Des représentants de Turquie, Grèce, Hongrie, Monténégro, Pays-Bas, Macédoine du Nord, Norvège, Slovaquie, Slovénie, Suède, Tchéquie, Portugal et de l’Espagne ont participé à la réunion aux côtés d’adjoints des représentants des États-Unis et de France auprès de l’OTAN.
Dans les faits, les relations entre l’OTAN et l’Azerbaïdjan ont débuté en 1992 lorsque le pays a adhéré au Conseil de coopération nord-atlantique. À ce forum a succédé en 1997 le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) qui réunit tous les Alliés et tous les pays partenaires de la zone euro-atlantique.
L’adhésion de l’Azerbaïdjan au Partenariat pour la paix (PPP) de 1994 a marqué le début de la coopération bilatérale. Grâce à cette participation, le pays est en mesure de contribuer activement à la sécurité euro-atlantique en fournissant un appui – comme l’Arménie – aux opérations de soutien de la paix dirigées par l’OTAN.
Selon le président azéri, la réforme militaire se déroule en étroite coopération avec les forces armées turques mais il a souligné parallèlement l’importance d’élargir le dialogue bilatéral entre Bakou et l’OTAN.
Il a souligné que le processus de modernisation militaire se poursuivrait à l’avenir.
La grande majorité des armements azéris sont encore d’origine russe mais une évolution se fait sentir depuis des années avec l’apport de matériels israéliens et turcs, en particuliers des centaines de drones de combat.
Ces signes de rapprochements entre l’Azerbaïdjan et l’OTAN irritent au plus haut point le Kremlin. Il convient de rappeler que Moscou a toujours mis en avant l’intégration possible de l’Ukraine à l’Alliance atlantique comme la raison principale du déclenchement de l’« opération spéciale » contre l’Ukraine en 2022.
Autre point d’achoppement : Aliyev a souligné que l’Azerbaïdjan a atteint l’objectif principal depuis l’indépendance : récupérer ses terres historiques au Nagorno-Karabakh au nez et à la barbe des Russes qui devaient, en théorie, assurer la sécurité de l’Arménie.
De plus, en août 2025, l’Azerbaïdjan et l’Arménie, avec la médiation des États-Unis, ont signé un accord pour engager un processus de paix(2) Washington empiétant un peu plus dans la zone d’influence de Moscou.
Toutes ces initiatives marquent l’évolution stratégique de Bakou qui cherche à renforcer ses capacités défensives grâce à la modernisation de ses forces tout en élargissant son partenariat avec l’OTAN tout en coopérant avec ses voisins régionaux dans des formats de sécurité multilatéraux.
Notamment, début octobre, le président azéri a proposé que les pays membres de l’Organisation des États turciques (OTS) mènent des manoeuvres militaires conjointes en 2026.
Cette organisation réunit depuis 2009 des pays de langue turcique dont la Turquie, le Kazakhstan, la Kirghizie et l’Ouzbékistan. La Hongrie en est devenue membre observateur en 2018 et le Turkménistan en 2022.
Les menaces qui pèsent sur l’Azerbaïdjan
La position géographique de l’Azerbaïdjan et les enjeux de son environnement immédiat font que Bakou est exposé dans un avenir plus ou moins lointain à trois principales menaces :
. l’Iran qui a toujours craint qu’un Azerbaïdjan prospère (ce que le pays est en train de devenir grâce à ses richesses en hydrocarbures) ne provoque des désordres sécessionnistes dans le nord du pays peuplé d’Iraniens d’origine azérie – de plus, la coopération de Bakou avec l’État hébreu est considérée comme un acte d’agression par le régime des mollahs – ;
. la Russie qui refuse le grignotage des USA et de l’OTAN de ses marches et la politique d’embargo économique mené par Bakou à son égard (voir ci-après) à la demande des Occidentaux,
. enfin, malgré les négociations de paix actuelles ne satisfont pas une partie importante de la population arménienne qui ne rêve que d’une reconquête par les armes du Nagorno-Karabakh.
Comme la Géorgie est en train de se rapprocher de Moscou, il semble qu’à terme l’Azerbaïdjan va finir par être entouré que par des pays hostiles excepté la Turquie si le corridor de Zanguezour avec le Nakhitchevan est ouvert au sud de l’Arménie. Moscou et Téhéran sont arqueboutés contre ce projet soutenu par Washington.
Pour répondre aux demandes de sanctions contre Moscou émises par Washington et des pays européens, l’Azerbaïdjan a arrêté ses importations de pétrole russe et a interdit aux pétroliers russes d’utiliser le port de Bakou. Les relations entre Bakou et Moscou se sont notablement dégradées ces dernières années (3).
À partir du 20 novembre, Lukoil cessera de fournir du pétrole à l’Azerbaïdjan et le redirigera vers Makhatchala, capitale de la République du Daghestan.
De là, le pétrole sera pompé à travers un pipeline vers Novorossiysk sur la mer Noire d’où il sera exportée vers l’étranger par la voie maritime.
Selon la presse, en novembre, la société livrera environ 30.000 tonnes de pétrole à Makhatchkala, et à partir de décembre, elle redirigera tout le volume qui passait auparavant par Bakou, soit quelques 130.000 tonnes.
En conclusion, cette région présente toutes les caractéristiques d’une zone d’instabilité chronique où différents acteurs seront tentés de passer à l’action dès qu’ils auront résolu les problèmes auxquels ils ont à faire face actuellement.
Bien sûr, il convient d’y rajouter la menace terroriste qui est omniprésente mais qui représente la particularité dans ces régions de pouvoir avoir plusieurs motivations : politiques, religieuses, criminelles, etc.
(1) Voir : « L’Azerbaïdjan se renforce militairement » du 30 septembre 2025.
(2) Voir : « L’accord Arménie – Azerbaïdjan – États-Unis inquiète l’Iran » » du 13 août 2025.
(3) Voir : « Bakou / Moscou : la discorde ? » du 4 juillet 2025.