La coopération Russie-Corée du Nord est maintenant générale(1). Mais il convient de se poser la question : qui en est le plus bénéficiaire ?

L’information comme quoi des militaires nord-coréens ont été engagés aux côtés de l’armée russe dans la province de Koursk en 2014 a été officialisée par Moscou et Pyongyang. D’ailleurs, les autorités ukrainiennes avaient déjà présenté des prisonniers nord-coréens au début 2025(2).

Mais ces forces mal équipées, ne connaissant pas le terrain et surtout non aguerries, auraient eu de piètres performantes. Ainsi, selon Kiev, les 3 et 4 janvier, les forces de défense ukrainiennes auraient anéanti un bataillon entier de soldats nord-coréens et russes à Makhnovka, un village de la région de Koursk.
Au total, les services de renseignement sud-coréens estiment à 600 le nombre de tués nord-coréens (sur un effectif total estimé à 10.000.)

Les munitions d’artillerie, les roquettes et les missiles importés de Corée du Nord ont proliféré en grandes quantités dans les défenses russes surpassant les fournitures de l’Union européenne. Mais leur mauvaise qualité s’est traduite par de nombreux incidents et une faible précision(3). Toutefois, sans ces fournitures en masse, la machine de guerre russe aurait été affaiblie.

La Corée du Nord vise plusieurs objectifs stratégiques et tactiques à ce contrat « donnant-donnant.»
D’abord, la Russie envoie du pétrole de Vostochny, un port situé à l’est de Vladivostok, à la ville nord-coréenne de Chongjin.

Ensuite, au-delà du pétrole, l’aide la plus importante à la Corée du Nord est technologique. La Russie lui a envoyé des systèmes de défense aérienne.
Mais la Russie contribuerait aussi à l’amélioration des forces balistiques et nucléaires nord-coréennes qui restent pour l’instant relativement limitées.
Par exemple, Pyongyang souhaiterait améliorer sa technologie dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux.
Bien que les soldats nord-coréens impliqués dans la guerre russo-ukrainienne n’aient pas été très efficaces, ils acquièrent progressivement une expérience du combat de haute intensité et apprennent, beaucoup dans le domaine de la lutte contre les drones.

Nouveau destroyer construit avec l’aide de la Russie

Pyongyang a dévoilé le 26 avril un destroyer de 5.000 tonnes, le Choe Hyon, qui, selon certains analystes, pourrait être équipé de missiles nucléaires tactiques à courte portée.

Le porte-parole du Comité des chefs d’état-major interarmées sud-coréen, Lee Sung-jun, a déclaré aux journalistes que la Russie pourrait avoir aidé Pyongyang pour la construction de ce nouveau navire de guerre : « au vu des armes et des équipements dévoilés, nous pensons qu’il est possible qu’ils aient reçu des technologies, des fonds ou une aide de la Russie. »

Selon l’Agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA), le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a supervisé fin avril la première journée d’essais en mer d’armes du navire.
Au cours de cette visite, il a ordonné aux responsables d’« accélérer l’armement nucléaire de la marine. »
Lors de l’essai, il a déclaré que le système de puissance de feu embarqué était « efficacement combiné » avec les « moyens de frappe les plus puissants, notamment des missiles de croisière supersoniques, des missiles de croisière stratégiques et des missiles balistiques tactiques. »

Par contre, selon l’état-major sud-coréen : « dans le cas des navires de guerre, leur construction prend plusieurs années et, même après leur achèvement, il faut encore du temps pour qu’ils deviennent opérationnels […] Ainsi, bien que le Choe Hyon ait été présenté, il semble probable que son déploiement [opérationnel] nécessitera beaucoup plus de temps.».

Projets futurs

Le 30 avril, la Russie et la Corée du Nord ont annoncé la construction de leur premier pont routier reliant les deux pays, présentant ce projet comme un symbole du renforcement des liens entre les deux nations.
Il existe déjà à proximité un pont pour voie ferrée.

Il semble donc que la Russie reçoit des munitions et armements en nombre mais ces derniers présentent de nombreux défauts qui les rendent moyennement performant même s’ils sont utiles sur le champ de bataille. Les renforts en hommes ont participé à la reconquête de la province de Koursk mais n’ont vraisemblablement pas été le facteur déterminant.
La Corée du Nord reçoit une aide logistique, en particulier du pétrole (et sans doute plus dans le domaine des biens de première nécessité) et surtout technologique. Cela risque de booster son industrie de défense de pointe ce qui ne peut qu’inquiéter les pays de la région au premier rang desquels se trouve la Corée du Sud puis les États-Unis.

1. Voir : « Russie : deux obusiers nord-coréens photographiés » du 18 Novembre 2024.

2. Voir : « Deux Nord-Coréens capturés par l’Ukraine » du 13 janvier 2025.

3. Voir : « La Corée du Nord envoie des militaires en Russie ? » du 17 octobre 2024.