Des hélicoptères israéliens et des pièces d’artillerie ont répliqué causant la mort d’au moins 13 personnes et en en blessant 24 autres.
L’État hébreu a annoncé avoir arrêté trois « suspects » qui appartiendraient à l’organisation terroriste « Jamaa Islamiya » (Frères musulmans libanais.)
Ces faits constituent l’affrontement militaire israélo-syrien le plus violent depuis la chute de Bachar el-Assad il y a un an.
Beit Jinn est considéré depuis longtemps par les Israéliens comme une plaque tournante des activités liées au Hamas. Ce village de moins de 3.000 habitants situé dans le gouvernorat de Dimashq a été la cible d’opérations israéliennes à plusieurs reprises. En janvier 2024, Tsahal a tué Hassan Okasha, un haut responsable du Hamas en Syrie. Son frère, Abou Jarah, qui aurait été responsable du lancement de roquettes sur Israël en 2015, y avait également été tué auparavant par une frappe israélienne. Israël a mené un nouveau raid en juin 2025, annonçant que « les troupes de la 3ème brigade sous le commandement de la 210ème division, ont mené à bien une opération visant à appréhender des terroristes du Hamas opérant dans la région de Beit Jinn, en Syrie. »
La branche libanaise des Frères musulmans et le Hamas au Liban entretiennent d’étroites relations opérationnelles. Après les attentats du 7 octobre, les deux organisations ont opéré sous une direction commune, la branche militaire du Groupe islamique agissant sous le commandement des Brigades Qassam du Hamas pour mener des attaques contre le nord d’Israël.
Historique récent
Dans les heures qui ont suivi la chute du régime d’Assad et l’entrée des forces l’opposition syrienne dans Damas, Tsahal a lancé une opération aéroterrestre appuyée par la Marine baptisée « Flèche de Bashan. »
Les forces israéliennes ont pénétré dans la zone de désengagement restée intacte depuis 1974 et ont pris le contrôle du sommet stratégique du mont Hermon.
Elles ont mené un millier de frappes aériennes et environ 600 incursions terrestres en territoire syrien avec comme objectifs principaux des bases militaires, des dépôts d’armes mais aussi le quartier général de l’état-major et les abords du palais présidentiel.
Enfin, Tsahal a établi neuf positions permanentes et progressé de quinze kilomètres à l’intérieur du territoire syrien.
Initialement, les déclarations du Premier ministre israélien Netanyahu indiquaient que cette opération était une mesure préventive visant à protéger la sécurité du nord d’Israël et que l’avancée terrestre des forces israéliennes en territoire syrien était temporaire, le temps de rétablir la sécurité en Syrie.
En effet, la Syrie, sous le régime de la famille Assad, et plus particulièrement au cours des quatorze dernières années, était devenue une zone d’opérations pour l’Iran et ses milices associées dont certaines étaient stationnées dans le sud du pays, près de la zone de désengagement avec Israël. L’État hébreu craignait que la chute d’Assad n’entraîne une réaction de ces milices qui l’accusaient d’être directement impliqué dans l’effondrement du régime. Il était possible qu’elles lancent des opérations du « style 7 octobre 2023 » depuis le territoire syrien.
De fait, un groupe se faisant appeler la « Résistance islamique en Syrie » créé le 17 décembre 2024 sous le nom de « Front de libération du Sud » directement lié à la Force al-Qods iranienne et au Hezbollah, a revendiqué plusieurs attaques contre les forces israéliennes en territoire syrien et dans la zone de désengagement. Toutefois, aucune victime n’a été recensée du côté israélien lors de ces attaques.
Parallèlement, les négociations syro-israéliennes portant sur un accord de sécurité sont au point mort et un important jeu d’influence se déroule entre la Turquie et l’État hébreu en Syrie(1).
Ainsi, à propos des derniers affrontements, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Oncu Keceli, a déclaré sur X : « à l’approche du 8 décembre, date anniversaire de la libération du peuple syrien, et alors que la communauté internationale appelle à la stabilité de la Syrie, Israël a une fois de plus démontré sa volonté destructrice en attaquant la ville de Beit Jinn… » Il a ajouté qu’Israël, bien qu’il ne soit confronté à aucune menace de la part de la Syrie, viole la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays par ses opérations militaires, mettant ainsi en danger les civils et la stabilité régionale. Il a exigé l’arrêt immédiat des attaques israéliennes, qui, selon lui, visent à empêcher le gouvernement et le peuple syriens d’instaurer la sécurité, la prospérité et la paix sociale.
Si les Iraniens et leurs sbires ne semblent pas être impliqués directement dans les derniers évènements, le mécontentement est généralisé parmi la population syrienne locale suite à l’entrée de forces israéliennes dans le pays. Cette colère pourrait avoir poussé un groupe local à commettre l’attaque de Beit Jinn.
Après 14 ans de guerre, la Syrie est devenue un terrain propice à la prolifération incontrôlée des armes. Presque chaque foyer possède un ou plusieurs fusils d’assaut.
Dès lors, lorsqu’une force légère israélienne pénètre dans une zone non sécurisée, saturée d’hommes en armes hostiles à la présence militaire israélienne, il est logique qu’elle fasse l’objet de harcèlements.
Tant que Tsahal poursuivra cette stratégie, des attaques de type Beit Jinn risquent de se reproduire.
Sur le plan politique, le refus persistant du gouvernement Netanyahu de signer un accord de sécurité avec la Syrie maintient le sud du pays comme une source de menaces, exacerbe la colère populaire locale envers Israël et réduit les chances de normalisation entre les deux États.