Les concerts de la tournée de la chanteuse Taylor Swift à Vienne en Autriche ont été annulés après que des responsables gouvernementaux aient confirmé l’existence d’un complot terroriste présumé lié à l'État Islamique visant à attaquer de « grands évènements » ont déclaré mercredi les organisateurs : « avec la confirmation des responsables gouvernementaux d'un projet d'attaque terroriste au stade Ernst Happel, nous n'avons pas d'autre choix que d'annuler les trois concerts prévus pour la sécurité de tous ».

L’annonce est intervenue peu de temps après l’arrestation de deux extrémistes présumés en Autriche le 7 août dont l’un semblait planifier une attaque contre un évènement majeur dans la région de Vienne comme les concerts de Swift ce week-end. Les autorités ont précisé que les deux suspects étaient liés à l’EI.

Selon CBS News, les informations sur les suspects provenaient des services de renseignement américains – vraisemblablement la DEA – et ont été communiquées aux autorités autrichiennes via la Direction de la sureté nationale et du renseignement (DSN) qui a été profondément remaniée suite à divers scandales de corruption et de liens avec la Russie.

Le principal suspect, un citoyen autrichien d’origine de Macédoine du Nord comme l’auteur de l’unique attaque islamique ayant frappé l’Autriche en 2020 (quatre tués lors d’une fusillade) âgé de 19 ans, a été arrêté à Ternitz, à 60 kilomètres au sud de Vienne. Il s’est rapidement « mis à table ». Selon la police, iI a « changé d’apparence de manière flagrante et l’a adaptée à la propagande de l’État islamique ». Elle a diffusé une photo où il pose avec des armes blanches (en tête de cet article).

Le second, un islamiste autrichien d’origine turque ou croate a été appréhendé à Vienne. Il avait rompu « avec sa petite amie peu de temps auparavant », a relevé le directeur général de la Sécurité publique.

Les concerts de Swift devaient avoir lieu au stade Ernst Happel de Vienne les 8, 9 et 10 août dans le cadre de sa tournée européenne « Eras Tour », qui a connu un énorme succès.

Le directeur de la sécurité publique au ministère autrichien de l’Intérieur, Franz Ruf, a déclaré que les autorités avaient pris connaissance des « actions préparatoires » en vue d’une éventuelle attaque « et que l’agresseur de 19 ans se concentrait également sur les concerts de Taylor Swift à Vienne ».

Il a ajouté qu’un « raid ciblé a été mené ce matin » coordonné par divers bureaux des forces de l’ordre de l’État et de la ville.

Selon le ministère autrichien de l’Intérieur, les deux suspects s’étaient radicalisés sur Internet et avaient fait « des préparatifs concrets pour une attaque terroriste ».

Ruf a précisé que le citoyen autrichien de 19 ans avait prêté serment d’allégeance au groupe État islamique en juin (c’est sans doute à cette occasion qu’il a été repéré par la NSA).

Ruf a également déclaré que des substances chimiques ont été saisies au domicile du principal suspect et sont en cours d’évaluation. Mais tous les composants nécessaires à la fabrication d’un engin explosif ne semblaient pas être réunis. Ont également été découverts du matériel de propagande de l’EI, 21.000 euros en fausse monnaie, des machettes, des couteaux et des stéroïdes anabolisants.

Les autorités autrichiennes ont annulé les concerts par précaution, car l’enquête se poursuit sur d’autres conspirateurs potentiels qui auraient pu être impliqués dans les plans présumés.

Le chancelier autrichien Karl Nehammer a déclaré que « la menace a été reconnue tôt, combattue et une tragédie a été évitée […] Nous vivons à une époque où des moyens violents sont utilisés pour attaquer notre mode de vie occidental […] Le terrorisme islamiste menace la sécurité et la liberté dans de nombreux pays occidentaux. C’est précisément pourquoi nous n’abandonnerons pas nos valeurs telles que la liberté et la démocratie, mais les défendrons avec encore plus de véhémence ».

L’Autriche a déjà empêché un passage à l’acte terroriste islamique lors de la parade LBGT qui s’est tenue à Vienne le 17 juin 2023. Trois jeunes de 14, 17 et 20 ans qui souhaitaient attaquer cette manifestation avec des armes blanches avaient été arrêtés.

L’État Islamique qui commémore les dix ans de la création de son « califat » (29 juin 2014) continue à être présent dans son sanctuaire syro-irakien mais aussi dans ses « provinces extérieures ». Une des plus active ces derniers mois est l’État Islamique-Khorasan (EI-K) qui a revendiqué plusieurs actions terroristes dont la plus importante a été l’attentat du Crocus city hall à Moscou le 22 mars qui a fait 145 victimes et 551 blessés.

Mais en Occident, l’EI préfère faire appel à des adeptes qui ont été radicalisés via internet. Daech délivre régulièrement des menaces sur le darknet dont l’une datant du 28 mars 2024 disait « les loups solitaires sont encouragés à viser spécifiquement les chrétiens et les juifs, surtout en Europe… ». Le site Hallumu qui se revendique proche de l’EI invitait à cibler les stades considérés comme des cibles faciles où il est aisé de faire de nombreuses victimes.

Ces dernières années, les spectacles de musique et les lieux de spectacle en Europe sont devenus les cibles préférées de militants islamistes radicalisés.

En novembre 2015, des hommes armés de l’EI ont attaqué le Bataclan à Paris – dans le cadre d’une vague terroriste qui a frappé d’autres cibles dans la capitale française – tuant au moins 130 personnes.

En mai 2017, le groupe a revendiqué la responsabilité d’un attentat-suicide à la bombe contre un concert d’Ariana Grande à Manchester, en Angleterre, qui a tué 22 personnes.

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Texte

Alain RODIER