La guerre qui se déroule depuis une semaine entre Israël et le Hamas monopolise l’attention des médias qui ont placé le conflit russo-ukrainienne au deuxième plan.

C’est d’ailleurs la crainte du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a effectué une visite surprise à un sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Bruxelles le 11 octobre. Il a rencontré en particulier Secrétaire de la défense américain Llyod Austin qui lui a assuré que l’aide apportée à Israël après l’attaque lancée par le Hamas ne viendra pas contrecarrer le soutien à l’Ukraine.

Selon le président ukrainien, Llyod Austin « a clairement exprimé que l’Amérique continuera à fournir à l’Ukraine le soutien constant et ininterrompu nécessaire à sa défense ».

Il a ajouté avoir abordé « la manière de renforcer les capacités de défense » de l’Ukraine avant l’hiver, notamment en matière de drones et de missiles.

Llyod Austin a précisé pour sa part : « ne faîtes pas d’erreur, les États-Unis resteront capables de déployer leur puissance et des ressources pour faire face aux crises dans plusieurs théâtres à la fois. Donc, nous nous tenons fermement aux côtés d’Israël tout en continuant à soutenir l’Ukraine ».

Enfin le président ukrainien a comparé les massacres en Israël aux premiers jours de l’invasion russe et a demandé aux dirigeants de manifester leur solidarité avec Israël.

Donc, profitant que le monde regarde ailleurs, les forces russes ont intensifié leur offensive destinée à reprendre la localité d’Avdiivka au nord de Donetsk.

Selon Vitaliy Barabash, le responsable ukrainien de la région : « il s’agit de l’action offensive à plus grande échelle dans notre secteur depuis le début de la guerre à part entière ».

Des images satellite prises le 10 et le 11 octobre confirment que les troupes russes ont avancé au sud-ouest d’Avdiivka près de Sieverne et au nord-ouest d’Avdiivka près de Stepove et Krasnohorivka.

Mais selon le commandement militaire ukrainien, dix attaques ennemies contre la ville ont été repoussées. Les récits russes de la situation ont également laissé entendre que les combats s’étaient intensifiés, mais selon Moscou, ses forces avaient « amélioré leur position dans les banlieues immédiates autour d’Avdiivka ».

Mais la ville reste un bastion ukrainien notoirement bien fortifié et défendu, ce qui complique la capacité des forces russes à s’approcher de près ou de s’en emparer complètement.

De plus, leur intérêt n’est peut-être pas de se lancer dans un combat de rues très coûteux. En effet, elles contrôlent déjà des segments de l’autoroute critique N20 Donetsk-Kostyantynivka-Kramatorsk-Slovyansk et d’autres routes qui passent près d’Avdiivka, de sorte que la capture hypothétique de la localité n’ouvrira pas de nouveaux axes d’avancées vers l’ouest du le reste de l’oblast de Donetsk .

Quant à la ville elle-même, la voie ferrée et toutes les autoroutes menant à Avdiivka sont contrôlées ou peuvent être contrôlées par le feu des positions russes. Il semble qu’il existe encore deux routes disponibles pour l’Ukraine via Lastochkyne et Sjeverne, mais l’écart entre les tenailles russes n’est que d’environ huit kilomètres. De plus, il n’y a pas d’aéroports ouverts dans le saillant. La menace anti-aérienne russe rend impossibles les largages aériens, quelle que soit leur ampleur. Bien qu’Avdiivka ne soit pas encerclée, il va être très difficile de maintenir le ravitaillement. Et bien sûr, le secteur est déjà sous pression depuis des mois, il est donc peu probable que les stocks soient très élevés.

Les pertes des deux côtés seraient substantielles, mais les forces ukrainiennes estiment que les Russes disposent d’un avantage significatif en termes d’équipement sur ce front. À savoir que les Russes disposeraient de 800 chars et de plus d’un millier de véhicules blindés dans cette zone, le tout appuyé par des centaines de pièces d’artillerie.

La majorité des forces russes qui combattent actuellement dans cette zone sont vraisemblablement des éléments du 1er corps d’armée de la République populaire de Donetsk (DNR), que contrôle principalement la 8e armée interarmes russe.

Pour le think tank américain Institute for the study of war (ISW), « les forces russes ont probablement l’intention d’attaquer dans la région d’Avdiivka pour obliger un renforcement des forces ukrainiennes et les empêcher de redéployer vers d’autres zones du front ». Cependant, les responsables ukrainiens ont compris le stratagème identifié comme une opération de diversion.

Ils sont néanmoins confrontés à un choix difficile : maintenir leur avance sur Robotyne au sud ou réaffecter ses forces vers le nord. L’absence de livraisons récentes d’armes rend difficile à Kiev de s’engager efficacement sur deux fronts. De plus la pénurie de troupes pour effectuer des relèves indispensables devient un autre problème crucial.

Les combats se poursuivent également dans diverses autres régions du sud et de l’est de l’Ukraine, notamment autour du fleuve Dniepr, à proximité de la ville de Bakhmout et dans la région de Zaporizhia.

L’automne va arriver et en regardant la carte d’un peu plus loin (c/f ci-après), il est évident de constater que les conquêtes de terrain, d’un côté comme de l’autre, ont été minimes depuis le début de l’année. Leur importance stratégique est nulle malgré les pertes que ces opérations ont causées dans les deux camps.

Il y a peu de chances que cela évolue avant que les grands froids ne soient là. Pour mémoire, l’état-major russe ne compte pas sur une fin de la guerre avant 2025…

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Texte

alain Rodier