RAIDS a pu se faire une idée précise de l’offre que Rivolier va détailler sur son stand à Eurosatory. En matière d’entraînement, trois écoles cohabitent désormais dans les armées : la simulation numérique, l’airsoft (qui vient juste de percer, d’abord en gendarmerie), et la Simunition, issue de la gamme de la marque homonyme (filiale de la firme américaine General Dynamics), fournie en France par Rivolier.
Le 1er RPIMa a, comme souvent, été pionnier dans ce domaine, il y a une dizaine d’années. Puis le Centre national d’entraînement commando (CNEC) a été le premier à l’expérimenter chez les conventionnels, à partir de novembre 2009, avec la fourniture de 13 kits FAMAS et deux kits Minimi. L’autorisation d’emploi dans des unités de l’Armée de terre est intervenue en 2011. Avantage du kit Simunition, il empêche le tir de munitions réelles, c’est donc un facteur supplémentaire de sécurité des tirs. Par contre, il doit aussi inclure des précautions d’emploi (rappelées lors des formations), notamment le port de protections oculaires. Aujourd’hui, les publics se sont ouverts tous azimuts et concernent tous les types d’unités spécialisées ou non, munitions qui colorent à l’impact, mais Rivolier promeut aussi des munitions non marquantes qui seraient bientôt autorisées d’emploi pour les forces spéciales. Deux autres types de munitions sont également en catalogue. Il y a la « Quiet » en 5,56 mm et 9 mm, qui ne fait pas de bruit et fait seulement cycler l’arme, en produisant l’effet de recul. Ce modèle doit également entrer dans les armureries des FS. Et il y a la « Loud », qui est une munition à blanc, qui ne nécessite donc pas de bouchon de tir à blanc (BTB).

La CQT (Close Quarters Target) tire un projectile létal en caoutchouc. L’Armée de l’air l’utilise en 9 mm pour tirer sur cible. Elle porte plus loin, et perce un peu plus que la munition classique. Dans le domaine de l’entraînement, Rivolier est aussi actif en matière de ciblerie. Le système CELTES emploie des effets lumineux avec quatre à 32 cibles lumineuses (amies ou ennemies) gérées par une seule tablette numérique. Ces cibles peuvent être implantées sur des plastrons, sur des éléments de décor (mur, véhicules, etc.), et sont réactives à l’impact d’une Simunition. La tablette gère l’ensemble du parcours, et donc les performances du tireur (rapidité, erreurs éventuelles, progression d’un parcours à l’autre, etc.). « C’est un produit nouveau qui suscite beaucoup d’intérêt », constate-t-on chez Rivolier.

Une fois sorti du monde virtuel, retour au réel, avec les cartouches pour fusils 12,7 mm (Hécate II et M107 Barrett), issues de General Dynamics et de la gamme Sniper Elite livrée aux unités du COS dans quatre types : BO Match, perforante, perforante incendiaire, et BO Match Spotter. Elles ont remplacé les stocks issus de Manurhin, et seraient déjà « combat proven » dans des fusils maniés par des Français. Les premières (120 000 quand même…) avaient été achetées par la Marine en perforantes. Les FS Terre s’équipent aussi en Match et perforantes ; d’autres catégories comme les perforantes que ne possède pas le traditionnel pont US de type Gamon.

Deux prototypes PFM-NG comportant deux travures de 10 m viennent d’être livrés au printemps à la STAT et au 6e régiment de génie qui va les expérimenter jusqu’en octobre. Le centre d’essais aéronautiques de Toulouse doit réaliser des essais en chambre anéchoïque, en frigo, etc. A l’issue de ce traitement de choc, la qualification globale du PFM-NG sera prononcée, et les livraisons pourront commencer, sans doute à l’horizon 2020.

La tranche 1 commandée ferme comporte seulement 200 m de pont (à peine 10 % de la dotation originelle de l’Armée de terre dans les années 70…), mais un rabiot de 300 m figure en option. Vu que les PFM viennent de se faire moderniser, cela veut dire, concrètement, que l’Armée de terre en est totalement dépourvue actuellement.
La maintenance en unités est faite par des personnels de CNIM. Lors de notre reportage dans l’usine de La Seyne-sur-Mer (Var), d’anciens PFM dont les porteurs n’étaient pas en ordre de marche ont été réceptionnés, pour un total de 12, à la cadence de deux par semaine.

