L’armée de terre italienne est une des rares au monde, sinon la seule, à disposer d’une unité spécifiquement organisée, équipée et entraînée aux opérations en milieu lagunaire. Ce n’est pas par hasard que cette unité, qui tire ses origines des Fanti da Mar de la République de Venise, dite la « Sérénissime », est basée dans la célèbre cité des Doges et porte le nom de Reggimento Lagunari « Serenissima ».
Unité d’infanterie légère amphibie, constituée officiellement le 15 janvier 1951 sous le nom de Settore Forze Lagunari en tant qu’embryon de force interarmées regroupant alors des éléments de l’Esercito et de la Marina Militare (voir encadré), le Reggimento Lagunari « Serenissima » est né le 25 octobre 1964 par transformation du Raggruppamento Lagunare qui avait été mis sur pied en septembre 1957. Depuis son activation en tant que régiment, l’unité a connu plusieurs réorganisations, dues notamment aux nombreuses restructurations qu’a connues l’armée de terre italienne au cours des cinq dernières décennies ; la dernière en date, toujours pas complétée, remonte à 2013-2014. Caractéristique du Reggimento Lagunari « Serenissima » : les opérations en milieu lagunaire, la plus récente des spécialités de l’arme d’infanterie italienne.
A l’époque de la guerre froide, sa mission prioritaire était de participer à la défense du littoral vénitien, caractérisé justement par ses nombreuses lagunes et zones marécageuses, contre une éventuelle offensive menée par les armées du pacte de Varsovie sur le flanc sud du dispositif défensif nord-est, dit de la Soglia di Gorizia. Puis le célèbre régiment de la cité des Doges est devenu, de par sa spécialité, une des composantes de la force interarmées de projection et d’assaut amphibie, appelée Forza di Proiezione dal Mare (FPM), qui encadre également la brigade « San Marco » de la marine italienne (voir encadré).
Pendant des années, le régiment s’est caractérisé aussi par sa composition sur base régionale, à une époque où le service militaire était encore obligatoire en Italie ; une caractéristique propre qu’il a perdue, depuis, avec le processus de professionnalisation, lequel a amené progressivement l’unité à recruter des personnels engagés volontaires service long ou des militaires professionnels venant d’autres régions de l’Italie (les Vénitiens sont aujourd’hui minoritaires parmi les Lagunari). Qui plus est, le régiment a perdu en quelque sorte ses racines historiques avec la cité lagunaire, quand, en 1999, son état-major, la compagnie de commandement et services, ainsi que la compagnie mortiers lourds de la caserne « Gugliemo Pepe », située sur l’île du Lido, premier de tous les édifices italiens nés pour accueillir des militaires, ont été transférés à la caserne « Edmondo Matter » de Mestre, toujours dans la province de Venise, mais non plus au cœur de la cité des Doges. Cela dit, le passage à la professionnalisation de ses effectifs et le fait d’être rattaché à la FPM, dite aussi Forza da Sbarco (force de débarquement), ont donné l’occasion au régiment de participer à de nombreuses opérations extérieures : de la Bosnie, en décembre 1998, jusqu’à l’Afghanistan et le Sud-Liban (voir encadré).
Une autre occasion de voir du pays pourrait être donnée au régiment Lagunari : son passage, programmé mais encore incertain, de la brigade de cavalerie « Pozzuole del Friuli » (voir encadré), auquel il est rattaché depuis décembre 2000, à la brigade aéromobile « Friuli ». A noter que ce projet a été fortement critiqué par ceux qui souhaiteraient plutôt donner naissance à une structure permanente conjointe Marina Militare/Esercito, qui intégrerait la brigade « San Marco » et le régiment Lagunari, dont les personnels sont déjà formés et entraînés pour opérer côte à côte dans le cadre de la FPM, comme cela a été le cas lors de l’opération amphibie réalisée au Liban en 2006.
