Au moins seize personnes (dont le terroriste de 50 ans) ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées dont certaines gravement, ce qui risque d’augmenter encore le bilan macabre.
L’attaque a été qualifiée d’acte « terroriste » par les autorités australiennes et le premier ministre Anthony Albanese a dénoncé un « acte purement maléfique, antisémite et terroriste. »
Les faits
Le père, Sajid Akram, détenait légalement depuis une dizaine d’années six armes longues qui ont toutes été retrouvées par la police.
Les deux véhicules des assaillants contenaient au moins un engin explosif improvisé qui n’a pas été mis en œuvre. Deux bannières aux couleurs du groupe État Islamique ont été retrouvées.
Les tueurs avaient sur eux des cartouchières et plusieurs armes longues ce qui confirme un acte préparé à l’avance.
Naveed Akram, le personnage central ?
Le fils, Naveed Akram qui a été blessé et hospitalisé sous surveillance policière, exerçait la profession de maçon. Il avait la réputation d’être solitaire.
L’Australian Security Intelligence Organisation, ASIO (Agence de renseignement intérieur australienne) avait enquêté sur Naveed en 2019.
Cette enquête coïncidait avec celle visant le citoyen australien Isaac El Matari, un résident de Sydney, reconnu ensuite coupable d’avoir planifié des attentats en Australie « pour le compte de l’État islamique.»
Ce dernier s’était rendu au Liban en 2017 où il avait été emprisonné quelques mois pour avoir tenté de rejoindre l’État islamique. De retour en Australie, il avait été placé sous surveillance avant d’être inculpé d’incitation à la commission d’attentats terroristes inspirés par l’État islamique.
En 2021, il avait été condamné à sept ans et quatre mois d’incarcération assortie d’une période de sûreté de cinq ans par un juge australien. Ce dernier avait minimisé la menace que cet individu représentait : « il n’avait aucun partisan. Il n’avait rallié personne à sa cause en Australie […] Il n’y avait aucune menace directe ou indirecte pour qui que ce soit. Bien qu’imprégnée d’idéaux extrémistes, la probabilité qu’un acte terroriste se concrétise en Australie était en effet très faible. » Le juge avait conclu que les infractions étaient le résultat d’un isolement social, de problèmes de santé mentale non pris en charge, d’une susceptibilité à l’influence, de fréquentations néfastes, de croyances radicalisées et d’une « perception romancée » de la vie sous la charia (NdA : cette thèse est très répandue dans les pays occidentaux.)
Pour le détail, il s’était plaint auprès d’une relation de la difficulté à obtenir des soutiens en Australie et avait évoqué des projets vagues d’un attentat terroriste dans le pays : « Je sais comment faire passer un message politique […] Je sais quelles cibles vont effrayer les gens, quelles cibles vont les sensibiliser et quelles cibles vont transmettre notre message. »
Naveed Akram avait aussi suivi à la même époque les cours en religion du célèbre chef spirituel Wisam Haddad, un religieux qui a eu de l’influence sur plusieurs générations de jihadistes australiens depuis son centre de prière de Bankstown : le « Al Madina Dawah Centre. »
Il n’a cependant jamais été accusé d’une infraction liée au terrorisme malgré ses liens avec des activistes australiens et des dirigeants jihadistes étrangers.
À noter que par l’intermédiaire d’un avocat, Haddad a déclaré qu’il « nie avec véhémence toute connaissance ou implication dans les fusillades qui ont eu lieu à Bondi Beach. »
Cette personne est surtout connue pour ses conférences où il cite des textes religieux mentionnant le meurtre de Juifs.
En 2019, alors qu’il n’avait que 17 ans, Naveed Akram aurait aussi servi de prédicateur de rue pour le centre de M. Haddad.
Des responsables de la lutte anti-terroriste ont déclaré à la presse (ABC) que l’ASIO était également préoccupée par l’association de Naveed Akram avec un recruteur de jeunes de l’EI, Youssef Uweinat, alors comme lui prédicateur de rue pour le compte de M.Haddad.
Ce dernier a été emprisonné pendant près de quatre ans pour avoir encouragé des mineurs australiens à lancer des attaques alors qu’il agissait en tant que leader de la jeunesse au sein du centre.
Après sa libération, il est réapparu publiquement en 2025 pour soutenir la cause palestinienne.
Séjour aux Philippines
Les enquêteurs examinent actuellement les liens des Akram avec un réseau jihadiste international. Ils ont découvert que les deux hommes se sont rendus au Philippines du 1er au 28 novembre 2025 où, via Manille, ils auraient rejoint Davao dans la région de Mindanao célèbre repère de jihadistes.
Toutefois, il semble que l’activité des activistes à Mindanao s’est considérablement atténuée depuis des années, l’armée philippine continuant de pourchasser les chefs de groupes considérés comme des « terroristes. »
La région reste cependant marquée par la bataille de Marawi en mai 2017, lorsque des centaines de combattants avaient pris le contrôle de quartiers entiers de cette ville majoritairement musulmane, l’une des rares de ce pays à majorité catholique.
La région de Davao abrite encore des groupes armés opposés à l’accord de paix signé en 2014 entre Manille et le Front islamique de libération Moro. Certaines de ces formations, comme le groupe Abou Sayyaf, ont prêté allégeance à l’EI et accueilli des combattants étrangers.
Certains médias australiens évoquent la possibilité que les suspects aient reçu un entraînement militaire sur place. Mais, Clarke Jones, chercheur à l’Australian National University a déclaré: « il est difficile pour des touristes de suivre un entraînement avec des groupes terroristes en raison de l’isolement géographique et des risques sécuritaires.» Cela dit, un entraînement basique en jungle est toujours possible. Durant leur forfait, les deux terroristes ont montré une grande maîtrise des armes à feu.
Selon la chaîne de télévision publique australienne, des enquêteurs antiterroristes estiment que les deux tireurs auraient prêté allégeance à Daech.
Mais les appels à viser des communautés juives à travers le monde ne sont pas l’apanage de l’EI (qui, pour l’instant, n’a pas revendiqué l’opération) mais circulent plus largement dans la sphère jihadiste, y compris au sein d’Al-Qaida. Ce qui semble certain, c’est que la cible n’était pas l’Australie elle-même mais la communauté juive en Australie.
Il convient aussi de relier cette action terroriste à la montée de l’antisémitisme provoquée par la crise de Gaza. La « cause palestinienne » a toujours enflammé les milieux d’extrême-gauche et anarchistes en Occident. Les attentats du 7 octobre 2023 et la guerre de Gaza qui a suivi a servi de booster pour l’antisémitisme latent… Il est malheureusement à craindre qu’il y ait des suites dramatiques.