Pour mémoire, les quelques 700 navires la composant sont majoritairement anciens et mal assurés. Plusieurs auraient créé des catastrophes écologiques.

Ils transporteraient des marchandises diverses dont jusqu’à 70% de la production d’hydrocarbures russes en utilisant des pavillons de complaisance. Non seulement ils participent à l’économie russe de se maintenir mais certains bâtiments sont impliqués dans des affaires de rupture de câbles sous-marins.
Gêner les opérations de la « flotte fantôme » est donc devenu une mission importante pour l’OTAN faisant évoluer la situation vers une période extrêmement dangereuse.
Compte tenu des enjeux importants, il est vraisemblable que Moscou a pris des mesures pour dissuader les manœuvres d’interdiction lancée par les pays occidentaux et pour accroître sa capacité à réagir rapidement à toute nouvelle tentative visant à endiguer le flux de pétrole depuis ses côtes.
Déjà depuis la mi-novembre 2024, les forces de la marine russe de la Baltique ont amélioré leur capacité de commandement et de contrôle à l’échelle de la flotte, renouant avec l’architecture de communications héritée de la Guerre froide. Tous les navires et commandements subordonnés pourraient ainsi atteindre leur niveau d’alerte maximal dans des délais extrêmement courts.
Dans ce cadre explosif, le risque d’erreur de calcul est élevé et, la Russie surveillant de près ses intérêts et ne renonçant pas à une confrontation, les prochains incidents pourraient donner lieu à des échanges dangereux.


Ainsi, le 13 mai un premier incident a failli tourner au drame près de l’île de Naissaar au large de Tallinn. Les forces estoniennes ont tenté d’intercepter le porte-containers Jaguar l’accusant de « menacer les câbles sous-marins. » L’équipage s’est opposé à l’abordage et la Russie a envoyé un chasseur Su-35S qui a pénétré durant une minute dans l’espace aérien estonien. En réponse, l’OTAN a dépêché sur place un F-16 de l’armée de l’air portugaise actuellement déployé dans les pays baltes.

Immédiatement après l’incident, la Russie a émis le 14 mai une zone d’interdiction maritime dans l’est du golfe de Finlande, depuis l’île de Gogland, dans les eaux territoriales russes, jusqu’au sud, en bordure des eaux territoriales estoniennes. Cette mesure est valable du 13 mai au 1er septembre 2025.

Il s’agirait d’une étape préparatoire qui, en cas de confrontation à venir, pourrait servir de base juridique pour justifier des représailles russes dans le golfe de Finlande.
Par exemple, il est concevable que, dans le cadre d’un futur incident d’interdiction à la navigation, un bâtiment occidental puisse pénétrer involontairement dans ces zones interdites provoquant le déclenchement de tirs. L’article 5 de l’OTAN ne pourra théoriquement alors jouer car Moscou prétendra être dans son droit d’autodéfense.

Plus récemment, le pétrolier Sirtaki immatriculé aux Îles Marshall, a quitté la région de Kaliningrad le 17 mai 2025 avec pour destination Saint-Pétersbourg.
Le remorqueur de sauvetage russe de classe Pr.02980 « Aleksandr Frolov » de la flotte de la Baltique a quitté son port d’attache de Baltiisk dans la matinée du 17 mai pour retrouver le Sirtaki au nord-ouest du cap Taran en milieu d’après-midi.
Il est vraisemblable que le Alexsandr Frolov a assuré l’escorte officielle du pétrolier Sirtaki pour dissuader toute nouvelle tentative d’interception par la marine des pays baltes.

Les deux navires sont entrés dans le golfe de Finlande dans l’après-midi du 18 mai 2025 et ont poursuivi de conserve leur route vers l’est. Le pétrolier Sirtaki s’est mis au mouillage au nord de l’île de Mohni vers 21h00 UTC, probablement en attente de charger une cargaison.
Le remorqueur Frolov a poursuivi sa route vers l’est et serait arrivé dans la région de Khronstadt dans la matinée du 19 mai.
Première mesure de riposte russe

Le 17 mai, les autorités russes ont intercepté le pétrolier Green Admire au départ du port estonien de Sillamäe, marquant le premier cas connu d’une telle action. Ce pétrolier exploité par la compagnie grecque Aegean Shipping battant pavillon libérien, faisait route vers Rotterdam avec une cargaison de pétrole de schiste.
L’incident s’est produit dans les eaux territoriales russes, mais sur un itinéraire convenu conjointement par l’Estonie, la Russie et la Finlande pour des raisons de sécurité destinées à éviter les conditions de navigation plus complexes des eaux côtières estoniennes.
L’Estonie a désormais donné instruction à tous les pétroliers en provenance ou à destination de Sillamäe de rester strictement dans ses eaux territoriales.
Si le motif exact de l’interception du Green Admire reste imprécis, les responsables estoniens l’interprètent comme la continuation des récentes tactiques russes visant à exercer une pression dans la région de la mer Baltique.
Le navire n’aurait enfreint aucune réglementation internationale au moment de son arraisonnement. Il s’agissait à l’évidence d’« avertissement » et le navire a été relâché le 20 mai.