Opérations amphibies à large spectre
Les Lagunari possèdent depuis toujours une capacité amphibie prononcée, comme en témoignent le cursus d’instruction en vigueur au sein même de l’unité depuis sa création et les stages de spécialisation réalisés à Brindisi (Pouilles) auprès de la brigade « San Marco », mais aussi la structure organique du régiment et les moyens matériels en dotation, nécessaires pour mener des opérations là où la présence de deux éléments conjugués, la terre et l’eau, peuvent limiter considérablement l’efficacité opérationnelle des unités classiques d’infanterie. En effet, la mobilité à terre et dans l’eau a toujours été une des caractéristiques des Lagunari, qui sont en mesure d’opérer non seulement en eaux internes dans un contexte « riverine » (fleuve, lac, lagune, etc.), mais aussi comme force d’assaut amphibie à part entière.
Actuellement, le régiment s’articule sur un état-major, auquel sont rattachées la compagnie de commandement et services « Venezia » et la compagnie mortiers lourds « Adria », lesquels sont basés à Mestre ; un bataillon, en l’occurrence le 1° Battaglione Lagunari, qui compte trois compagnies d’assaut amphibie et une compagnie antichar, toutes basées à Malcontenta, caserne « Bafile » ; une compagnie renforcée de support tactique amphibie, qui regroupe tous les moyens nautiques du régiment et qui est basée à Sant’Andrea in Venezia, sur l’île de Vignole.
Les trois compagnies d’assaut amphibie, numérotées 1, 2 et 3, du 1° Battaglione Lagunari sont organisées, chacune, sur une section de commandement et services, trois sections de fusiliers, lesquelles comptent quatre groupes de combat de sept fusiliers chacun, pour un total de 102 éléments. A noter que les compagnies de fusiliers ont perdu récemment leur section antichar, équipée de Milan, ces systèmes moyenne portée ayant été intégrés au sein de la compagnie antichar du bataillon 1. Cette compagnie nouvellement créée compte plus précisément trois sections antichars Milan, mettant en œuvre, chacune, six postes de tir, transportés ou montés sur chenillés VCC Oto Melara, version locale du M113, ou 4 x 4 VTLM Lince (lynx), désignation dans la nomenclature militaire italienne du LMV d’Iveco ; ainsi que deux sections antichars équipées de systèmes longue portée TOW (2 + 2 systèmes) installés sur chenillés VCC ou sur VBL Puma ; le tout assurant aux unités de manœuvre un volume de feu des plus significatifs en matière de combat antichar.
Toujours en termes d’appui feu, la compagnie mortiers lourds « Adria », qui n’est pas rattachée au 1er bataillon mais qui dépend directement du commandement régimentaire, met en œuvre six tubes de 120 mm type MO-120-RT, montés sur chenillés M106.
Quant à la compagnie de support tactique amphibie, elle dispose d’une quinzaine d’embarcations rigides dotées de moteurs hors-bord de 115 chevaux, de deux barges de débarquement type MTP‑96 et d’une quinzaine de chenillés amphibies LVTP-7/AAV-7A1, cheval de bataille par excellence des Lagunari. A noter que cet engin pourrait être remplacé, à terme, par le nouveau 8 x 8 VBA (Veicolo Blindato Anfibio) de CIO (Consorzio Iveco-Oto Melara), basé sur la plate-forme SuperAV équipée de la tourelle autopilotée HITFIST armée d’un canon automatique de 45 mm ou 25 mm. A cette compagnie était rattachée également, il y a encore peu de temps, une des composantes essentielles et hautement spécialisées du Reggimento Lagunari « Serenissima » : la section explorateurs amphibie, qui est désormais placée, pour l’emploi, sous l’autorité directe du commandant du régiment.
« Plotone Exploratori Anfibio » : l’élite
Bien que rebaptisée Plotone Anfibio Speciale 2, cette petite unité d’un peu plus d’une trentaine d’opérateurs continue d’être appelée par les Lagunari par son ancienne dénomination : Plotone Exploratori Anfibio.