Le PFM-NG, un investissement de quelques dizaines de millions d’euros, est le retex direct du retour de l’intérêt pour le franchissement de coupures humides. On l’a vu à l’est de l’Europe, avec le plan Neptune qui prend en compte la perspective d’inondations sur le territoire français, et durant les opérations au Mali. Car, finalement, si les ponts sur le Niger avaient sauté, et s’il n’y avait pas eu de bacs disponibles, la progression de la brigade Serval (puis son ravitaillement) n’aurait pas forcément été la même… La même problématique s’est retrouvée en Irak sur le Tigre et l’Euphrate.
« On se rend compte aussi que le matériel est dur à projeter en opérations extérieures », constate le directeur des activités défense de CNIM. Afin de réduire le nombre d’avions nécessaires, des rampes plus courtes ont été développées pour permettre la projection par Atlas. La nouvelle rampe mesure 10 m et peut supporter un VBCI, mais pas un Leclerc. Un groupe électrogène permet de lever et d’abaisser les rampes. Le PFM-NG comprend un moteur de 90 chevaux au lieu du 75 chevaux (multiplié par quatre), un opérateur peut prendre la main sur les moteurs par un wifi militaire sécurisé, et la main-d’œuvre est réduite de six à quatre sapeurs.
La travure est utilisable comme pont, si elle est assemblée, ou comme bac. Deux morceaux sont capables, par exemple, de transporter le véhicule Scania en dotation dans l’Armée de terre. Cela tombe bien, dans le PFM-NG, le porteur TRM10000 est remplacé par un Scania. Certains ont des cabines blindées (10), d’autres non (14).
CNIM ne s’en cache pas, il cherche aussi à vendre des PFM issus des stocks de l’Armée de terre, remis à niveau, avec une garantie constructeur. Mais, pour l’instant, ce marché de l’occasion ne décolle pas vraiment.

L’autre gros morceau du franchissement du catalogue CNIM, c’est le système de pose rapide de travures (SPRAT), déjà vu en action à Eurosatory. Il avait été notifié en 2002, les essais de qualification des prototypes étaient intervenus en 2006, mais les livraisons avaient ensuite beaucoup tardé. Livré de 2010 à 2012, il jette des travures de 14 ou 26 m. Problème, le SPRAT part encore moins en opex que le PFM, sa seule occurrence semble avoir été un exercice, au Qatar… Sur ce matériel, CNIM fabrique le châssis, la cabine blindée et les travées. Le principal composant pris « sur étagère » est le moteur MTU. Deux ponts de 26 m sont déployables en 10 minutes par deux sapeurs. Les 10 véhicules sont affectés au 13e RG de Valdahon et à Mourmelon. La par Bertin en juillet dernier, proposera des capteurs déposés dans le cadre de CEDRE (programme français de renseignement), mais aussi pour une toute nouvelle application de génie-combat, en contre-mobilité. Cette approche couple capteurs et effecteurs (armes létales ou issues de la société française Lacroix). Cette gamme Flexnet regroupe des capteurs acoustiques, sismiques, optroniques, et s’avère parfaitement taillée pour des forces spéciales. Un de ses principaux débouchés se situe en Allemagne.

Enfin, dans le domaine NRBC, les visiteurs pourront découvrir le nouveau radiamètre portable interarmées et interministériel (l’Intérieur l’a aussi adopté) DOM420 de Saphymo (rachetée en 2015 par Bertin), qui succédera au DOM410. L’appareil est en cours d’homologation par la STAT « après deux ans de recherche et développement », signale Bertin. La « boutonnite » est conçue pour pouvoir être aisément utilisée par des personnels non formés et équipés d’une combinaison de protection NRBC. La production doit commencer à la fin de l’année.

MASA
Créée il y a 20 ans, Mathématiques Appliquées S. A. est mieux connue dans les forces terrestres sous l’acronyme MASA : c’est la petite boîte qui monte dans le domaine de la simulation constructive. Dans l’ombre des RUAG, Thales et Airbus qui ont fourni pendant des années l’Armée de terre, MASA a réussi à garnir un très beau plan de référencement avec un produit unique qui permet d’entraîner les cadres à la manœuvre. Une pure « caisse à sable » numérique, mais autogénérant les scénarios. Sword présente l’avantage de pouvoir virtualiser n’importe quel type de scénario, une fois que les différentes variables ont été entrées dans le système qui imagine des scénarios à l’infini en fonction des matériels, des pertes, du niveau de carburant et même du moral des combattants, comme ceux de l’ennemi. MASA en est déjà à travailler sur la version 7.
