Le port de Posorja, le premier port en eau profonde de la région de Guayaquil est devenu une zone de combats entre différents gangs pour sa prise de contrôle.
En effet, ce terminal qui a la capacité d’accueillir les porte-conteneurs post-Panamax, les plus grands au monde qui peuvent transporter près de trois fois plus de marchandises que les Panamax (le canal ne peut laisser passer que des navires de 294,1 mètres de long, de 32,3 de large et de 12 mètres de tirant d’eau soit un maximum de 65.000 tonnes.)
La situation stratégique de ce terminal raccourcit considérablement le trajet que les porte-conteneurs doivent effectuer vers les affluents de Guayaquil ou plus au sud, jusqu’au terminal maritime de Machala, près de la frontière équatorienne avec le Pérou.
Son essor a été fulgurant. En termes de volume, Posorja est déjà devenu le terminal maritime le plus actif d’Équateur. Mais les autorités n’ont pu que constater que cela avait entraîné une augmentation du trafic de drogue. D’après les informations officielles recueillies par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), les autorités ont saisi plus de quinze tonnes de cocaïne en 2024 dans la région de Posorja, soit près de trois fois plus que l’année précédente.
Les autorités européennes ont par ailleurs indiqué à l’OCCRP que Posorja est l’un des principaux points d’embarquement de la cocaïne ensuite saisie à Anvers et à Rotterdam, deux grands ports d’entrée du continent européen.
Dans ce cadre, Quito affirme que la recrudescence du trafic de drogues s’accompagne d’une explosion d’autres activités criminelles dont le racket, la traite d’êtres humains, le trafic d’or, etc. qui constituent des pôles d’attractivité pour tous les groupes criminels.
Mais les différentes arrestations de leaders importants a fini par morceler les gangs les plus anciens en différentes factions.
La dernière arrestation en date est le résultat d’une opération conjointe menée par les autorités équatoriennes et espagnoles. Elle a permis la capture le 16 novembre à Malaga sur la Costa del Sol (Espagne) du chef de «los Lobos», Wilmer Chavarría, alias «Pipo». À noter que ce criminel avait été faussement annoncé mort en février 2021…
Il avait ensuite subi plusieurs opérations esthétiques (c/f photos ci-avant) de manière à échapper aux recherches policières et avait rejoint l’Espagne.
Pour mémoire, ce pays est – comme le Canada -, un lieu de refuge pour toutes les organisations criminelles transnationales (OCT) de la planète. Elle est considérée comme une «zone franche» où les membres des différentes OCT ne s’y combattent pas, voire parfois se rencontrent pour monter des affaires. Lieu d’investissements immobiliers privilégié, les côtes touristiques sont particulièrement appréciées par les truands de haut niveau à la recherche de tranquillité et de farniente mais qui continuent à diriger leurs organisations à distance.
L’arrestation de Pipo représente un coup dur pour le gang «los Lobos» car il avait détrôné «los Choneros» pour devenir le groupe criminel le plus puissant d’Équateur.
Cela risque de relancer encore la violence déjà très présente car ses lieutenants et d’autres membres influents vont vraisemblablement se disputer le contrôle de l’organisation.
En effet, les conflits entre alliés devenus ennemis sont devenus monnaie courante dans le pays qui est entré dans une nouvelle phase de sa lutte contre le crime organisé caractérisée par des affrontements de plus en plus dispersés.
Ainsi, «los Choneros» affaiblis depuis l’arrestation de Fito – mais toujours actifs et inscrits en septembre 2025 sur la liste des organisations terroristes étrangères du gouvernement américain – se sont aussi fragmentés.
La police indique que le gang s’est divisé en deux factions dans le canton de Playas de l’État Guayas et plus particulièrement dans la localité General Villamil Playas: «los «Silenciosos» (les Silencieux) et «los Playeros» (ceux de Playas.) Cette zone est située juste au nord du terminal convoité de Posorja dont il est question en début d’article…
Ces deux groupes étaient des sortes de sous-traitants des «Choneros», ce qui les a opposé violemment aux «Lobos».
Or ces derniers également désignés comme organisation terroriste étrangère par l’administration Trump, ont établi leur quartier général local à Posorja même.
Ainsi, le port a engendré une nouvelle dynamique criminelle qui constitue la toile de fond de presque tous les homicides actuels pour le contrôle de l’accès au port.
(1) Voir: Équateur : baron de la drogue arrêté du 27 juin 2025.
(2) Voir: Évolution inquiétante du crime organisé équatorien du 22 juillet 2025.