Comparable par certains aspects aux Recon/UDT puisqu’elle est chargée de mener à bien toute la palette de missions confiées habituellement à ce type de force (reconnaissances tactiques préalables aux opérations amphibies ou terrestres ; dépollution des zones de débarquement ; actions directes, y compris de sabotage et de destruction ; saisie de points clés…), cette unité spécialisée est composée de trois groupes de reconnaissance/exploration, chacun constitué de huit opérateurs, dont un tireur de précision et un servant arme antichar (lance-roquettes Panzerfaust 3), d’un groupe antichar, également de huit éléments avec deux systèmes Milan, et d’un groupe mortiers légers de six éléments, avec deux tubes de 60 mm Hirtenberger M6C-210.
Pour assurer sa mobilité sur le terrain, le Plotone Exploratori Anfibio dispose de VTLM 4 x 4 Lince et de motos Cagiva de 350 cm3. Il est doté, en outre, d’équipements spécifiques qui le différencient des autres unités Lagunari : armement dédié (voir encadré) ; canoës/kayaks pour les opérations en eaux internes ; combinaisons de plongée et équipements pour les interventions subaquatiques, notamment les OMG Mk2 et OMG Mk4 Caimano à circuit fermé ; scooters sous-marins ADV Suex ; radios HF/BLU SRT-178P et AN/PRC-148 en bandes VHF/UHF, permettant la transmission par satellite et les liaisons UHF, notamment pour les missions ECAS (emergency close air support).
Les opérateurs du Plotone Esploratori Anfibio, tous volontaires, proviennent du régiment Lagunari, au sein duquel ils sont soigneusement sélectionnés, avant de suivre un stage de formation basique propre à la spécialité, de deux fois 10 semaines. La première phase est dédiée principalement aux techniques et procédures de navigation terrestre et en milieu humide ou eaux internes, zones marécageuses, lagunes et autres ; ainsi qu’aux techniques de survie en milieu hostile, d’évasion et de résistance aux interrogatoires ; un programme SERE (survival, evasion, resistance and escape) en quelque sorte, mais taillé sur mesure pour la spécialité3. Quant à la deuxième phase, elle porte pour l’essentiel sur la planification des missions au niveau patrouille et à leur mise en pratique sur le terrain, les techniques de combat rapproché ou CQB et l’action directe (coups de main, sabotage et destruction, etc.), le déminage et la lutte anti-IED.
Au terme de ces 20 semaines, les Esploratori sont amenés à suivre d’autres stages spécialisés, tant en Italie qu’à l’étranger. Parmi ceux-ci figurent celui pour l’obtention de la qualification Ranger, réalisé à Livourne (Toscane) auprès du Reparto Addestramento Forze per Operazioni Speciali (RAFOS), l’unité d’instruction/formation du célèbre « Col Moschin » qui a en charge de former les forces d’opérations spéciales italiennes ; un stage de plongée au fort du Varignano, près de La Spezia (Ligurie), siège des nageurs de combat du Comando Subacqueo e Incursori (COMSUBIN), pour l’habilitation à l’emploi des appareils respiratoires ARO/ARA/ARM
(respectivement Auto-Respiratore Aria jusqu’à 60 m, Auto-Respiatore Ossigeno à circuit fermé et Auto-Respiratore Miscela avec mélange jusqu’à 50 m) ; un stage de montagne (ski et alpinisme), qui se déroule auprès du Centro Addestramento Alpino (CAA) d’Aoste ; un stage de parachutisme auprès du Centro Addestramento Paracadutismo (CAPAR) de Pise. A noter que les tireurs de précision longue distance sont formés par les instructeurs de l’Ecole d’infanterie de Cesano, près de Rome ; alors que pour les activités ECAS, le support aérien rapproché fourni pour l’essentiel, dans le cas des Lagunari, par les hélicoptères de combat AW-129 Mangusta de l’Aviazione Esercito (AVES), les opérateurs de l’unité suivent un stage basique auprès du 5e régiment AVES « Rigel » de Casarsa della Delizia, près de Pordenone (Frioul-Vénétie julienne), qui est rattachée à la brigade aéromobile « Friuli ».