Le produit va encore s’étendre, pour pouvoir descendre jusqu’au niveau section/peloton, et, au-dessus du niveau actuel, brigade et division.
D’ici la fin de l’année, 109 régiments de l’Armée de terre disposeront de cet outil 100 % français, déjà adopté par la Belgique, le Brésil, la Tunisie, le Bangladesh, Singapour, la Colombie (et certains clients qui ne souhaitent pas être cités). La société répond actuellement à de gros appels d’offres, notamment en Suisse, avec le régional de l’étape, RUAG. En face, l’un des adversaires les plus sérieux est le groupe allemand Rheinmetall, qui a acquis par le passé une licence de… Sword sans avoir réussi à acquérir, pour l’instant, la moindre référence.
Une évolution de Sword pour les applications de sécurité civile est commercialisée sous le nom de Synergie. Un exercice au profit de la compagnie du gaz de Strasbourg a ainsi été mené, fin avril, avec Synergie, pendant deux jours, et la société détient aussi un partenariat avec l’agglomération du Havre. MASA travaille avec un autre spécialiste de la simulation, Bohemia, dont le produit phare, VBMS3, a déjà été utilisé par les forces armées.
« MASA est une boîte de geeks », apprécie son nouveau directeur général, le général Marc de Fristch, ancien chef de corps du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales, passé ensuite à la préparation des conseils de défense restreints, puis à la division relations internationales de l’état-major des armées. La société emploie 38 salariés, dont trois docteurs en intelligence artificielle, à Paris, à deux pas de la place de la Bourse. L’effectif pourrait croître assez vite à 45 personnes. Son chiffre d’affaires s’élève à 6 millions d’euros.

Technamm
Jusqu’alors très discret sur ses activités, Technamm a pris un badin terrible en gagnant un premier contrat pour son Masstech, une des solutions retenues par l’Armée de terre dans l’attente d’un VLTP-NP (véhicule léger tactique polyvalent non protégé). La force du Masstech est une formule mécanique éprouvée qui a été customisée par un spécialiste de la modification de véhicules, habitué à l’écoute des besoins de l’Armée de terre. En l’occurrence, Technamm a touché en plein cœur de la cible, à une époque où il devenait urgent de remplacer les P4 et les Defender utilisés pour les missions intérieures et certains théâtres extérieurs.
Près de la moitié des 500 véhicules du contrat sont désormais en service et Dominique Croizat, PDG de la société, explique que les remontées du terrain sont extrêmement positives. L’Armée de terre a déjà réalisé au printemps une campagne visant à pouvoir envoyer le véhicule en opex assez rapidement. Une commande complémentaire n’est d’ailleurs pas à exclure, le VLTP-NP de RTD tardant à être qualifié.
Dominique Croizat a aussi profité du problème intervenu cette fois sur le programme VLFS destiné au COS. Le ministère des Armées lui a notifié en début d’année un contrat pour 30 VPS2 (véhicule de patrouille spéciale), un véhicule d’attente entre les VPS actuels (entrés en service en 2005…), rincés par les opérations, et le véhicule léger des forces spéciales (VLFS) qui doit être livré en 241 exemplaires. « On a figé les définitions des véhicules, explique Dominique Croizat, on commence les opérations sur les deux têtes de série. Dans les jours qui viennent, ces deux véhicules seront livrés. On travaille avec les Australiens de Safari pour former nos gars sur le turbo-refroidissement. En juillet, on livre les deux têtes de série, et tous les véhicules seront livrés le 15 décembre prochain. On avait anticipé le bon de commande de deux mois.
« Toyota, avec qui nous travaillons depuis longtemps, a construit 30 véhicules spécialement pour nous, avec freins à disque et ABS, une demande du client français. Les deux premiers véhicules arrivent par avion. La DGA souhaite une recette véhicule militaire [RVM], comme ce fut le cas pour le Masstech, qui permet de rouler sur le territoire national. » Cette demande de RVM, pour une série relativement faible pour l’instant, peut être une porte ouverte pour une série bien plus longue, si le VLFS actuel ne débouche pas, en temps et en heure, voire pas du tout. La STAT devrait avoir les deux premiers véhicules en juillet-août.
