Ce lieutenant-général (grade équivalent à général de division) était chef adjoint de la direction opérationnelle principale de l’état-major général.
Le communiqué suivant a été publié le même jour : « selon les données disponibles, l’explosion a eu lieu suite à la détonation d’un engin explosif artisanal rempli de projectiles. »
L’explosion est survenue au moment où le général passait à côté de la voiture piégée.
Un précédent similaire
Cette manière de procéder rappelle celle employée pour assassiner le lieutenant-général Igor Kirillov(1), chef de l’unité d’armes chimiques de l’armée russe le 17 décembre 2024 vers 06 H du matin. Lui et son adjoint avaient été tués par l’explosion d’un deux-roues électrique garé à proximité de l’entrée du complexe d’habituations où se trouvait son domicile. Les enquêteurs estiment que la charge était équivalente à 300 grammes de TNT.
Akhmad Kurbanov, un homme de 29 ans originaire d’Ouzbékistan avait ensuite été arrêté par le FSB. Il aurait avoué avoir posé le deux-roues explosif en échange de 100.000 dollars et d’un passeport européen. À noter que le service spécial ukrainien avait reconnu implicitement l’opération affirmant que ce général était une « cible légitime ».
Un opérateur arrêté ?

Ignat Kouzine né à Soumi (Ukraine) en 1983 a été arrêté en Turquie le 26 avril et transféré en Russie. Lors de son interrogatoire, il a reconnu avoir été recruté par les services spéciaux ukrainiens en 2023. Il avait été enregistré comme vivant en République russe de Karatchaïévo-Tcherkessie depuis 2015.
Sous la direction de son officier traitant qu’il connaissait sous le pseudonyme de « Vadim », il aurait déménagé en novembre 2024 louant un appartement dans le même immeuble que le général Moskalik au 2 avenue Nesterov à Balashikha. Ce complexe immobilier est majoritairement occupé par des anciens militaires.
En février 2025, il a acheté une Volkswagen Golf d’occasion (il a été filmé à son volant par des caméras de vidéo-protection) puis il a récupéré une caméra, un téléphone portable et une bombe dans une cache mise en place par le SBU.
Il aurait ensuite installé la charge à l’arrière de la Volkswagen en y ajoutant la caméra camouflée et un ordinateur, le tout étant relié au téléphone portable fourni.
Le 16 avril, il aurait garé la voiture piégée face à l’entrée de l’immeuble où habitait le général.
Le 19 avril, il aurait pris un vol pour la Turquie.
Le système sophistiqué installé dans la voiture permettait à un opérateur agissant depuis l’Ukraine de surveiller l’entrée de l’immeuble et les mouvements de la cible. Une fois cette dernière à portée et seule, l’opérateur pouvait déclencher l’explosion via le téléphone portable. Les restes retrouvés sur place semblent corroborer cette version.

Le 25 avril vers 10 H 40, la bombe a été déclenchée lorsque le général est passé à proximité de la voiture piégée.

Kouzine est arrêté le lendemain par la police turque et rapatrié en Russie. Ce n’est pas la première fois que les autorités turques extradent des suspects dans un attentat contre des militaires russes à la demande de Moscou. En juillet 2024, Evgueni Serebryakov, suspecté dans l’attentat contre la voiture d’un officier russe, avait été extradé de Turquie vers Moscou.
Le Comité d’enquête a déclaré dans un communiqué : « le parquet général russe a inculpé Ignat Kouzine pour (…) acte terroriste, trafic illicite et fabrication d’explosifs et d’engins explosifs. » Selon le code pénal russe, il risque la prison à perpétuité.
Kouzine aurait été rémunéré 18.000 dollars pour cette mission.
Autres assassinats ciblés
Parmi les autres assassinats dirigés contre des Russes ou pro-Russes liées à la guerre en Ukraine, on peut citer l’attentat à la voiture piégée contre la nationaliste Daria Douguina en août 2022 (c’est vraisemblablement son père Alexandre, idéologue pro-Kremlin qui était la principale cible), l’explosion dans un café de Saint-Pétersbourg en avril 2023 qui a coûté la vie au célèbre correspondant militaire Maxime Fomine, connu sous le nom de Vladlen Tatarsky(2), vers le 12 décembre 2024 le meurtre par balles de Mikhaïl Chatski, un chercheur russe dans le domaine des missiles et le 3 février 2025d’Armen Sarkisyan, un chef paramilitaire de Donetsk proche du Kremlin, est décédé à l’hôpital après avoir été blessé dans le hall du complexe Scarlet Sails (« Alye Parusa »), situé sur les rives de la Moskova, à 12 km du Kremlin(3). Et cette liste n’est certainement pas complète, les autorités russes n’ayant pas intérêt à noircir le tableau.
De nombreuses zones d’ombre planent sur la dernière affaire. Il est difficile d’imaginer qu’il ait agi sans complicités. Pourquoi a-t’il été désigné et arrêté si rapidement, etc. ?
Après l’assassinat du général Kirillov cité plus avant, le président Poutine avait reconnu des manquements de ses puissantes agences de sécurité : « Nous ne devons pas permettre que de telles erreurs graves se produisent. »
1. Voir : « Opération ‘homo’ ukrainienne à Moscou ? » du 18 décembre 2024.
2. Voir : « Assassinat d’un blogueur nationaliste russe » du 4 avril 2023.
3. Voir : « Opération homo ukrainienne à Moscou » du 6 février 2025.