A l’étranger, plusieurs centres d’instruction de l’OTAN ouvrent leurs portes aux Esploratori, notamment l’International Special Training Center (ISTC) à Pfullendorf, en Allemagne, où ils peuvent suivre plusieurs types de stages, Patrol, CQB et SERE. Précisons, par ailleurs, que les opérateurs du Plotone Esploratori Anfibio sont tous brevetés BLS (Basic Life Support), qualification essentielle pour une unité appelée à opérer de façon isolée et en quasi-autonomie, alors qu’un élément de chaque groupe a suivi le stage de secourisme militaire au combat auprès de la polyclinique militaire du Celio, à Rome.
La « Forza di Proiezione dal Mare » : la force interarmées d’assaut amphibie
Formation amphibie interarmées activable sur demande, la Forza di Proiezione dal Mare (FPM) est composée d’éléments organiques appartenant à la Marina Militare et à l’Esercito. L’idée de créer cette force d’assaut amphibie répond aux changements géopolitiques intervenus dans le monde et aux nouvelles menaces, de type asymétrique notamment, qui sont apparues après le 11 septembre 2001 et qui ont entraîné une révision de la doctrine d’emploi des forces et le reformatage de l’instrument militaire de défense.
Placée, pour l’emploi, sous l’autorité du Comando delle Forze da Sbarco (COMFORSBARC), le commandement des forces de débarquement, la FMP est opérationnelle depuis 2007 et relève directement, pour l’emploi, du commandement opérationnel interarmées, appelé Comando Operativo di vertice Interforze (COI). Cette force de projection regroupe des éléments organiques de la Marina Militare (MM), en l’occurrence la brigade « San Marco », et de l’Esercito Italiano (EI), qui fournit, outre le Reggimento lagunari « Serenissima », d’autres éléments organiques provenant du 10° Reggimento Genio Guastatori (génie d’assaut) de Crémone (Lombardie), du 1° Reggimento Trasmissioni de Milan, du 33° Reggimento Logistico de Solbiate Olona-Varèse (Lombardie) et du 3º Reggimento Sostegno Aviazione Esercito (AVES) « Aquila » d’Orio al Serio-Bergame (Lombardie) ; cette dernière unité de l’ALAT italienne mettant en œuvre un parc mixte d’hélicoptères (AB-205, AB-412 et NH-90). Au besoin, d’autres éléments de support tactique, toujours fournis par l’EI, sont prévus pour être rattachés ponctuellement à la FPM, soit deux escadrons de reconnaissance blindés sur 8 x 8 roues-canon Centauro B1 du Reggimento « Genova Cavalleria » de Palmanova (Fioul-Vénétie julienne) ; deux batteries d’artillerie mixte, obusiers FH-70 de 155 mm et mortiers Mo-120 RT-61 de 120 mm, du Reggimento Artiglieria Terrestre a Cavallo « Voloire » de Verceil (Piémont) ; deux batteries de missiles sol-air FIM-92 Stinger du 17° Reggimento Artiglieria Controaerei « Sforzesca » de Sabaudia-Latina (Latium) ; deux compagnies du 3° Reggimento Guastatori d’Udine (Frioul-Vénétie julienne) ; une ou deux compagnies du Reggimento Logistico « Pozzuolo del Friuli » de Remanzacco (Frioul-Vénétie julienne).
Réorganisation pour la brigade « San Marco »
Pièce maîtresse de la FMP fournie par la marine italienne, la brigade « San Marco », anciennement régiment (transformation en mars 2013), a son quartier général à Brindisi (Pouilles) et aligne un effectif de plus de 3 800 fusiliers marins, appelés Marò. Durant l’été 2015, la brigade a été soumise à une profonde réorganisation. Sans entrer de suite dans les détails (nous consacrerons un prochain article à la nouvelle brigade « San Marco »), celle-ci s’articule sur trois régiments totalement remodelés, portant tous le nom de « San Marco ».
