Début mai, les Houthis (Ansar Allah) avaient conclu un accord de cessez-le-feu avec les États-Unis (via Oman) après sept semaines d'intensification des frappes américaines au Yémen en réponse aux attaques contre la navigation internationale.

Cependant, ils avaient déclaré à l’époque que l’accord ne prévoyait pas la fin des attaques contre Israël. Des missiles balistiques avaient donc continué à être lancés sporadiquement contre le territoire israélien.
En réponse, l’État hébreu a mené plusieurs séries de frappes de représailles sur le Yémen.
À noter que les services de renseignement israéliens particulièrement efficaces au Liban, en Iran, dans la bande de Gaza, etc.; n’ont pas les mêmes succès contre les Houhtis. Il faut dire que cette structure essentiellement clanique et dispatchée sur un territoire désertique immense est très difficile à approcher.

Début juillet, les Houthis ont repris leurs actions offensives contre des navires de commerce en mer Rouge.

La première attaque a eu lieu le 6 juillet 2025 à environ cent kilomètres (51 milles nautiques) au sud-ouest du port d’Al Hudaydah (tenu par les Houthis) , au Yémen.
Les forces houthies ont diffusé des images de l’incident montrant que le cargo Magic Seas, battant pavillon libérien exploité par la Grèce frappé par des roquettes et des drones maritimes, suivi d’une explosion à bord provoquée par des activistes yéménites qui ont pris d’assaut le navire.
L’attaque aurait été menée par huit embarcations rapides armées par des jihadistes qui ont tiré plus d’une douzaine de roquettes antichar de type RPG. Quatre drones navals auraient également participé à l’agression.
Les activistes montés à bord ont disposé des charges explosives qui ont provoqué le naufrage du cargo (photo en en-tête de cet article.)
L’équipage du navire fort de 22 marins a heureusement pu abandonner le navire et a été secouru par un autre navire marchand qui se trouvait à proximité de la zone d’incident.

La deuxième attaque visait le navire Eternity C, battant pavillon libérien et opéré par la Grèce le 8 juillet 2025. Le navire aurait aussi été attaqué par des drones navals et des embarcations rapides. Selon les premières informations, trois marins philippins et un russe ont été tués au cours de l’attaque. Le navire a ensuite été coulé.
Bien que les chiffres varient, dix membres d’équipage auraient été secourus et les recherches continuaient pour retrouver cinq disparus. Six marins auraient été pris en otages.

Le commandement houthi a déclaré que ces deux attaques ciblaient des navires liés à l’État hébreu dans le cadre de leur campagne visant à faire pression sur les Israéliens pour qu’ils cessent leurs opérations militaires à Gaza.
Ces incidents marquent une nouvelle vague d’assauts houthis contre la navigation commerciale dans le sud de la mer Rouge mettant fin à une période de calme relatif depuis la dernière attaque signalée le 26 décembre 2024.

Selon le « Maritime Information Cooperation & Awareness Center » (MICA Center – centre d’expertise français dédié à la sûreté maritime à compétence mondiale), ces attaques récentes ne sont pas un changement de stratégie parce que les navires ciblés ont clairement un lien avec l’État hébreu : les escales effectuées par ces navires ou par d’autres navires des compagnies grecques qui les affrètent.

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, s’est dit : « profondément préoccupé par la récente escalade des hostilités perpétrée par Ansar Allah en mer Rouge, notamment par l’attaque qui a conduit au naufrage du navire commercial Eternity C le 8 juillet, faisant des morts, des blessés et des personnes toujours portées disparues […] Il appelle au retour rapide et en toute sécurité des disparus auprès de leurs proches. Il est également préoccupé par l’attaque précédente et le naufrage du navire commercial Magic Seas, le 6 juillet. Ces incidents soulignent les risques croissants pour la vie des civils, la navigation internationale et la stabilité régionale. L’Envoyé spécial souligne que de telles attaques contre des navires commerciaux violent le droit maritime international et la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité, et réitère la nécessité de préserver la liberté de navigation. Il met en garde contre le risque de graves dommages environnementaux résultant des dommages causés aux navires, notamment une possible pollution marine et d’autres conséquences plus vastes. Il exhorte Ansar Allah à cesser les attaques qui risquent d’aggraver les tensions au Yémen et dans ses environs, à s’appuyer sur la cessation des hostilités avec les États-Unis dans la mer Rouge et à fournir des garanties durables à la région et à la communauté internationale au sens large, assurant la sécurité de tous ceux qui utilisent cette voie navigable essentielle. »

Depuis novembre 2023, les Houthis ont ciblé environ 70 navires marchands avec des missiles, des drones et des attaques de vedettes rapides en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.
Ils ont désormais coulé quatre navires, saisi un cinquième et tué au moins sept membres d’équipage.
Le groupe a déclaré agir en soutien aux Palestiniens dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, et a affirmé – souvent à tort – qu’il ne visait que les navires liés à Israël.

Le département d’État américain a condamné les attaques contre le Magic Seas et l’Eternity C, qui, selon lui, « démontrent la menace persistante que les rebelles houthis soutenus par l’Iran représente pour la liberté de navigation et la sécurité économique et maritime régionale […] Les États-Unis ont été clairs : nous continuerons de prendre les mesures nécessaires pour protéger la liberté de navigation et la navigation commerciale contre les attaques terroristes des Houthis, qui doivent être condamnées par tous les membres de la communauté internationale. »

Il est donc possible que les États-Unis rompent le cessez-le-feu(1) conclu en mai et recommencent à bombarder le Yémen.
Il convient d’ailleurs de souligner que les rebelles yéménites ont utilisé des embarcations rapides et des drones marins mais pas de missile sol-mer comme ils le faisaient majoritairement précédemment. Cela peut signifier une baisse de leurs capacités de frappe en raison des bombardements subis.
Mais ces frappes n’ont pas entamé la volonté combative des Houthis.
L’Histoire a démontré que les bombardements classiques seuls n’ont jamais permis de gagner une guerre. Et une intervention au sol – même ponctuelle – serait à très hauts risques. De plus, personne ne veut s’engager dans ce qui serait un « nouvel Afghanistan. »

(1) Voir : « Les États-Unis ont-ils conclu un cessez-le-feu avec les rebelles houthis via Oman ? » du 9 mai 2025.