Téhéran aurait livré de nouvelles armes aux rebelles yéménites houthis dont des missiles balistiques Ghadr aux Houthis. Il s’agit probablement de Ghadr-F (dérivé du Shahab-3) qui a une portée estimée de près de 2.000 kilomètres ce qui met l’État d’Israël à sa portée. Il est baptisé « Toofan ».

D’une longueur de 15 mètres, le Ghadr-F serait doté d’une tête militaire de 650 kilos. Il est à combustible liquide.

 

Toutefois, la version rendue publique par les Houthis ne semble pas être guidée en phase terminale. Aucun aileron le permettant n’est visible sur le véhicule de rentrée qui, de plus, ne ressemble pas aux versions iraniennes de type « Emad ».

Il est à noter que la famille des missiles Ghadr est maintenant dotée de missiles à têtes multiples. Il n’est pas certain que ce soit le cas pour le Toofan.

Il n’empêche que la partie du Yémen contrôlée par les Houthis peut servir de base de lancement pour des missiles qui iraient frapper l’État hébreu si une crise ouverte se déclenchait avec l’Iran. Israël pourrait être ainsi bombardé depuis l’Iran même, depuis la Liban, la Syrie, la Bande de Gaza, la Cisjordanie et le Yémen. Cela compliquerait la tâche de la défense aérienne israélienne.

Enfin, ce nouveau missile met à portée toute l’Arabie saoudite et les Émirats du Golfe persique.

La présentation du nouveau missile a eu lieu le 21 septembre 2023 lors d’un imposant défilé militaire des forces houthis et leurs alliés à Sanaa pour célébrer le neuvième anniversaire de la Révolution de 2014. Cette manifestation était présidée par le maréchal Mehdi Hussein al-Machat, président du Conseil politique suprême et Commandant suprême des forces armées.

Le défilé militaire était dirigé par le général de brigade Ali Yahya Al-Hamzi.

Le porte-parole officiel des Forces armées houthies, le général de brigade Yahya Sarie a commenté la cérémonie en donnant quelques explications sur les matériels présentés.

Ce défilé a permis d’avoir une idée sur l’importance du mouvement houthi dont les militants étaient qualifiés à l’origine de « guerriers en sandales ». Il permet de mieux comprendre pourquoi Riyad à accepter de commencer à négocier…

Les matériels présentés allaient du plus simple au « sophistiqué ».

54 véhicules blindés « Hani » aussi bien adapté à la guerre urbaine que dans le désert

de fabrication locale ouvraient la marche.

Ensuite venaient différents types de vedettes rapides tractées ressemblant à celles mises en œuvre par la composante navale des pasdarans iraniens.

Les missiles sol-mer pour couvrir les côtes ouest et sud du Yémen

 

L’armement lourd de la « marine » houthi est surtout composé de missiles sol-mer qui peuvent couvrir la Mer rouge et le Golfe d’Aden. Les noms donnés sont souvent semblables à ceux d’armements iraniens mais – dans un souci de confusion évident -, ne correspondent généralement pas aux même types d’armes : missile Al-Rabij, Falq, Mandab 1, Sejil, Mandab 2, Mion, Sayyad (nouveau missile de croisière d’une portée allant jusqu’à 800 km fonctionnant au combustible solide et liquide avec un charge de 200 kilos).

Le souci des forces aériennes est la défense sol-air

 

Les armements datent souvent de l’ère soviétique même s’ils ont été revus et améliorés : radar Nabaa (un radar optique de détection et de poursuite. Il peut suivre de quatre cibles simultanément), système Sadiq (un système optique doté d’une large gamme de balayage et d’affichage de cibles hostiles et amies – il a la capacité de suivre entre dix et quinze cibles), Shafaq Radar : un « nouveau » système de recherche et de suivi, système Ofoq : un système tactique caractérisé par la précision de l’identification des cibles (il peut suivre la cible à une distance de plus de quatre-vingt-dix kilomètres et à une altitude d’au moins 35 000 pieds), …/…

De nouveaux missiles de défense aérienne ont été montrés :

Le « nouveau » missile Barq 1 (portée : 50 km, altitude : 15 km), missile Barq 2 (portée de 70 km, il peut atteindre une altitude de 20 km), missile Saqr 1, « nouveau » missile Saqr 2 (portée de 150 kilomètres et altitude maximale de 35.000 pieds).

 

Les drones sont très nombreux et divers

 

Rajum, Rased, pirate…

 

Nouveau venu : le drone de « reconnaissance à décollage vertical » Raqeeb (durée de vol jusqu’à 3 heures, et ses missions de reconnaissance comprennent la diffusion en direct de jour et de nuit, l’imagerie thermique et la numérisation de cartes).

Drone d’attaque suicide Qasef  2k.

Le Sammad 1 dont l’ogive pèse 20 kg peut frapper jusqu’à une distance de 500 km.

Marsad 1, Waid 1 (transportant une ogive  de 30 kg à 1.200 km), Shihab (charge de 50 kilos, distance maximale : 1.000 km), « Marsad 2 » (décollage vertical),  Sammad 3 (charge de 20 à 50 kilos pouvant être envoyée à 1.800 km), Waid 2 (ogive de 40 kg, portée 2.000 km ).

Missiles sol-sol

Missile Toshka, Zelzal 3, Qassim, Badr 1/2/3/4 (nouveau), Qods 4,. Aqeel, Toofan, Mion, Qods Z-0.

Il a également confirmé que les Forces armées ont développé pour la première fois le système de missile Badr de quatrième génération, le Badr 4, qui est un missile sol-sol à moyenne portée fonctionnant au combustible solide et se caractérise par une grande précision dans l’atteinte des cibles, Saeer, Karrar, Qaher 1, Qaher 2m, Tankil  (Système de missile balistique sol-sol et sol-mer, alimenté par combustible solide, de moyenne portée. Il existe deux versions, l’une sol-sol et l’autre sol-mer), Qods 1, Qods 2, Qods 3, Falaq, Zulfiqar, Aqeel…

Le porte-parole des Forces armées a déclaré que parmi les succès de la force de missiles figure le développement du système de missiles Qods 4, un missile sol-sol à longue portée, Missile Burkan
Et enfin, le missile balistique Toofan, « système de missile sol-sol stratégique à longue portée, à carburant liquide et à frappe précise » cité en début d’article.

Les Iraniens ne font plus rien pour cacher leur soutien direct aux Houthis car ils savent que ces derniers ne seront pas vaincus par l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis. Les rebelles contrôlent la majorité de l’est du Pays le long de la Mer Rouge (ce qui explique leur effort de se doter en missiles sol-mer), les « Sudistes » la région d’Aden et les forces gouvernementales l’ouest. Dans cette dernière partie, Al-Qaida dans la Péninsule arabique (AQPA) est en lutte ouverte contre Daech mais aucun des deux mouvements ne peut étendre bien loin son influence.

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Texte

ALAIN RODIER