Le 15 septembre vers 14 H 30, alors que Donald Trump effectuait un parcours de golf à West Palm Beach, des coups de feu ont retenti. Uns agent du service secret chargé de sa protection qui se trouvait un trou en avance sur le parcours a repéré ce qui semblait être le canon d’une arme au niveau de la clôture grillagée du terrain. Il a ouvert le feu à plusieurs reprises dans sa direction.

Un homme identifié ensuite comme Ryan Wesley Routh, s’est enfui abandonnant sur place un fusil de type SKS et accrochés à la clôture deux sacs à dos remplis de morceaux de céramique et une caméra Go-Pro.

 

Il est vraisemblable que les sacs devaient protéger le sniper des tirs adverses et la caméra filmer la scène. Par ailleurs, le numéro de l’arme avait été effacé.

Pour un bon tireur, la version civile du SKS de calibre 7.62X39 équipée d’une lunette est efficace pour un tir de précision allant jusqu’à 450 mètres. Le Monde situe les positions supposées du tireur à moins de 300 mètres de sa cible potentielle.

Par contre, les enquêteurs se perdent en conjecture sur la manière dont l’assaillant a pu être au courant de la présence de Trump sur ce parcours alors qu’il aurait été programmé à la dernière minute… Toutefois, la géolocalisation de son portable montrerait qu’il a passé une douzaine d’heures sur zone sans se faire repérer, ce qui veut dire qu’il serait arrivé vers 02 h 30 et serait resté dissimulé dans les bosquets qui longent le terrain de golf.

La plaque d’immatriculation (appartenant à une Ford 2012 déclarée volée précédemment) du SUV de marque Nissan du fuyard ayant été photographiée par un civil, il a pu être arrêté sur l’Interstate-95 à 70 kilomètres du golf par la police de Palm Beach.

Trump avait miraculeusement survécu à une tentative d’assassinat le 13 juillet lors d’un rassemblement à Butler. Un participant à la manifestation avait été tué ainsi que le tireur.

La Directrice du service secret, Kimberly Cheatle, avait dû démissionner pour les « failles » constatées dans la sécurité du candidat à la présidentielle.

Si le dispositif autour de Trump avait été bien renforcé depuis, il n’atteignait pas le niveau de ceux qui entourent le président et la vice-présidente américain.

Un suspect à la personnalité pour le moins complexe

Le suspect arrêté est Ryan Wesley Routh, un homme de 58 ans après avoir passé la majorité de sa vie en Caroline du Nord, où il a travaillé dans la construction. Ces derniers temps, il était domicilié à Hawaii. Il serait diplômé en génie mécanique de l’université agricole et technique de Caroline du Nord.

Sur les réseaux sociaux où il ne semblait plus actif depuis plusieurs semaines, Ryan Wesley Routh plaidait pour un soutien militaire à l’Ukraine et se disait même prêt à aller se « battre » et « mourir » pour Kiev.

Il s’y est d’ailleurs rendu en 2022 mais il n’aurait pas réussi à intégrer la « Légion internationale » n’ayant aucune expérience militaire.

En 2023, Routh a déclaré au New York Times qu’il voulait recruter des soldats afghans qui avaient fui les talibans.

En juillet 2024, il avait posté le message suivant sur Facebook : « Soldats, ne m’appelez pas, s’il vous plaît. Nous essayons toujours de convaincre l’Ukraine d’accepter des militaires afghans et nous espérons avoir des réponses dans les mois à venir… s’il vous plaît, soyez patients ».

Dans un livre publié à compte d’auteur en février 2023, il se plaint de l’accueil réservé à ses efforts en Ukraine : « Je n’ai pas encore vu le moindre signe d’appréciation ou de respect ». Il y explique qu’il a passé cinq mois en Ukraine et qu’il a travaillé sur divers projets, dont un programme de construction de drones. Il affirme que ses efforts se sont soldés par des échecs ou ont été interrompus par les autorités.

Le livre contient également un passage où il encourage les responsables iraniens à « assassiner Trump ».

Son profil contient également des messages pro-palestiniens, pro-Taïwan et anti-Chine, y compris des allégations de « guerre biologique » chinoise et des références au virus Covid-19 en tant qu’« attaque ».

Politiquement, Routh était inscrit comme électeur non affilié en Caroline du Nord mais aurait voté lors des dernières primaires démocrates en mars.

Selon les registres électoraux fédéraux en ligne, en 2019 et 2020 il a fait un certain nombre de petits dons totalisant environ 140 dollars à ActBlue, une organisation de collecte de fonds pour les démocrates.

 Une photo de l’Associated Press d’un camion à l’extérieur de sa maison de Routh à Hawaï montre un autocollant de la campagne Biden-Harris à l’arrière (ci-après).

Dans le passé, M. Routh a également soutenu des candidats tels que Tulsi Gabbard, une démocrate qui a depuis quitté le parti et s’est ralliée à M. Trump. Il a également déclaré son soutien aux anciens candidats républicains à la présidence, Vivek Ramaswamy et Nikki Haley.

La suite des évènements

Le 16 septembre, Routh a comparu devant un juge du comté de Palm Beach, près de Mar-a-Lago accusé d’infractions liées aux armes à feu.

Les charges retenues contre lui ne font pas référence à une tentative de meurtre de M. Trump, bien que le FBI ait déclaré qu’il enquêtait sur l’incident de dimanche en tant que tentative d’assassinat.

Les forces de l’ordre ont déclaré après la comparution que le suspect n’avait pas tiré avec une arme et qu’il n’avait jamais eu en ligne de mire le candidat républicain à la présidentielle.

L’audience suivante est programmée le 23 septembre pour déterminer s’il doit rester en détention. Les procureurs affirment qu’il risque de s’enfuir et qu’il représente un danger pour la société. Il est probable qu’il reste incarcéré et que d’autres chefs d’inculpation apparaissent à mesure que l’enquête progresse.

Pour la petite histoire, Ron DeSantis, le gouverneur républicain de Floride refuse de livrer le suspect aux autorités fédérale affirmant que la police de l’État de Floride est tout à fait apte à découvrir les faits alors que le FBI a enquêté sur Donald Trump sous-entendant que l’Agence n’est pas neutre.

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Texte

Alain Rodier