Une discrète nouvelle affirme qu’après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, l’Alliance envisagerait d’interdire Le Golfe de Finlande à la Russie. Si cette information se confirme, ce serait une véritable provocation faite à la Russie qui, comme cela a été vu en Ukraine, considère que la meilleure manière de répondre à une menace, c’est d’attaquer…
Il est vrai que l’appartenance à venir de la Finlande à l’OTAN et celle déjà en vigueur de l’Estonie change la dimension de ce qui peut arriver.
À savoir que l’Estonie et la Finlande auraient discuté d’une éventuelle fermeture du Golfe de Finlande en coordonnant leurs batteries de missiles côtières qui couvrent en portée largement la zone. Selon Nord News, les Russes n’auraient ainsi plus accès à la Baltique depuis la région de St-Petersburg, ce qui neutraliserait la base navale « Leningrad » qui s’y trouve et qui dépend de la Flotte de la Baltique.
Sur le fond des choses, la Flotte de la Baltique va rencontrer de nombreuses difficultés car la carte montre que bientôt, tous les pays riverains appartiendront à l’OTAN. La Russie n’aura plus que Kaliningrad comme port d’attache.
Le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, a enfoncé le clou déclarant que la fermeture du Golfe de Finlande transformerait la mer Baltique en une « mer intérieure de l’OTAN ». En effet, Kaliningrad ne pourrait plus être ravitaillé par la mer et les difficultés pour utiliser le corridor de Suwalki qui relie la Russie à cette enclave (situé entre la Pologne et la Lituanie) se multiplient ces dernières semaines(1).
Techniquement, un blocus de Kaliningrad serait faisable dans les années à venir. Politiquement parlant, ce serait une déclaration de guerre.
Les missiles côtiers finlandais SK 242 MTO 85M ont une portée de plus de cent kilomètres. La baie s’étend sur environ 82 kilomètres entre Helsinki et Tallinn.
L’Estonie prévoit d’acheter plus tard cette année des missiles israéliens Blue Spear, qui ont une portée de près de trois cents kilomètres.
L’hostilité vis-à-vis de Moscou des pays baltes(2), de la Pologne et d’autres ayant eu à souffrir du joug du communisme soviétique est parfaitement compréhensible. Le problème réside que si leur désir de se défendre contre une éventuelle attaque de la Russie est totalement admissible, le fait de sembler vouloir entraîner leurs alliés de l’OTAN dans une guerre contre la Russie est très inquiétant (Article 5 de l’Alliance).
L’Union européenne suit le mouvement sans que les peuples n’aient été consultés d’une manière ou d’une autre. Ainsi, selon Josep Borrel, le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, l’Europe envisagerait un accroissement significatif de son soutien militaire à l’Ukraine qui prendrait la forme de l’envoi d’une « importante » mission de formation de l’armée ukrainienne. Cela pourrait être considéré par Moscou comme un état de « cobélligérance ».
Certes la puissance militaire russe a été battue en brèche lors de l’invasion de l’Ukraine(3). Il n’en reste pas moins qu’elle reste détentrice d’une force nucléaire impressionnante. À trop chatouiller l’ours russe …
Pour revenir à la Baltique, le 31 juillet 2022, le président Poutine a déclaré que la Flotte de la Baltique bénéficierait d’un effort prioritaire de modernisation dans les années à venir.
1. voir : « LITUANIE – RUSSIE. Crise en vue » du 22 juin 2022.
2. Dans les années 1990, l’auteur a connu quelques membres des jeunes générations des pays baltes qui ont pris le contrôle des institutions de ces pays après l’implosion de l’URSS. Trente ans après, ce sont eux qui sont aux affaires et leur anticommunisme d’origine semble avoir muté en russophobie.
3. Cela avait déjà été constaté lors de l’invasion de l’Afghanistan de 1979 qui s’était terminée par un retrait penaud dix ans plus tard. C’est vraisemblablement cet exemple qui « inspire » les stratèges occidentaux actuels. La différence réside dans le fait que l’Afghanistan n’était pas considéré comme « vital » par le Kremlin. L’Est de l’Ukraine, la Crimée, Kaliningrad et la mer Baltique, si.
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