L’actuel patron de Barkhane veut des véhicules simples, presque autant que ceux des djihadistes (des pick-up… Toyota !) et s’intéresse donc aussi, vraisemblablement, au Masstech, qui présente l’avantage d’être « soutenable » en Afrique. Des véhicules ont d’ailleurs déjà été livrés au titre de la coopération avec les forces africaines. Et on sait que, depuis quelques semaines, l’EMAT a demandé à traiter d’urgence l’envoi du véhicule en opex (on ne sait pas précisément sur quel théâtre). « On avait juste une petite faiblesse sur le pare-chocs avant en cas d’élingage, alors on a renforcé le couple de serrage et la boulonnerie. Mais ce n’est rien du tout », assure le patron de Technamm qui se félicite de la mise en service « d’un peu plus de la moitié du contrat Masstech » avec de « très bons retours de l’Armée de terre ».
Technamm revient aussi à ses premiers amours, les véhicules chenillés. La société vient de développer un buggy des neiges qui a été testé par la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) lors de l’exercice Cerces, fin avril. Ce Fennec pèse 1 080 kg à vide et son poids total autorisé en charge (PTAC) atteint les 1 800 kg, donc il offre 750 kg de charge utile. Il peut aussi tracter 1,5 tonne. « C’est la solution qu’on avait présentée sur véhicule aérotransportable, mais on n’avait pas été retenus. Il avait été élaboré avec les commandos du 13e RDP et du 1er RPIMa. Il leur fallait une solution pour tirer le mortier de 120 mm : le Suzuki Jimny que nous avions choisi pouvait tracter cette charge. Avantage, il peut aussi bien rouler sur des chenilles que des roues. Et en plus, en Afrique, il peut être entretenu par notre partenaire CFAO. »
Par défi, Dominique Croizat modifie même, à l’époque, un véhicule d’occasion avec 110 000 km au compteur. « Et on leur a donné à tester. Ils n’y croyaient pas trop quand ils ont vu le compteur. Je voulais leur démontrer que, même avec un tel kilométrage, le véhicule n’a aucun problème de performances. Ce véhicule peut prendre la place d’un quad ou d’un petit véhicule de liaison utilisable l’hiver sur chenilles, comme l’été sur roues. A 30 000 euros, on a un véhicule utilisable sur neige pour le prix d’une motoneige, et l’été on lui remet ses roues. » La 27e BIM étudie la possibilité d’avoir un parc de transition en attente de reconstruction de ses VAC (véhicule articulé chenillé). Elle pourrait s’intéresterre a déjà réalisé au printemps une campagne visant à pouvoir envoyer le véhicule en opex assez rapidement. Une commande complémentaire n’est d’ailleurs pas à exclure, le VLTP-NP de RTD tardant à être qualifié.
Dominique Croizat a aussi profité du problème intervenu cette fois sur le programme VLFS destiné au COS. Le ministère des Armées lui a notifié en début d’année un contrat pour 30 VPS2 (véhicule de patrouille spéciale), un véhicule d’attente entre les VPS actuels (entrés en service en 2005…), rincés par les opérations, et le véhicule léger des forces spéciales (VLFS) qui doit être livré en 241 exemplaires. « On a figé les définitions des véhicules, explique Dominique Croizat, on commence les opérations sur les deux têtes de série. Dans les jours qui viennent, ces deux véhicules seront livrés. On travaille avec les Australiens de Safari pour former nos gars sur le turbo-refroidissement. En juillet, on livre les deux têtes de série, et tous les véhicules seront livrés le 15 décembre prochain. On avait anticipé le bon de commande de deux mois.
« Toyota, avec qui nous travaillons depuis longtemps, a construit 30 véhicules spécialement pour nous, avec freins à disque et ABS, une demande du client français. Les deux premiers véhicules arrivent par avion. La DGA souhaite une recette véhicule militaire [RVM], comme ce fut le cas pour le Masstech, qui permet de rouler sur le territoire national. » Cette demande de RVM, pour une série relativement faible pour l’instant, peut être une porte ouverte pour une série bien plus longue, si le VLFS actuel ne débouche pas, en temps et en heure, voire pas du tout. La STAT devrait avoir les deux premiers véhicules en juillet-août.
