Plusieurs câbles à fibre optique sous-marins internationaux ont été rompus en mer Rouge simultanément le 6 septembre 2025, perturbant le trafic Internet mondial. Or, environ 70% des flux de données entre l'Asie et l'Europe passe par la mer Rouge.

NetBlocks, l’organisation qui surveille la cybersécurité et la gouvernance d’Internet a déclaré qu’« une série de coupures de câbles sous-marins en mer Rouge a dégradé la connectivité Internet dans plusieurs pays » dont l’Inde et le Pakistan. Elle a désigné « des dysfonctionnements affectant les systèmes de câbles SMW4 (SEA-ME-WE 4, sigle signifiant South East Asia-Middle East-Western Europe 4) et IMEWE (I-ME-WE, India – Middle East – Western Europe) près de Djedda, en Arabie saoudite. »

Le câble SMW4 est géré par Tata Communications qui fait partie du conglomérat indien. Le câble IMEWE est supervisé par un autre consortium supervisé par Alcatel-Lucent.

Les soupçons se tournent vers les Houthis qui, grâce à la complicité de leurs alliés iraniens, sont à même de réaliser des sabotages sous-marins en mer Rouge. En effet, tout au long de 2024 des navires iraniens se sont croisés sur zone et ont très bien pu cartographier le tracé des différents câbles sous-marins. Cela dit, ils se sont retirés depuis et ne peuvent donc à la base directe de ces dysfonctionnements.

Les compagnies maritimes paient déjà plus de 180 millions de dollars par an en frais de « passage sécurisé » tandis que les câblodistributeurs paient discrètement des frais de transit plus modestes pour réparer et entretenir leurs lignes.
Mais cet incident marque un tournant : les Houthis pourraient désormais cibler les géants de la tech – Facebook, Microsoft, Google – en exigeant des rançons pour ces mêmes câbles qui acheminent des milliards de dollars de transactions quotidiennes.

Les Houthis ont nié avoir attaqué les lignes dans le passé.
Cela dit, ils viennent d’être rudement frappés par Israël qui a décapité une partie de leur gouvernement officiel(1). Ils peuvent avoir décidé de se venger de manière spectaculaire.

Les Houthis – dont le slogan est « mort à l’Amérique, mort en Israël, et malédiction sur les Juifs » – ont commencé à attaquer le trafic israélien et maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en novembre 2023, en réponse à la guerre à Gaza à laquelle ils ont décidé de participer aux côtés du Hamas.

Les Houthis ont développé des forces spéciales navales et en particulier des nageurs de combat qui seraient basés sur les îles de Zuqar et Bawardi.
Ils mettraient en œuvre des drones sous-marins (uncrewed underwater vehicle, UUV) en plus des drones de surface (uncrewed surface vessels, USV), ces derniers ayant déjà été utilisés pour des attaques de navires.

Étant données que les profondeurs par où passent les câbles dépassent les 200 mètres, des UUV pourraient avoir été utilisés pour les sectionner ou les endommager.

Ainsi, les Houthis développent l’Al-Qar’iah (Al-Qaria, Al Qari’a) qui signifie « Grande catastrophe. »
Au début, il semblait que c’était la copie d’un « Remus 600 » américain récupéré par les Houthis en 2018. En fait, il s’agirait d’un engin autochtone vraisemblablement construit avec l’aide des Iraniens.

La première mention d’un drone kamikaze sous-marin houthi remonte à février 2024, le commandement central américain ayant signalé l’interception d’un engin de ce type lancé sur des navires dans la région yéménite.

Ensuite, une cargaison suspecte comportant des éléments pouvant servir à la fabrication locale d’un engin similaire a été interceptée à bord d’un dhow en février 2024. Les Iraniens fabriquent depuis des années ce type d’arme. Même si elles restent relativement imprécises et difficiles d’emploi contre un objectif en mouvement, elles sont à même de s’en prendre à des installations fixes ou à des navires au mouillage.

Enfin, pour l’instant personne n’a revendiqué une « opération Arma » (destruction de matériels) et il ne faut tout de même ne pas écarter l’hypothèse d’un incident purement fortuit.

(1) Voir : « Israël frappe de nouveau ses ennemis mortels » du 1er septembre 2025.