Le gouvernement Houthi avait alors été décapité, son Premier ministre autoproclamé, Ahmed Ghaleb Nasser al-Rahawi et d’autres hauts responsables houthis ayant été « éliminés » lors de l’opération de bombardement baptisée « Lucky Drop ».

Selon le site d’information saoudien al-Hadath, le ministre des Affaires étrangères des Houthis, ainsi que les ministres de la Justice, de la Jeunesse et des Sports, des Affaires sociales et du Travail, avaient aussi été tués.
Par contre plusieurs participants n’avaient été que blessés.
Le chef d’état-major ne figurerait pas parmi les victimes annoncées par les autorités.
Mais le 16 octobre, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a confirmé la mort du chef d’état-major général des Houthis des suites de ses blessures.
Déjà le 14 juin 2025, Tsahal l’avait pris pour cible mais sans résultats probants.
Ghamari était membre du « Bureau du Jihad » des Houthis, dirigé par le « guide de la Révolution » Abdul Malik al-Houthi.

Le général était chargé de superviser toutes les opérations militaires et, plus particulièrement les tirs de missiles et de drones vers Israël, présentant ces actions comme des actes de solidarité avec les Palestiniens de Gaza. La plupart ont été interceptés et Israël a riposté par de nombreux bombardements sur les zones contrôlées par les Houthis au Yémen.
Suite au cessez-le-feu décrété la semaine dernière, Abdul Malik al-Houthi a déclaré que son groupe surveillait le respect par Israël de l’accord conclu et mais reprendrait ses opérations si l’État hébreu ne s’y conformait pas.
Considéré comme le numéro deux de l’appareil militaire houthi, Ghamari avait été formé par les Gardiens de la Révolution iraniens et entretenait des liens étroits avec le Hezbollah libanais et le major-général Qassem Soleimani, chef de la force Al-Qods tué le 3 janvier 2020.
Il était également perçu comme un idéologue du mouvement Ansar Allah, formé à la doctrine chiite zaydite et à la rhétorique houthie dont le slogan est : « Allah est le plus grand, Mort à l’Amérique, Mort à Israël, Malédiction aux Juifs, Victoire à l’Islam. »
Il figurait depuis 2017 sur la liste des personnes recherchées par plusieurs pays arabes pour son rôle dans les offensives houthis à Sanaa et Saada, ainsi que pour les attaques de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge. Sous sanctions américaines et onusiennes depuis 2021, il est considéré comme l’un des plus importants dirigeants houthis éliminés depuis le début du conflit régional.
Le commandement houthi a annoncé son remplacement par le major-général Youssef Hassan al-Madani, beau-frère d’Abdulmalik al-Houthi.

Plus globalement, le mouvement houthi qui contrôle le nord-ouest du Yémen réussit l’exploit d’être opposé en ordre dispersé :
. à l’intérieur au gouvernement légal réfugié en Arabie saoudite dont l’autorité couvre l’est du pays ; au « Southern Transitional Council » (Conseil de transition du Sud) qui tient la région d’Aden tout en étant soutenu par les Émirats arabes unis (EAU); à Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) présent au centre du pays (des groupuscule se revendiquant de Daech y sont également éparpillés) ;

. à l’extérieur à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, à Israël, aux États-Unis, à la Grande Bretagne (ces trois derniers pays bombardant assez régulièrement les installations houthies au Yémen), aux pays de l’Union européenne, etc.

Sa résilience est due à la rusticité séculaire de ses combattants, au contrôle d’un territoire immense majoritairement désertique et tourmenté, à l’aide de Téhéran qui lui a permis de bâtir un outil militaire performant(2).

(1) Voir : « Israël frappe de nouveau ses ennemis mortels » du 1er septembre 2025.
(2) Voir : « Yémen : nouveau missile pour les Houthis » du 25 septembre 2023.