L’actuel patron de Barkhane veut des véhicules simples, presque autant que ceux des djihadistes (des pick-up… Toyota !) et s’intéresse donc aussi, vraisemblablement, au Masstech, qui présente l’avantage d’être « soutenable » en Afrique. Des véhicules ont d’ailleurs déjà été livrés au titre de la coopération avec les forces africaines. Et on sait que, depuis quelques semaines, l’EMAT a demandé à traiter d’urgence l’envoi du véhicule en opex (on ne sait pas précisément sur quel théâtre). « On avait juste une petite faiblesse sur le pare-chocs avant en cas d’élingage, alors on a renforcé le couple de serrage et la boulonnerie. Mais ce n’est rien du tout », assure le patron de Technamm qui se félicite de la mise en service « d’un peu plus de la moitié du contrat Masstech » avec de « très bons retours de l’Armée de terre ».
Technamm revient aussi à ses premiers amours, les véhicules chenillés. La société vient de développer un buggy des neiges qui a été testé par la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) lors de l’exercice Cerces, fin avril. Ce Fennec pèse 1 080 kg à vide et son poids total autorisé en charge (PTAC) atteint les 1 800 kg, donc il offre 750 kg de charge utile. Il peut aussi tracter 1,5 tonne. « C’est la solution qu’on avait présentée sur véhicule aérotransportable, mais on n’avait pas été retenus. Il avait été élaboré avec les commandos du 13e RDP et du 1er RPIMa. Il leur fallait une solution pour tirer le mortier de 120 mm : le Suzuki Jimny que nous avions choisi pouvait tracter cette charge. Avantage, il peut aussi bien rouler sur des chenilles que des roues. Et en plus, en Afrique, il peut être entretenu par notre partenaire CFAO. »
Par défi, Dominique Croizat modifie même, à l’époque, un véhicule d’occasion avec 110 000 km au compteur. « Et on leur a donné à tester. Ils n’y croyaient pas trop quand ils ont vu le compteur. Je voulais leur démontrer que, même avec un tel kilométrage, le véhicule n’a aucun problème de performances. Ce véhicule peut prendre la place d’un quad ou d’un petit véhicule de liaison utilisable l’hiver sur chenilles, comme l’été sur roues. A 30 000 euros, on a un véhicule utilisable sur neige pour le prix d’une motoneige, et l’été on lui remet ses roues. » La 27e BIM étudie la possibilité d’avoir un parc de transition en attente de reconstruction de ses VAC (véhicule articulé chenillé). Elle pourrait s’intéresser à des véhicules au catalogue UGAP (union des groupements d’achat public) avec chenilles, comme le Masstech, mais il est plus probable que Technamm utilise un Nissan Navara (disposant d’un turbo), plus puissant encore, afin de prendre en compte l’énergie nécessaire pour les chenilles. Huit à dix véhicules de transition pourraient être nécessaires, le temps que la rénovation des VAC se fasse.
Un VAC reconstruit coûterait 400 000 euros. Il en faudrait 12 en Guyane (où ils sont notoirement à bout de souffle), et une quarantaine à la 27e BIM. Avantage, le VAC reconstruit peut ouvrir la voie à une caravane de Fennec, grâce à sa lame de travail placée à l’avant. Le concept intéresse manifestement l’Armée de terre, avec une expérimentation chenille prévue sur … VBL.
« Ce type de chenilles est utilisé par l’US Army en Alaska sur Hummer, explique Dominique Croizat. On peut aller jusqu’à 10 tonnes de PTAC, donc on pourrait en mettre sur VAB ! »
Le stand Technamm à Eurosatory hébergera un 6 x 6, « un véhicule-mère pour VPS, qui amène 4 tonnes de charge utile avec plateau arrière, des munitions, une citerne souple de 2 000 litres de gasoil, un tourelleau 12,7 avec évacuation par derrière, une double cabine, poursuit le PDG, avec également, une version Recamp du Masstech et un Navara blindé pour la gendarmerie. » Début mai, la société recevra les premières têtes de série Nissan Navara blindées pour la gendarmerie nationale, destinées à court terme à Mayotte. Avantage, les véhicules ne pèsent « que » 3,5 tonnes avec une protection B6, donc ils se pilotent avec un permis véhicule léger (VL).
La société a aussi livré 80 4 x 4 LC200 blindés banalisés, avec son partenaire britannique Jankel, au ministère des Affaires étrangères. Depuis, c’est Centigon qui a gagné les faveurs de l’UGAP, ce qui devrait, logiquement, amener l’EMAT à étudier son véhicule, fondé vraisemblablement sur une solution bien connue.
