six voies développés par Sagem, baptisés FOC (pour fonctions optroniques chef) et FOT (pour fonctions optroniques tireur) qui possèdent des fonctions de réalité augmentée. Les optiques ont été disséminées afin que des tirs adverses « n’aveuglent » pas l’un et l’autre. Chaque tourelleau optronique possède son viseur vidéo avec voie TV HD (deux champs), une voie thermique (deux champs), un télémètre laser et un viseur direct. La navigation du véhicule est fournie par une centrale inertielle développée par Thales.
Pour son autoprotection, le véhicule disposera un détecteur Pilar V, d’un brouilleur Barrage (sur deux antennes à l’avant), de huit lanceurs Galix et d’un senseur Antares implanté à l’avant droit de la tourelle et à l’arrière gauche. Une salve Galix fumigène est prête à tirer (et deux en réserve), ainsi qu’une salve vulnérante (Galix 4), avec deux en réserve.
Le véhicule peut rouler jusqu’à 90 km/h et doit être endurant sur 800 km sur le plein interne. Le moteur crache 500 chevaux, soit 100 de plus que sur le Griffon pour une masse maximale quasi identique (25 tonnes). La masse maximale native est en fait de 24,3 tonnes, avec une réserve de 700 kg pour des évolutions de configuration. Un stockage de 1 m3 est aussi disponible.
Sa suspension active lui permet de gagner quelques précieux centimètres pour les zones risquées en IED et mines. Cette même suspension lui permet aussi de faire varier les angles de tir, de réduire sa hauteur d’exposition derrière une protection naturelle, etc. Elle offre donc, au final, plusieurs véhicules en un. La configuration du Jaguar lui permet de passer un gué de 1,20 m, une pente de 60 %, un dévers de 30 %.
Le Jaguar
Le Jaguar héberge trois cavaliers, dont deux dans la tourelle. Cette dernière porte un canon CTAI de 40 mm traitant les cibles jusqu’à 1 500 m. Le canon peut tirer des munitions airburst (explosant en altitude) qui permettent donc de disperser des éclats sur une zone. Avec un effet de surprise évident pour l’adversaire : s’il entend un départ de coup de canon, il n’a pas le temps de se demander si on lui envoie de l’airburst… ou pas.
Un industriel explique qu’en quatre tirs, l’équivalent d’un terrain de football serait couvert. 60 obus sont prêts à utilisation en tourelle, et 170 en réserve. Le véhicule peut porter eau et vivres pour trois jours d’autonomie.
Deux missiles MMP sont prêts au tir dans un lanceur rétractable à droite (avec deux missiles en réserve à l’arrière) pour des cibles jusqu’à 4 000 m. Ce lanceur est intégré sous blindage à l’intérieur de la tourelle plutôt qu’à l’extérieur (comme c’est le cas pour la version export de la tourelle T40) pour deux raisons : il fallait protéger les missiles contre la ferraille du champ de bataille, et prendre en compte les gabarits… SNCF – qui contribue donc, sans le savoir, à sculpter les silhouettes de nos blindés ! La version export, elle, dispose de deux conteneurs latéraux portant chacun deux missiles. Le Jaguar français comprend, en outre, un espace de stockage pour deux missiles supplémentaires. Il faut néanmoins que l’équipage s’expose, hors blindage, pour recharger. Le missile est placé sur un rail de guidage qui l’amène dans chacun des deux emplacements du lanceur.
Il dispose aussi d’un tourelleau 7,62 mm et des viseurs Paseo à six voies développés par Sagem, baptisés FOC (pour fonctions optroniques chef) et FOT (pour fonctions optroniques tireur) qui possèdent des fonctions de réalité augmentée. Les optiques ont été disséminées afin que des tirs adverses « n’aveuglent » pas l’un et l’autre. Chaque tourelleau optronique possède son viseur vidéo avec voie TV HD (deux champs), une voie thermique (deux champs), un télémètre laser et un viseur direct. La navigation du véhicule est fournie par une centrale inertielle développée par Thales.
