Des medias turcs ont révélé le 6 mai 2025 que la veille des explosions meurtrières de bipers et talkies-walkies survenues les 17 et 18 septembre 2024 ciblant des membres du Hezbollah au Liban, les Service national de renseignement turc (le MIT) avait eu vent de l’envoi vers le Liban de matériels piégés. Une vaste opération d’inspection avait alors été lancée sur différents sites de transit aéroportuaires, portuaires et routiers.
La cargaison d’un vol arrivé à Istanbul le 16 septembre 2024 à bord d’un vol cargo ayant transité par Hong Kong, en provenance directe de Taiwan avait particulièrement attiré l’attention. Le manifeste de transport indiquait un lot de « robots culinaires » répartis sur quatre palettes.
Au total, 61 boîtes pesant environ 850 kilos avaient alors été déchargées pour inspection.
Les forces de sécurité épaulées par des démineurs ont ouvert les colis qui ont révélé la présence de 1.300 bipers (pagers) majoritairement de marque « Gold Apollo », une entreprise basée à Taïwan. Les autorités ont également découvert, des batteries de différentes tailles, des chargeurs, des câbles, 44 mini-mixers portatifs, des caméras et divers composants électroniques.

La présence de ces éléments dans un envoi qualifié d’« électroménager courant » a immédiatement déclenché une alerte sécuritaire de haut niveau.
Selon les analyses effectuées dans un laboratoire turc, certains des bipers contenaient une substance explosive dissimulée à l’intérieur des batteries. Les enquêteurs ont identifié une poudre blanche de trois grammes environ, une quantité suffisante pour provoquer des blessures graves en cas de déclenchement ciblé.
Des résidus hautement inflammables ont aussi été découverts dans les chargeurs associés à ces appareils.
Les bipers ont été identifiés comme appartenant à Gold Apollo, une entreprise d’électronique taïwanaise. Bien qu’elle ait nié toute implication, elle a reconnu que sa marque avait concédé une licence de production à BAC Consulting KFT, une société hongroise identifiée plus tard dans les médias comme une façade du Mossad.
Les colis étaient destinés à une société basée à Istanbul dont le représentant a été interrogé par les services de sécurité. Selon ses déclarations, son entreprise ne fait que des prestations de conseil en douane et n’intervient ni dans le transport, ni dans l’import-export.
Les autorités turques n’ont pas communiqué de poursuites pénales lancées à l’encontre de cette entreprise mais ont procédé à la destruction des matériels saisis.
L’itinéraire choisi (Taïwan – Hong Kong – Istanbul – Liban) est un circuit courant dans la logistique de fret électronique.
L’opération israélienne « Grim Beeper »

Pour mémoire, Israël lors de l’opération homo baptisée « Grim Beeper » avait fait exploser à distance des bipers piégés dans plusieurs zones contrôlées par le Hezbollah au Liban, tuant 42 personnes et en blessant 3.500 autres(1). Les experts interrogés ont précisé que les batteries alors utilisées avaient une capacité énergétique inférieure à la normale (2,22 Wh au lieu de 8,75 Wh pour une batterie de 35 grammes) ce qui signifiait que l’espace intérieur avait été partiellement occupé par un explosif.
Les blessures infligées comprenaient des amputations de doigts ou de mains, des traumatismes oculaires, des éclats dans le cerveau, des brûlures internes causées par l’explosion directe des appareils portés sur le corps…

Cette opération avait été qualifiée par le chef du Mossad, David Barnea, comme une action clandestine les plus sophistiquée technologiquement de ces dernières années. Trois des opérateurs ont été présentés masqués et grimé sur X en 2025.

Humour (noir) israélien
Dans un geste symbolique suite aux explosions de 2024, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a offert au président américain Donald Trump un biper doré lors de sa visite à Washington en février 2025.

1. Voir : « a/s bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah libanais piégés » du 19 septembre 2024