Technamm entend aussi présenter des solutions de blindage à coût abordable, en partenariat avec l’entreprise colombienne Armor International. « Début 2019, on va présenter une solution en composite niveau B4 maximum, pour une masse de 150 kg, explique Dominique Croizat. On est performants en coût pour protéger des Kangoo et Clio pour nos forces de sécurité, contre des tirs d’armes légères. »

TR-Equipement
La société de Thierry Roger exposera la gamme FN Herstal, des lance-grenades multiples, mais aussi les chaussures Donner, référence qu’elle a reprise plusieurs années après l’avoir délaissée. Pas de M134 ou de circulaire sur le stand, des objets qui consomment un peu de mètres carrés ; par contre, on les trouvera sous une forme indirecte sur le VPS2 de Technamm, puisque 30 circulaires polyvalentes Dillon équiperont autant de véhicules. Ces circulaires pourront porter aussi bien des M134 que des M3M, lance-grenades multiples, MAG 58 et M2 .50.
Thales
Thales est le seul poids lourd français de la défense à avoir pris la peine de nous présenter ses nouveautés, avec le général Alain Bouquin, ancien patron de la Légion étrangère, maintenant conseiller militaire de Patrice Caine, PDG du groupe. Dans un stand de 1 700 m2 avec mezzanine, Thales mettra l’accent sur le « combat collaboratif ». Le groupe a une vision très large du terrestre, qui s’est déjà vu sur les derniers Eurosatory. Il y a dix ans, la société n’exposait que des produits électroniques, un peu de défense sol-air. Maintenant, Thales produit des véhicules (Hawkei, Bushmaster) et des armes via sa filiale australienne.
Le Hawkei, présenté en France depuis 2014, pourrait correspondre à deux compétitions distinctes de l’Armée de terre. Autant cette dernière n’est manifestement pas passionnée par le blindé Bushmaster, jugé trop ancien, autant elle a les yeux de Chimène pour le Hawkei, dont un exemplaire réel tout équipé sera exposé à Villepinte. Avant le salon, Thales présentera d’ailleurs le véhicule à la presse française, qui ne le connaît pas très bien. Pour Thales, cet engin tout équipé a vocation à être intégré à Scorpion pour répondre à la consultation VLTP médium et haut (militarisé et protégé), mais aussi sur le VBAE (véhicule blindé d’aide à l’engagement) en remplacement du VBL (véhicule blindé léger). Le volume disponible à bord permettrait d’ailleurs de passer des trois occupants du VBL à quatre ou cinq.
S’il y a loin de la coupe aux lèvres, Thales peut trouver un partenaire français pour assurer le soutien du véhicule. Nexter, par exemple, qui n’a pas d’équivalent du Hawkei en catalogue (tant en France qu’en Allemagne, il serait même possible de le mettre dans le catalogue du groupe…). Pour la France, l’achat du Hawkei constituerait aussi une bonne incarnation de la volonté française de faire travailler les employés australiens, ce qui contribuerait à augmenter le niveau de compensation du contrat des 12 sous-marins de la marine locale. L’armée australienne est une armée expéditionnaire (Afghanistan notamment) et a donc besoin de matériel terrestre : des blindés, possiblement des chars et, pourquoi pas, des canons motorisés, autant de produits en catalogue chez Nexter. On peut aussi imaginer que Nexter, qui a gagné beaucoup de charge ces derniers mois (Griffon, Jaguar, VBMR léger) aura à cœur de la livrer à l’heure, sans avoir à s’encombrer avec un petit véhicule.
Si l’armée française ne veut pas trop entendre parler du Bushmaster, le potentiel de ce dernier n’est peut-être pas terminé. Thales y croit, et a d’ailleurs présenté il y a quelques mois la nouvelle version de son MRAP, déjà très bien vendu à l’export.
De même, si Thales n’a pas réussi à s’imposer en France sur le domaine des drones tactiques (son Watchkeeper a pourtant gagné le plus gros marché dans le domaine, en Grande-Bretagne), il présentera sur son stand le petit nouveau, le système de minidrone de reconnaissance (SMDR) ou Spy Ranger dans la gamme de la société. Le conseiller militaire reconnaît que Thales a rencontré des problèmes au début du développement, avec une sous-estimation du travail nécessaire et des batteries insuffisantes (elles ne tenaient pas l’autonomie contractuelle de trois heures), qui ont obligé à redessiner l’engin. Mais « le calendrier sera tenu », insiste-t-il.