Le 1° Reggimento aligne désormais un bataillon d’assaut amphibie supplémentaire, le « Venezia », qui est venu s’ajouter au « Grado », né par transformation du désormais dissous Battaglione Combat Support, plus un bataillon dit de support au combat, baptisé « Golametto ». Les deux bataillons d’assaut amphibie sont organisés sur le même modèle, alignant, chacun, une compagnie dite de support au combat, sur chenillés amphibies LVTP/AAV-7, et deux compagnies d’assaut amphibie. Quant au 2° Reggimento, il regroupe toujours les éléments utilisés pour les opérations d’interdiction maritime, y compris les boarding teams embarqués à bord des unités de la MM, chargés de l’abordage et de l’inspection de navires suspectés d’activités illicites, notamment dans le cadre des opérations de lutte contre la piraterie maritime, ainsi que les Nuclei Militari di Protezione (NMP), équivalents italiens de nos équipes de protection embarquées (EPE), qui ont en charge la protection des navires de commerce battant pavillon italien lors de leur transit dans des zones à risque. Pour ce faire, le 2° Reggimento est organisé sur deux bataillons, appelés respectivement Battaglione Operazioni Navali et Battaglione Interdizione e Protezione.
Enfin, le 3° Reggimento s’articule sur trois bataillons dits de Servizio Difesa Installazioni (SDI), chargés de la protection des bases et infrastructures de la marine italienne, dans leurs zones territoriales respectives (bataillons SDI Nord, Centre-Rome et Sud).
A ces unités au niveau régiment viennent s’ajouter une compagnie renforcée de de moyens nautiques, dite Gruppo Mezzi da Sbarco, qui est chargée de la mise en œuvre des embarcations assurant le transport des Marò à partir des bâtiments d’assaut amphibie de la MM jusqu’à la terre ferme ; ainsi qu’un bataillon d’instruction, le « Caorle ». A noter que la composante pour les opérations spéciales, anciennement compagnie Recon/UDT, qui était encadrée au sein du bataillon de support au commandement, a été intégrée au 1° Reggimento. Celle-ci, appelée désormais compagnie Nuotatori Paracadutisti/Ricognizione/Aquizisione Obiettivi, est comparable par bien des aspects aux commandos-marine français puisqu’elle est chargée de mener à bien toute la palette de missions confiées habituellement à ce type de force : reconnaissances tactiques préalables aux opérations amphibies ou terrestres ; actions directes, y compris de sabotage et de destruction ; saisie de points clés ; protection et évacuation de ressortissants ; interventions ponctuelles en mer, notamment dans le cadre d’opérations antiterroristes ou de
contre-piraterie maritime.
Des « Fanti da Mar » aux « Lagunari »
Les Lagunari sont considérés comme les héritiers des troupes embarquées de la République de Venise, constituées au temps de la quatrième croisade, lorsque le doge Enrico Dandolo mit sur pied une force de 10 compagnies, réparties sur les navires de la flotte de la « Sérénissime ». Ces troupes, qui furent engagées dans les deux prises de Constantinople, en 1203 et 1204, trouvèrent leur organisation définitive en 1550, devenant les Fanti da Mar, lesquels participèrent à toutes les batailles contre les Ottomans, notamment à la bataille de Lépante, en 1571. Bien plus tard, durant la Seconde Guerre mondiale, les descendants des Fanti da Mar furent regroupés, en 1942, au sein d’une force de débarquement, au côté du régiment « San Marco » de la marine, en vue de l’invasion de Malte. Pendant plusieurs mois, ils s’entraînèrent en Corse pour cette opération qui ne vit jamais le jour.
Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 15 janvier 1951, fut créée une première force amphibie interarmées, appelée Settore Forze Lagunari, comprenant des personnels de l’armée de terre et de la marine (« San Marco »). Le 1er juillet 1957, cette force perdit sa composante marine et le Settore Forze Lagunari fut transformé en bataillon « Isonzo ». Quelques mois plus tard, le 1er septembre, suite à une nouvelle restructuration, celui-ci prit le nom de Raggruppamento Lagunari, alors que ses deux bataillons Lagunari devinrent les bataillons amphibies « Marghera » et « Piave ». Le 25 octobre 1964, il changea une nouvelle fois de structure et prit le nom de Reggimento Lagunari « Serenissima », avec un état-major de régiment, une compagnie de commandement, une compagnie de transmissions, trois bataillons amphibies, « Marghera », «Piave » et « Isonzo », une compagnie de transport amphibie et un bataillon de chars, le XXII° Battaglione Carri « Serenissima ».