Pour son autoprotection, le véhicule disposera un détecteur Pilar V, d’un brouilleur Barrage (sur deux antennes à l’avant), de huit lanceurs Galix et d’un senseur Antares implanté à l’avant droit de la tourelle et à l’arrière gauche. Une salve Galix fumigène est prête à tirer (et deux en réserve), ainsi qu’une salve vulnérante (Galix 4), avec deux en réserve.
Le véhicule peut rouler jusqu’à 90 km/h et doit être endurant sur 800 km sur le plein interne. Le moteur crache 500 chevaux, soit 100 de plus que sur le Griffon pour une masse maximale quasi identique (25 tonnes). La masse maximale native est en fait de 24,3 tonnes, avec une réserve de 700 kg pour des évolutions de configuration. Un stockage de 1 m3 est aussi disponible.
Sa suspension active lui permet de gagner quelques précieux centimètres pour les zones risquées en IED et mines. Cette même suspension lui permet aussi de faire varier les angles de tir, de réduire sa hauteur d’exposition derrière une protection naturelle, etc. Elle offre donc, au final, plusieurs véhicules en un. La configuration du Jaguar lui permet de passer un gué de 1,20 m, une pente de 60 %, un dévers de 30 %.
Autres équipements attendus
La phase 1 comprendra aussi le développement du SICS, le réseau unique de Scorpion fondé sur la radio Contact de Thales et l’architecture assurée par l’informaticien Atos, dont c’est la première grosse référence accrochée dans le domaine de la Défense. Le groupe a racheté il y a quelques mois Bull, qui avait déjà quelques activités dans la défense, mais n’avait pas réussi la percée attendue il y a quelques années, avec les data centers et la guerre électronique (via sa filiale Amesys). Depuis des mois, des experts de l’armée de terre (notamment la STAT) et les futurs utilisateurs (donc ceux du 3e RIMa) testent ce nouveau réseau, qui fait mieux le lien, semble-t-il, entre les différentes couches hiérarchiques, mais aussi d’un pion élémentaire à l’autre.
Autre élément de la première phase, 200 VBMR légers doivent aussi être commandés (sur un total de 358) en 2017 et livrés à partir de 2021 : le processus compétitif doit commencer, pour s’achever dans quelques mois. Le VBMR léger sera acheté « sur étagère » – on comprend mal pourquoi il faut alors autant de temps pour les livrer – et servira à motoriser les forces Guépard et les unités de renseignement et de commandement. Il disposera d’un TOP 7,62 mm ou 12,7 mm. Deux véhicules de ce type devront pouvoir entrer dans un gros-porteur Atlas, un seul à bord d’un C-130 Hercules.
Enfin, cette phase comprend aussi le système de formation et d’entraînement (SPO). Il sera disponible dès 2019 et sera intégrable aux véhicules. Il permettra l’entraînement en tous lieux et tous temps, mais aussi des rehearsals avant les opérations réelles.
Dans cet ensemble, on compte aussi la modernisation de 200 chars Leclerc qui ont survécu aux coupes successives, avec l’arrivée des premiers exemplaires dès 2020. Des chars supplémentaires devraient relever ce niveau à 220-225. La modernisation concerne le traitement d’obsolescence, un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, la vétronique (pour le tireur et le chef de char) et le SICS issus de Scorpion, ainsi que l’enregistrement multimédia des données de mission. Il disposera lui aussi des moyens de maintenance préventive développés pour le reste du Scorpion. En outre, le Leclerc sera mieux protégé contre les tirs de lance-roquettes de type RPG, les mines et IED, par l’implantation d’un brouilleur Barrage. Son canon de 120 mm pourra aussi tirer des munitions airburst.
La phase 2 doit voir la totalité des volumes de véhicules livrés, ainsi que la rénovation du Félin.
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