Le drone tactique WK450 adopté par l’armée de terre britannique figurera dans la présentation numérique, avec les services de drones. Il est destiné à la MINUSMA au Mali, dans le cadre d’un système plus global qui comprend aussi des ballons à Kidal et à Tessalit. Thales offre aussi des radars GA10 pour la lutte anti-roquettes, un système qui a sauvé la vie de Casques bleus pakistanais en juin 2017.
Dans le domaine de l’ISR également, le ballon endurant Stratobus (jusqu’à une année d’autonomie) pourrait intéresser la DGA, si tant est que cette dernière ait plus de crédits « recherches et développements ». A l’instar de ce que la DGA avait financé, par le passé, avec le satellite d’alerte Spirale ou la liaison de données laser Lola. Ce projet cher à Patrice Caine peut porter à la fois des systèmes de communication, d’observation et d’interception, pour un coût d’exploitation réputé très bas (mais, à ce stade, aucun chiffre n’est donné).
Thales exposera aussi le missile Fury, un engin de 6 kg plutôt destiné aux drones armés de la classe du Patroller ou du Reaper. La bombe légère BAT120, déjà dévoilée au Salon du Bourget (sur le stand Défense), sera cette fois sur le stand de l’industriel. Autre produit star : la roquette guidée laser que TDA avait lancée au début de la décennie. Mais insuffisamment soutenu par la DGA, le programme n’a pas avancé aussi vite qu’il aurait pu. Alors qu’une telle munition aurait un coût unitaire dix fois moindre qu’un missile guidé.
« Les équipements qu’on développe sont destinés aux instants décisifs du soldat, confronté à des moments critiques, résume le général Bouquin. On est capables d’embarquer de l’intelligence dans nos systèmes. La transformation numérique comprend le big data, l’intelligence artificielle, la cyberdéfense, qui nous amènent vers un combat différent. La masse de données est incommensurable, il va falloir protéger cela avec de la cybersécurité. Il n’y aura pas de cloud, pas de big data, si une menace de cyberattaque perdure. »
En matière de protection, l’électronicien développera ses solutions de CIED (lutte contre les IED), CRAM (protection contre les tirs de roquettes), CUAV (lutte contre les drones). Dans le domaine de la CIED, il doit présenter ses brouilleurs Lafayette (développés en urgence opérations pour l’Afghanistan) auquel doit succéder la nouvelle génération BARAGE (Eclipse en version export), prévue en première monte et rétrofit sur la plupart des blindés de l’Armée de terre. Auparavant, le brouillage était permanent, avec un impact sur certains systèmes et, évidemment, sur les humains ; maintenant, BARAGE peut faire du « brouillage ultra-rapide une fois une émission détectée ». Une solution portable à dos d’homme destinée à l’export est aussi disponible sous le nom de Storm-H.
Pour la force readiness, des démonstrations sur l’entraînement des équipages dans des véhicules de combat seront aussi proposées, avec une approche de combat collaboratif. Deux appels d’offres sont en cours pour l’entraînement des équipages du Jaguar et du Griffon au combat. Dans SERKET, l’équipage est dans une cloche branchée sur la simulation, alors que SEMBA concerne la simulation embarquée.
Thales réalisera également des démonstrations de combattant débarqué avec un casque instrumenté (HMD) dans lequel les données « strictement nécessaires » s’affichent sur la visière claire. Ce type d’équipement doit permettre de combattre et d’avoir des données sans regarder une tablette de poignet ou de poitrine (qui n’existe pas pour la plupart des fantassins actuels…). Sera également présenté un gant tactile qui capte les gestes de son porteur, et permet de les reproduire à l’arrière dans un PC.
Eurosatory verra aussi dévoilée une énième version de la caméra multifonction Sophie, un des best-sellers du groupe. Cette Sophie 4 inclut dans un seul objet de 2,5 kg les jumelles thermiques et les jumelles/télémètres jour. Thales la présente comme « deux fois plus performante que ce qui existe actuellement chez [ses]concurrents » avec un zoom x10 et un champ de vision de 20°.
Dans les capteurs toujours, l’Armée de terre a choisi le radar sol-air GM60 plutôt que d’attendre une hypothétique commande de GM200 (déjà commandé pour l’Armée de l’air). Ce même GM200 dispose désormais d’une version AESA (électronique de détection active) avec des gains de puissance entre 20 et 70 %. L’accélération du calendrier de l’Armée de terre s’explique par un besoin croissant d’autonomie sur les théâtres, avec une capacité d’entrée en premier. Mais aussi par l’utilisation du LRU (lance-roquettes unitaire), comme ce fut le cas au Mali. Le GM60 peut aussi être utilisé en détection « on the move » (alors que le véhicule porteur roule).