Le 1er septembre 1975, à la suite de la restructuration de l’Esercito, le régiment change de dénomination et devient Comando Truppe Anfibie, organisé sur deux bataillons, baptisés respectivement 1° Battaglione Lagunari « Serenissima », anciennement « Piave », et Battaglione Anfibio « Sile », ex-compagnie de transport amphibie. Le bataillon « Isonzo » est dissous et transformé en 41° Battaglione Meccanizzato, quittant définitivement les troupes amphibies, tout comme le XXII° Battaglione Carri « Serenissima ». En 1992, toujours dans le cadre de la restructuration de l’armée de terre, les deux bataillons amphi bies sont dissous pour donner naissance au Reggimento Lagunari « Serenissima », qui remplace ainsi le Comando Truppe Anfibie. Le nouveau régiment s’articule alors sur un état-major, une compagnie de commandement et services, basés à Lido di Venezia, le 1° Battaglione Lagunari avec trois compagnies de fusiliers et une compagnie mortiers lourds à Malcontenta di Mira, et une compagnie de moyens amphibies, basée sur l’île de Vignole. En 1997, le régiment passe sous l’autorité du Comando delle Forze di Proiezione, avant de rejoindre, en 2000, la brigade de cavalerie « Pozzuolo del Friuli »
L’armement d’infanterie des Lagunari
L’armement en dotation au régiment « Serenissima » est pratiquement identique à celui en service dans les autres unités d’infanterie de l’armée de terre italienne. L’arme de poing réglementaire est le pistolet semi-automatique Beretta 92 version SF en 9 mm OTAN, et l’arme longue standard le fusil d’assaut Beretta ARX-160 en 5,56 mm OTAN, qui a remplacé pratiquement le Beretta SC-70/90 ; les deux modèles pouvant être dotés de lance-grenades GLX-160 de 40 mm.
Pour l’appui feu léger, les Lagunari disposent de mitrailleuses légères FN Minimi en 5,56 mm OTAN et polyvalentes MG-42/59 en 7,62 mm OTAN. Les mitrailleuses lourdes Browning M2-HB en 12,7 mm OTAN sont également en dotation, montées sur véhicules. Les tireurs d’élite et de précision disposent de Heckler und Koch MSG-90 et de Sako TRG-42, respectivement en 7,62 mm OTAN et en .338 Lapua Magnum. Les opérateurs du Plotone Esploratori Anfibio disposent, par ailleurs, de pistolets-mitrailleurs HK MP-5A4 en 9 mm OTAN, de fusils calibre 12 Franchi SPAS-15 et de mitrailleuses FN Minimi en version 7,62 mm OTAN. La grenade à main standard est l’offensive-défensive OD 82/SE à composition B (mélange explosif de RDX et de TNT).
Pour le combat antichar sont disponibles des lance-roquettes Panzerfaust 3 de 110 mm et des postes de tir pour missiles moyenne portée Milan et longue portée BGM-71 TOW2.
Enfin, en matière d’armes à tir courbe, deux types de mortiers sont en service, le Hirtenberger M6C-210 de 60 mm et le Thomson-Brandt MO-120-RT de 120 mm.
En ce qui concerne les accessoires d’aide au tir et les systèmes d’observation diurne/nocturne, signalons la disponibilité, pour l’essentiel au sein du Plotone Esploratori Anfibio, de viseurs Trijicon ACOG EOTech type reflex et Aimpoint CompM2/M4, ainsi que de viseurs nocturnes Simrad KN250F et de JVN monoculaires AN/PVS-18 et binoculaires AN/PPVS-15 et AN/PVS-21.
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Jean-Pierre HUSSON