Selon différentes sources médiatiques, un nombre - non connu - de militaires nord-coréens seraient arrivés en Russie et auraient été stationnés dans une des bases militaires près d'Oussouriïsk au nord de Vladivostok dans l’extrême-est de la Fédération de Russie.

Kiev a repris l’information à son compte précisant qu’une unité de soldats nord-coréens se préparerait dans la région d’Oulan-Oudé (capitale de la république de Bouriatie en Transbaïkalie, une région de Sibérie près de la frontière mongole à) être déployée dans la province de Koursk où les forces ukrainiennes ont lancé une incursion en août.

Valeriy Ryabykh, le rédacteur en chef de la publication ukrainienne Defence Express a déclaré : « Ils pourraient garder certaines sections de la frontière russo-ukrainienne, ce qui libèrerait ainsi des unités russes pour aller combattre ailleurs » tout en précisant : « je voudrais exclure la possibilité que ces unités apparaissent immédiatement sur la ligne de front».

Contexte

Le 14 octobre 2024, le président russe Vladimir Poutine a soumis la Douma russe un projet de loi sur la ratification du « partenariat stratégique » conclu entre la Russie et la Corée du Nord le 19 juin 2024.

Selon l’Agence centrale de communications de Corée du Nord, les parties ont accepté de se fournir mutuellement une assistance « militaire et autre » si l’une d’entre elles était attaquée.

En clair, cela constitue la création d’une alliance militaire.

Le 13 octobre, le Président Volodymyr Zelensky a déclaré que cet accord parle non seulement de l’approvisionnement en armes utilisées contre l’Ukraine, mais aussi du « transfert de personnels » vers la Russie. Il a ajouté le lendemain que la Corée du Nord était « réellement impliquée » dans la guerre contre l’Ukraine.

Le 19 juin 2024, le président Vladimir Poutine s’était rendu en Corée du Nord, une  première visite après 24 ans de pouvoir.

C’est lors de ce voyage que Poutine et Kim Jong-un avaient signé l’accord de partenariat stratégique présenté à la Douma.Kim Jong-un avait souligné qu’il prévoyait notamment le développement de la coopération dans les domaines de l’économie, de la politique et des affaires militaires.

Propagande

Selon Kiev qui reprend l’information au vol : « des milliers de soldats nord-coréens seraient déjà en train d’être formés pour aider la Russie à compenser ses pertes croissantes ».

Un « bataillon bouriate » (en référence à la république de Bouriatie citée plus avant) composé de 3.000 personnels nord-coréens aurait été mis sur pied au sein de la 11ème brigade d’assaut par air de la Garde. Dans un premier temps, cette unité pourrait être déployée dans le saillant de Koursk.

Mais 18 de ses membres auraient déserté. À noter que si ces déserteurs sont récupérés par les Ukrainiens, la presse devrait en être informée rapidement, mais les preuves manquent pour le moment.

Pour Kiev, des Nord-Coréens pourraient également se retrouver dans l’avenir à se battre sur le sol ukrainien. D’ailleurs, « des officiers nord-coréens seraient déjà sur le terrain en Ukraine occupée par la Russie pour observer les opérations des forces russes et étudier la complexité des champs de bataille ».

Par contre, Kiev reconnait ne pas avoir détecté d’unités nord-coréennes.

Il a aussi été rapporté que Pyongyang devait envoyer des unités du génie dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie pour préparer des travaux de reconstruction.

Il a été avancé que des spécialistes opèrent « dans des équipes qui soutiennent les systèmes de lancement de missiles balistiques à courte portée KN-23 » livrés à la Russie.

La moitié de ces missiles, également connus sous le nom de Hwasong-11, se seraient montrés défectueux (d’ailleurs comme de nombreuses munitions d’artillerie bien trop anciennes – les date de péremption existent aussi pour les munitions -).

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rejeté ces allégations les qualifiant de «canular».

Que peut apporter le pacte russo-nord-coréen ?

Un pacte d’aide mutuelle pourrait être très attrayant pour les deux parties.

Il profite à la Corée du Nord car ce pays à court de financements peut recevoir une assistance économique et militaire de Russie en fournissant en retour sa plus grande ressource disponible : du personnel et des munitions.

Elle pourrait également acquérir une expérience de combat réelle sur un champ de bataille relativement moderne, ce que ses troupes actuelles n’ont jamais connu, la guerre de Corée s’étant terminée en 1953. La Corée du Nord a tout de même une petite expérience de l’étranger car, même si après la Guerre froide, ses interventions se sont taries, des formations extérieures ont continué en particulier auprès du Hezbollah et en Syrie.

Mais les problèmes sont nombreux

La Corée du Nord peut aligner environ 1,28 million de militaires en service actif mais son armée n’a aucune expérience récente d’opérations de combat contrairement à l’armée russe.

Les armées de Pyongyang sont toujours basées sur l’ancien modèle soviétique et cela poserait de grands problèmes d’intégration dans un dispositif global.

Et surtout, il y a la barrière de la langue, seuls 1% des Nord-Coréens parlant russe.

Si un nombre relativement faible de troupes d’autres pays aident les deux camps dans ce conflit, il n’y a pas eu de mobilisation à grande échelle de forces étrangères pour l’un ou l’autre des deux camps. L’envoi par la Corée du Nord de milliers de soldats pour aider la Russie constituerait un changement majeur dans ce statu quo, même si l’ampleur de l’effet que cela pourrait avoir est extrêmement incertain.

En clair, en dehors de quelques techniciens, il est difficile de croire à un déploiement en masse de militaires nord-coréens en Russie et encore moins sur le théâtre ukrainien. Mais cette rumeur sert fort à propos la propagande de Kiev.

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Texte

Alain Rodier