Armoric Holding
Le groupe spécialisé dans les véhicules spéciaux exposera en face du stand Scania. Il présentera un 8 x 8 Scania blindé, mis au point pour un client européen non révélé (donc le volume de marché est également non chiffré). Avec le rachat du spécialiste de véhicules de lutte contre l’incendie, Armoric Holding a changé de stature mais aussi, en partie, de posture : un véhicule de pompiers, destiné au bataillon de marins-pompiers de Marseille sera aussi visible sur le stand. Enfin, la société participera aux présentations dynamiques avec un véhicule de lutte contre l’incendie, exposé à un traitement de type banlieue.
Exavision
La PME héraultaise Exavision présentera sa participation à un projet français de lutte antidrone. Elle est aussi partie intégrante, vraisemblablement dans une équipe menée par Thales, d’un système de protection de camps militaires au Mali avec son système Nemosys-XR. Exavision fournit des ensembles optroniques infrarouges en bande 2 implantés sur des mâts télescopiques portés par des remorques. Le camp de Gao est concerné, et peut-être d’autres camps de la MINUSMA exposés (Kidal, Tessalit, Tombouctou). Une dizaine d’ensembles pourraient ainsi avoir été placés.
Comme beaucoup, la société n’a pas pu placer au ministère de l’Intérieur une caméra-piéton européenne qu’elle avait identifiée pour répondre au besoin des gendarmes et policiers. Par contre, elle a reçu une demande d’information de la part de l’Armée de terre. Exavision s’est aussi placée en France avec des contrats de sécurisation de bases aériennes : celle de Solenzara a été gagnée avec le groupe d’origine allemande Siemens. La PME était déjà présente sur d’autres bases encore plus sensibles de l’Armée de l’air. Elle a fourni aussi la Marine nationale avec des effecteurs acoustiques longue distance destinés aux B2M (bâtiments multimissions) et BSAH (bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers). On a équipé un des sites militaires les plus sensibles en Bretagne avec effecteur acoustique non létal. Un ou deux à terre, et en mer, un peu trop excessif pour être sur toute la flotte.

UNAC
Cette PME s’est fait un nom en développant une série d’engins spécialisés dans le génie, pour l’Armée de terre. C’est elle qui a gagné, assez discrètement, le contrat pour un fardier, en novembre dernier. La fiche d’origine évoque 300 engins, et une centaine auraient été destinés initialement au COS. Mais il n’est pas sûr que le concept corresponde, finalement, tant que cela aux besoins des forces spéciales. L’engin pèserait entre 800 et 1 000 kg. Il serait transportable sous élingue, aérolargable, et aérotransportable dans les avions de transport et d’assaut (A400M, Transall, Hercules) et tactiques (Casa 235). Les livraisons de série doivent commencer au deuxième semestre 2020 (sans doute vers novembre), explique-t-on chez UNAC.
Une première tranche ferme de 120 véhicules a été commandée, et la tranche conditionnelle porte sur les 180 restants. 180 remorques d’une charge utile de 400 kg font aussi partie du contrat, avec une possibilité de maintien en conditions opérationnelles sur dix ans.
Dans chaque fardier prennent place un pilote et un chef de bord, assis l’un à côté de l’autre. L’engin porte un plateau de chargement à l’avant et un autre à l’arrière, capable de 200 kg chacun.
Dans la fiche programme figure aussi la capacité à tracter la remorque d’un quart de tonne existante, ainsi que le mortier Mo120 du 35e régiment d’artillerie parachutiste.
Pour l’instant, cinq prototypes ont été réalisés. Le moteur est un Kohler développant environ 40 chevaux, mais, reconnaît UNAC, ce choix peut « encore changer ».
Par le passé, UNAC avait livré six tracto-niveleurs aérotransportables (TNA) au 17e régiment de génie parachutiste. 35 EGAME (engin du génie d’aménagement) ont également été livrés auparavant et pourraient servir également de pousseurs pour les leurres massiques Pearson destinés aux zones minées. Enfin, UNAC avait aussi développé un véhicule permettant de poser des voies ferroviaires : ce modèle 20 TRR est en service au 19e régiment de génie de Besançon.
