Le même jour, le Hamas a exécuté deux personnes qu’il accusait de « travailler » avec cet individu. Onze autres « agents et voleurs » sont ensuite été arrêtés par le Hamas. Ces personnes ont été condamnés soit à la peine capitale ou avoir la main coupée. Il est probable que ces derniers sont des Gazaouis qui, comme des centaines d’autres, s’en sont pris aux camions transportant l’aide humanitaire.
D’importantes tueries ont eu lieu le 1er et le 2 juin et le Hamas accuse Tsahal d’avoir tiré dans la foule qui allait chercher de la nourriture, information démentie par les autorités israéliennes qui ont publié des vidéos de surveillance montrant des tireurs isolés (c/f en en-tête de cet article). L’ONU demande à ce qu’une enquête indépendante soit diligentée.
Selon des medias nord-américains repris par les mouvements palestiniens, des gangs criminels s’attaqueraient effectivement à l’aide humanitaire entrant à Gaza.
Jusqu’à 30% de cette dernière serait pillée. Pour ce faire, les camions sont arrêtés, les chauffeurs menacés, et les marchandises débarquées puis stockées à ciel ouvert avant d’être revendues à des prix exorbitants aux habitants.
Certaines familles se distancieraient des membres impliqués dans les vols, tandis que des « groupes » organisent des patrouilles pour protéger les convois.
Et c’est là que les informations divergent.
Pour les Israéliens, ce serait le Hamas qui organiserait ces pillages pour tirer de ce trafic des sommes importantes qui lui permettraient de payer ses combattants et d’en recruter de nouveaux.
Pour une grande partie de la presse occidentale et l’ONU : ce sont des groupes criminels protégés par Tsahal.
Force est de constater que la situation sur zone est complexe. De nombreux groupes armés existent depuis des années parallèlement au Hamas.
Le plus important serait dirigé par Yasser Abou Shabab.

Selon Quds News Network, il aurait « établi une base fortifiée dans une zone sous contrôle israélien à Rafah. »
Issu de la tribu bédouine Tarabin, présente du Sinaï au sud de Gaza et au désert du Néguev, il a été identifié dans une note de l’ONU comme « la principale figure influente derrière le pillage généralisé et organisé » des convois d’aide humanitaire à destination de Gaza. Opérant depuis l’est de Rafah, son organisation spécialisée dans la contrebande transfrontalière entre le Sinaï et la bande de Gaza depuis des années serait de forte de 200 à 300 activistes. Elle serait active entre Rafah-Est et le point de passage de Kerem Shalom.

L’autre groupe criminel important serait dirigé par Shadi Soufi.
De nombreux articles, notamment dans Haaretz et le Washington Post, confirment que des membres de ces gangs ont été vus en train de piller l’aide humanitaire sous les yeux des forces israéliennes qui n’ont pas réagi. Le Hamas et la presse occidentale en déduit qu’il y a des liens entre les forces israéliennes et ces gangs qui ne sont pas pourchassés.

Selon la presse palestinienne, ces groupes seraient aussi liés à Daech.
Toutefois, il convient de remarquer que Daech n’a jamais soutenu la cause palestinienne pour des raisons idéologico-religieuses. Mais l’organisation salafiste-jihadiste terroriste est présente dans le Sinaï à travers la « wilayat Sinaï » en guerre contre le pouvoir égyptien.
Ce groupe est actif depuis 2011 mais a étendu ses actions terroristes en 2013 jusqu’au Caire.
Jusqu’en juillet 2015, il s’appelait : Ansar Baït al-Maqdis ( « Les Partisans de Jérusalem »), également connu sous le nom d’Ansar Jerusalem.
Le 10 novembre 2014, il a prêté allégeance au califat islamique devenant une de ses provinces extérieures.
Pourchassée par l’armée égyptienne discrètement aidée par Israël (au moins dans le domaine du renseignement), il est perte de vitesse depuis 2021(1). Certains observateurs pensent que la wilayat Sinaï s’est même dispersée. Il est vraisemblable que certains de ses activistes – déçus par la tournure prise par les évènements – aient basculé dans la criminalité plus motivante financièrement.
La situation sur place est globalement incontrôlable tout le monde étant armé. Il n’est pas exclu que de petites bandes fassent usage de leurs armes pour voler de l’aide humanitaire et imposer leur loi sur une zone délimitée.
Mais la guerre qui se déroule à Gaza est accompagnée d’une propagande effrénée menée par les deux parties à destination de l’étranger, surtout vers l’Europe et sur le continent nord-américain. Les informations qui circulent sont donc à prendre avec d’infinies précautions.
(1) Voir : « Sinaï : la wilayat de l’État islamique en difficulté ? » du 23 septembre 2021.